« Avec le désir de comprendre que les Béatitudes tracent le chemin chrétien vers le bonheur. En fin de compte, elles peuvent se résumer à se confier totalement à l’amour de Dieu et à aimer à nouveau Dieu et notre prochain. »
La Loi de la joie : les Béatitudes
VI ème Dimanche du temps ordinaire – Année C – 13 février 2022
Introduction
Dans l’Evangile d’aujourd’hui Jésus, le nouveau Moïse, prend place sur la « chaire de la montagne » et proclame « bienheureux » les pauvres en esprit, les affligés, les miséricordieux, ceux qui ont le cœur pur, les persécutés ont soif de justice. Il ne s’agit pas d’une nouvelle idéologie, mais d’un enseignement qui vient d’en haut et touche à la condition humaine, celle-là même que le Seigneur, en s’incarnant, a voulu assumer pour la sauver. Par conséquent, le Sermon sur la Montagne s’adresse au monde entier, dans le présent et dans l’avenir et ne peut être compris et vécu qu’en suivant Jésus, en marchant avec lui. Les Béatitudes sont un nouveau programme de vie, pour se libérer des fausses valeurs du monde et s’ouvrir aux vrais biens, présents et futurs. Quand, en effet, Dieu console, satisfait la soif de justice, sèche les larmes des affligés, cela signifie qu’en plus de récompenser chacun d’une manière sensible, il ouvre le Royaume des Cieux. Les Béatitudes sont la transposition de la croix et de la résurrection dans l’existence des disciples. Ils reflètent la vie du Fils de Dieu qui se laisse persécuter, mépriser jusqu’à la mort, pour que les hommes reçoivent le salut.
Méditons les paroles que Jésus nous dit aujourd’hui : « Bienheureux, vous les pauvres : le royaume de Dieu est à vous ! Bienheureux, vous qui avez faim maintenant : vous serez rassasiés ! Bienheureux, vous qui pleurez maintenant : vous rirez ! Bienheureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous repoussent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, soyez Bienheureux et sautez de joie, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
« Mais malheureux, vous les riches : vous avez votre consolation ! Malheureux, vous qui êtes repus maintenant : vous aurez faim ! Malheureux, vous qui riez maintenant : vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Malheureux êtes-vous quand tous les hommes disent du bien de vous : c’est ainsi que leurs pères traitaient les faux prophètes » (Lc 6, 20-26).
En écoutant ces paroles, nous permettons au Christ de toucher notre esprit et notre cœur et de nous guérir complètement, des racines de notre mal. En réalité Jésus est venu apporter l’amour et la vie, vainqueur de l’égoïsme et de la mort. L’égoïste cherche la richesse et prend tout, afin de dominer les autres et être supérieur à tous. Qui aime donne tout, jusqu’à se donner soi-même, sert les autres avec humilité, et est béni, bienheureux sur la terre et pour l’éternité.
1) Les béatitudes selon Luc
Le verset initial de l’Evangile de ce jour (Lc 6,17) est très solennel et précis : après avoir prié toute la nuit et avoir ensuite choisi ses douze apôtres, le Rédempteur descendit de la montagne dans une plaine et prononça son discours entouré des disciples et de la foule. Une foule venue de partout, jusqu’aux contrées païennes de Tyr et Sidon. La comparaison avec les béatitudes de Matthieu (5,3-12) nous permet de remarquer quelques particularités propres à la narration de Luc, dont la manière de raconter est plus personnelle que celle de Matthieu, et implique directement celui qui écoute (« Bienheureux vous les pauvres »). En outre Luc parle des pauvres, de ceux qui pleurent, des affamés, sans préciser – comme le fait par contre Mathieu – qu’ils sont pauvres en esprit, affamés de justice. A la fin Luc liste trois « malheurs », qui donnent au discours un ton bien plus drastique et radical (6,24-26).
Les prophètes ont décrit le temps messianique comme le temps pendant lequel on prendrait soin des pauvres, des affamés, des persécutés. Jésus proclame que ce temps est arrivé. Pour les prophètes les béatitudes étaient au futur, une espérance : « viendra un temps où les pauvres seront bienheureux ». Pour Jésus c’est le présent : aujourd’hui les pauvres sont bienheureux. Il y a une seule raison, fondamentale : le Messie, le Roi des rois et son Règne est arrivé. C’est à la lumière du Règne arrivé – un Règne qui renverse les valeurs communes – que se justifie le paradoxe de ces paroles de Jésus.
Pendant que Matthieu énumère huit béatitudes, Luc en propose trois qui nous concernent : les pauvres, ceux qui pleurent, les affamés, les persécutés. Partant de la même source Mathieu et Luc nous proposent des textes différents, parce que en fait les évangélistes ne sont pas de simples chroniqueurs, uniquement intéressés à transmettre des faits et des paroles, mais ils sont des témoins. Les paroles de Jésus sont un ferment de vie : l’Eglise primitive les transmet seulement baignées dans son propre contexte (cf. J. Dupont).
