L’avenir de l’Eglise, le pape François le voit tel qu’il a « essayé » de l’indiquer dans sa première exhortation apostolique, Evangelii gaudium, c’est-à-dire « une Eglise en pèlerinage ». C’est ce qu’a expliqué le pape argentin, le 6 février 2022, lors d’une interview pour la chaîne de la télévision publique italienne Rai Tre. L’émission avait été enregistrée au Vatican quelques heures plus tôt.
Au cours de l’émission télévisée « Che tempo che fa », dont il était l’invité, le pape François a dialogué avec le présentateur Fabio Fazio sur différents thèmes d’actualité ou plus personnels. Il a, entre autres, été interrogé sur la façon dont il voyait l’avenir du monde et de l’Eglise.
Le pape a d’abord répondu que sa première exhortation apostolique, Evangelii gaudium s’était inspirée de l’exhortation apostolique de Paul VI, Evangelium nuntiandi, s’inscrivant ainsi dans la droite ligne tracée par le Concile Vatican II, et par la Conférence d’Aparecida, déclarant que son exhortation n’en était qu’un « plagiat ». « J’ai seulement essayé d’indiquer le chemin de l’Eglise vers l’avenir : une Eglise en pèlerinage », a-t-il expliqué.
Il a de nouveau dénoncé « la mondanité spirituelle » comme « le plus grand mal de l’Église » et la racine du « cléricalisme, qui est une perversion de l’Eglise ». Le cléricalisme, a-t-il insisté, « pousse à des positions rigides, idéologiquement rigides » qui « prennent la place de l’Evangile ». Et de rappeler les antidotes à deux attitudes pastorales erronées : contre le pélagianisme, « la miséricorde de Dieu et la puissance de l’Esprit-Saint » ; et contre le gnosticisme, « la chair du Christ » sans laquelle « il n’y a pas de rédemption possible ». C’est dans le « scandale de la croix, du Verbe fait chair, que réside l’avenir de l’Église », a affirmé le pape François.
Quant à l’avenir du monde, le pape apprécie que de nombreux chefs d’Etat partagent ses préoccupations et ses recommandations, exposées dans Fratelli tutti, de mettre l’homme au centre des choix économiques. Mais il déplore « l’impuissance politique », « ces conditionnements politiques et sociaux, avec la politique mondiale » qui « freinent les bonnes intentions » des gouvernants et la pression culturelle qui les empêche d’être libres.
Enfin, au journaliste qui évoquait la prière du pape en temps de pandémie, sur la Place Saint-Pierre déserte, celui-ci a répondu que prier, « c’est regarder nos limites, nos besoins, nos péchés… Prier, c’est entrer avec force, au-delà des limites, au-delà de l’horizon, et pour nous chrétiens, prier, c’est rencontrer ‘papa’ ». « L’enfant n’attend pas la réponse de son papa, quand celui-ci commence à répondre, il passe à une autre question. Ce que l’enfant veut, c’est que le regard de son père soit sur lui. Peu importe l’explication ; ce qui compte, c’est que papa le regarde, et cela lui donne une sécurité ».