Dans la manière de penser et de vivre de Luc, « pauvre » ne veut pas dire simplement celui qui est privé de biens, mais indique la situation du mendiant mis de côté, pauvre à côté des gens riches, dont on se moque : ceux qui pleurent et les affamés sont substantiellement une répétition des pauvres. Plus qu’à des vertus (à l’inverse de Matthieu), Luc semble faire référence à des situations de fait, c’est-à-dire à la multitude des pauvres qui n’ont pas cherché leur pauvreté et qui, par contre, sont appelés à la vivre. La quatrième béatitude (les persécutés) est celle du disciple, de celui qui a choisi de suivre Jésus, se trouvant engagé dans son destin de persécution. Ces explications synthétiques font émerger un jugement sévère sur le monde riche : un jugement qui se renforce si on lit les quatre malheurs : « Malheur à vous les riches, malheur à vous qui êtes repus, malheur à vous qui maintenant riez, malheur à vous qui êtes maintenant applaudis ».
Le Christ nous présente un autre critère de valeurs avec les Béatitudes et les « malheurs ». L’échelle des valeurs qu’Il propose est le principe de l’amour, du don, de la solidarité, de la vie, la valeur d’être enfant de Dieu et d’être frère. Cette échelle est le contraire de l’échelle de valeurs que le monde est en train de suivre avec la violence, la guerre, le meurtre, la mort, le meurtre de la valeur d’être enfant de Dieu, d’être frères et de l’extermination des biens de la terre (et pas seulement des êtres humains)
2) « Bienheureux les pauvres, parce que le règne de Dieu est à vous »
Si nous suivons la logique non chrétienne, nous disons : « Bienheureux les riches, bienheureux les repus, bienheureux les profiteurs et bienheureux ceux qui sont honorés, ceux qui sont célèbres. Celui qui dit le contraire est considéré comme un fou ou comme un homme qui veut plaisanter.
Voyons ce que cela veut dire « bienheureux », chrétiennement parlant. « Bienheureux » veut dire : « je te félicite », « tu as gagné ». « Tu es dans le bon camp » : « Bienheureux es-tu » : est une forme de félicitation. Jésus félicite les pauvres ! L’Evangile de Luc en grec utilise la mot « pauvre ». Le pauvre serait le contraire du riche. Le riche est celui qui a beaucoup, idéalement sans fatigue. Le pauvre est celui qui a peu, avec beaucoup de fatigue. Le mot utilisé dans le grec par Luc est « ptochoi » (= piteux) : Celui qui est « piteux » est celui qui est « hyper-misérable » et qui a aussi beaucoup de peine. En conséquence, il vit de l’aumône, de dons, et de dépendance. Jésus dit les raisons pour lesquelles ces pauvres sont bienheureux : non pas parce qu’ils sont pauvres, mais parce que « le Règne de Dieu est à vous ».
Cette béatitude est au présent : le règne de Dieu est déjà « à vous ». Qu’est-ce que cela veut dire que le règne de Dieu est celui du piteux, et du pauvre ? le règne de Dieu est Dieu lui-même qui règne sur la terre.
Nous, nous voyons que sur la terre, ce sont les riches qui règnent et dominent les autres. Mais Dieu règne d’une autre manière. Dieu règne en servant parce qu’Il est amour. L’amour donne tout jusqu’à se donner soi-même. Dieu est extrêmement pauvre parce qu’il aime, donne tout, jusqu’à se donner Lui-même.
Dieu-même est don, et le péché est vouloir posséder le don à notre arbitre, et nous le détruisons de cette façon. Le don a beaucoup de signification parce qu’il est relation avec celui qui donne et, alors, nous ne tombons pas dans l’idolâtrie des choses.
Si nous vivons du don, en le partageant, il reste toujours un don et se revivifie. Par contre, si nous prenons possession avec avidité du don, à la fin, nous nions la vie-même qui est don. La vie est don, toutes les choses fondamentales sont don. Nous sommes appelés à vivre de dons, comme les pauvres.
L’accumulation met le bonheur dans les choses, et celui qui accumule fait croire que notre vie consiste dans des choses que l’on doit à garder étroitement. On devient esclave des choses. Nous immolons la vie aux choses, les pauvres meurent de faim, les riches meurent de stress. La vie n’est pas cela.
Le désir des choses nous divise les uns des autres et nous détruit. A cause de cela, la pauvreté – comme le rappelle souvent et heureusement le Pape François – est la chose la plus sublime qui soit à apprendre aujourd’hui pour le salut du monde. Autrement, le monde est perdu parce que nous nous détruisons à la fin si nous voulons tous nous posséder. L’important est de comprendre la beauté de cette pauvreté parce que toute vraie relation est pauvre et parce que ce n’est pas une domination sur l’autre et parce que l’autre n’est pas une de nos possessions. Nous recevons l’autre gratuitement, sinon quelle relation est-ce ? Les enfants sont aimés gratuitement, et le mari et la femme s’aiment vraiment quand ils s’aiment gratuitement : l’un est un don pour l’autre et tous les deux sont un don de Dieu.
Les Vierges consacrées sont appelées d’une manière particulière à vivre et témoigner de cette vie de don : avec le don total d’elles-mêmes au Christ Epoux, elles deviennent l’image concrète de l’Eglise Epouse. Ces femmes consacrées sont appelées à vivre comme la Vierge Marie : tendre et humble, pauvre de choses et riche d’amour. En se consacrant, les vierges consacrées nous reflètent la nature de l’Eglise, animée par la charité tant dans la contemplation que dans l’action ; disciples et missionnaires ; tendue vers l’accomplissement eschatologique et en même temps artisanes des joies, des espérances, des tristesses et des angoisses des hommes du temps présent surtout des plus fragiles et pauvres ; immergée dans le mystère de la transcendance divine et incarnée dans l’histoire des peuples » (Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Société de Vie apostolique, Instruction sur l’Ordo Virginum, Ecclesiae Sponsae Imago, n. 20).
Lecture patristique
Bède le Vénérable
In Luc, 2, 24 ss
Les “malheur à vous” de Luc
« Malheur à vous riches, parce que vous avez déjà votre récompense » (Lc 6,24). En quoi consiste cela « Malheur à vous riches » cela se comprend mieux quand on dit que le règne des cieux est celui des pauvres. En fait de ce règne on sépare ceux qui ont tous leurs plaisirs dans ce monde et ….. la sentence du juste jugement : « rappelez-vous, mes enfants, que vous avez eu des biens dans votre vie » (Lc 16,25). Ou cependant il est à noter que l’incrimination n’est pas adressée tellement sur la richesse que sur l’amour de la richesse. En fait tous ceux qui ont des richesses, mais, comme le dit le Qoèlet : « Celui qui aime la richesse n’en aura pas les avantages » (Qo 5,9), parce que celui-ci ne sait pas détacher l’âme des biens temporels et ne sait pas en faire part aux pauvres, pour le moment, oui, il jouit de leur utilisation, mais restera privé du fruit qu’il aurait pu acquérir pour toujours, s’il les avait donnés. Lisons aussi plus loin : « Bienheureux le riche qui a été trouvé sans tache, qui n’a pas couru après l’or et n’a pas reposé ses espérances dans l’argent et dans le trésor » (Si 31,8).
« Malheur à vous qui êtes repus, parce que nous aurez faim » (Lc 6,25).
Il était rassasié ce riche, vêtu de pourpre, qui faisait tous les jours de splendides banquets, mais qui était dans le grand malheur, quand, affamé, il devait demander que du doigt du laissé pour compte Lazare lui fasse tomber une goute sur la bouche. D’autre part, si il sont bienheureux ceux qui ont toujours faim des œuvres de justice par contre il faut que ceux qui, au contraire, suivent leurs désirs, soient malheureux, ne ressentent aucune faim de vrais et solides biens et se considèrent assez heureux, si pour le moment ils ne sont pas privés de leurs plaisirs.
« Malheur à vous qui riez, parce que vous serez tristes et pleurerez » (Lc 6,25). Salomon dit «Dans le rire même, le cœur trouve la peine, et la joie s’achève en chagrin » (Pr 14,13). Et encore : « Le cœur des sages est celui où il y a la tristesse et le cœur des insensés est celui où il y a la joie » (Qo 7,4-5) ; celui-ci veut enseigner que l’insensé doit être attribué à ceux qui rient et la prudence à ceux qui pleurent.
« Malheur à vous quand tous les hommes disent du bien de vous » (Lc 6,26). C’est ce que le Psalmiste déplore, « Parce que le pêcheur est loué pour ses désirs et le malveillant est béni » (Ps 9,24). A cette personne qui ne se donne aucune peine que ses délits ne soient pas repris et qu’il ne soit pas loué, comme s’il avait bien fait.
« Les pères de ces personnes ont traités de la même manière les prophètes » (Lc 6,26). Mais qui comprend les pseudo prophètes, lesquels dans l’Ecriture Sainte sont appelés aussi prophètes, parce que, pour s’accaparer la faveur du peuple, ils s’efforcent de prédire le futur. C’est pour cette raison qu’Ezéchiel dit : « Malheur aux prophètes insensés, Qui suivent leur propre esprit et qui ne voient rien ; tes prophètes, Israël, étaient comme des loups dans le désert » « Ez 13,3). C’est pour cela que le Seigneur sur la montagne décrit seulement les Béatitudes des bons, par contre dans la campagne il annonce aussi les mésaventures des malveillants ; parce que les personnes plus dures ont besoin de menaces et de terreur pour être poussée vers le bien, au contraire les parfaits il suffit de les inviter avec la promesse d’une reconnaissance.
Basile de Césarée
Adversus divites, 5
La cupidité de richesses est insatiable
Tu te réclame toi-même pauvre, et je ne suis pas d’accord. En fait le pauvre, c’est celui qui a besoin de beaucoup de choses. En effet, il n’y a rien d’autre que la cupidité pour vous rendre ainsi. Aux dix talents tu cherches à en ajouter dix autres ; devenus vingt, tu en veux encore autant et ce que tu amasses, loin de calmer ton appétit, il le stimule encore plus. En fait, c’est comme les soulographes, de continuer à boire du vin constitue un stimulant pour boire, également les personnes qui s’enrichissent, après avoir amassé des richesses, ils en désirent ardemment d’autres encore, de telle manière, qu’en continuant toujours à se nourrir, aggravent leur dépendance et leur désir obtient l’effet contraire à celui espéré. En fait les richesses matérielles, même quand elles sont abondantes, ne réjouissent pas tellement leurs détenteurs quand par contre les choses dont ils sont privés les attristent, c’est-à-dire, celles, dont ils pensent avoir besoin. Ainsi leur âme est constamment tourmentée par les préoccupations, à la suite de quoi ils se donnent de quoi faire pour recueillir toujours des biens plus grands.
Au lieu d’être heureux et de penser qu’ils sont mieux placés par rapport à beaucoup d’autres, ils sont abattus et tristes puisqu’ils sont mis dans l’ombre de celle-ci et de cet autre personne plus riche. Cependant, une fois que nous avons rejoint aussi cette dernière, tout de suite ils se donnent à faire pour devenir égal à une autre plus riche encore, sauf qu’ensuite, égalée celle-là, ils visent sur une autre leur cupidité. Comme ceux qui montent des escaliers, avec un pied toujours projeté vers une marche supérieure, ils ne trouvent pas la paix avant d’atteindre le sommet ; de même aussi ceux-ci ne cesseront pas d’aspirer à la puissance, jusqu’à ce que, parvenus au fait, ils ne se précipitent dans une longue chute.
Au bénéfice des hommes le Créateur de toutes les choses établit que l’oiseau séleucide soit insatiable ; toi, au contraire, c’est au détriment de tous ceux que ton âme a rendu insatiables. Tout ce que peut voir l’œil, l’avare le désire grandement. « L’œil ne se lassera pas de voir » (Qo 1,8), ni l’avare se satisfera de voler. L’enfer n’a jamais dit : Suffit ; l’avare non plus n’a jamais dit : Suffit (Pr 27,20 PR 30,16). Donc quand pourras-tu te servir des richesses présentes ? Quand pourras-tu en jouir, toi qui toujours te fatigues à t’en procurer encore ? « Malheur à ceux qui réunissent maison et maison et conjuguent champ et champ, prenant quelque chose au voisin » (Is 5,8). Et toi, que fais-tu ?
Minucius Félix
Octavius, 36, 3-7
Pour nous la pauvreté n’est pas une infamie, mais une gloire.
Nous sommes pour le moins considérés comme pauvres : ce n’est pas une infamie, mais une gloire. Le luxe abaisse l’âme, la frugalité l’affermie. Pour le reste, comment peut-il se dire pauvre celui qui n’a besoin de rien, qui ne désire pas les biens des autres, qui est riche en Dieu ? Est pauvre plutôt celui qui, même possédant beaucoup, désire encore plus. Je dirai vraiment ce que je ressens : personne ne peut être aussi pauvre qu’à sa naissance. Les oiseaux vivent sans patrimoine et tous les jours les animaux trouvent leur pitance : elles sont toutes des créatures nées pour nous, et, si nous ne les désirons pas, nous les possédons toutes. Donc, combien celui qui fait un voyage est bien plus fortuné et combien plus légère la charge qu’il porte, ainsi est bien plus heureux dans le voyage de cette vie celui qui allégé par la pauvreté, celui qui ne souffle pas sous le poids des richesses. Néanmoins, si nous retenions utiles les richesses, nous les demanderions à Dieu : il pourrait en concéder un peu, parce qu’il est le maitre de tout. Mais nous nous préférons gâcher les biens, au lieu de les conserver ; convoitons plutôt l’innocence, demandons plutôt la patience ; préférons être bons que prodigues.