Mgr Aldo Cavalli © gozo.news

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Medjugorje: Mgr Cavalli nommé « Visiteur apostolique à caractère spécial »

Le nonce aux Pays-Bas et l’affaire d’Amsterdam

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Le pape François a nommé comme « Visiteur apostolique à caractère spécial » pour la paroisse Saint-Jacques de Medjugorje (Bosnie-Ferzégovine), pour une durée indéterminée, Mgr Aldo Cavalli, 75 ans, nonce apostolique aux Pays-Bas depuis 2015, ancien nonce en Colombie et à Malte.

Une décision qui survient quelques mois après le décès du « visiteur apostolique » à Medjugorje, Mgr Henryk Hoser (1942-13 août 2021), dont la mission était pastorale, et elle manifeste la sollicitude du pape pour les pèlerins de Medjugorje.

Il est intéressant de comprendre toutes les nuances de la position de Rome dans l’affaire d’Amsterdam pour comprendre que la position de Rome sur Medjugorje est aussi toute en nuances.

Le pape a particulièrement confiance dans Mgr Cavalli qui a réussi à dénouer l’écheveau les controverses à propos d’apparitions présumées de la Vierge Marie à Amsterdam, sous le vocable de « Dame de tous les peuples »: Ida Peerdeman (1905-1996) disait avoir été favorisée de 56 apparitions entre 1945 et 1959, affirmant que la Vierge Marie réclamait la proclamation d’un « nouveau dogme: « co-redemptrice, médiatrice, avocate ».

Les deux avis de la Doctrine de la foi

Or, alors que Rome avait donné un verdict négatif en 1974, l’évêque Joseph Maria Punt avait cependant reconnu les apparitions en 2002.

Finalement, la Congrégation pour la doctrine de la foi a acté, en date du 20 juillet 2020, une «non-reconnaissance» des apparitions d’Amsterdam et elle a demandé aux catholiques de « ne pas promouvoir les apparitions et révélations présumées associées au titre marial de la Dame de toutes les nations ».

La décision de la Congrégation pour la Doctrine de la foi a été annoncée le 30 décembre 2020 par Mgr Johannes Hendriks, évêque de Haarlem-Amsterdam, qui a reconnu que les apparitions d’Amsterdam n’étaient pas réelles.

Image et prière autorisées, de façon privée

Si le Vatican insiste sur le fait que les « apparitions d’Amsterdam » n’ont pas de fondement surnaturel, néanmoins l’utilisation du terme « Dame de tous les Peuples », ainsi que la représentation de la Vierge Marie restent autorisées.

De même, la « prière à la Dame de tous les peuples », dans les termes validés par la congrégation de la doctrine de la foi en 2005 reste autorisée, pour un usage privé.

Mais le Vatican précise : « L’utilisation des images et de la prière ne peut en aucun cas être considérée comme une reconnaissance – même implicite – de la nature surnaturelle des événements en question. »

Ainsi, d’aucuns comprennent que le Vatican pourrait continuer à encourager les pèlerinages à Medjugorje mais sans que cela ne signifie une reconnaissance des apparitions, jamais actée par les évêques de Mostar ni par le Saint-Siège ni par la commission ad hoc confiée au cardinal Camillo Ruini par Benoît XVI et qui a remis son travail au pape François.

La mission de la Commission Ruini

Rappelons que le 17 mars 2010, face d’une part, aux tensions entre l’évêché de Mostar et les franciscains de la paroisse et, d’autre part, au besoin pastoral des pèlerins, de plus en plus nombreux, le pape Benoît XVI a confié l’examen des événements de Medjugorje à une commission internationale qui devait travailler en contact étroit avec la Congrégation pour la doctrine de la foi.

Mais en avril 1991, la conférence des évêques catholiques de Bosnie-Herzégovine avait conclu qu’ils ne constataient pas dans ces événements de phénomène «surnaturel». Ils avaient demandé que l’on n’organise pas de pèlerinages officiels (donc que l’on suspende son jugement), tout en recommandant aux prêtres d’accompagner les pèlerinages privés pour permettre aux pèlerins de bénéficier des sacrements.

Avec la création de cette commission, l’affaire passait de la juridiction de l’évêque local sous celle de la Congrégation romaine.

Au terme de quatre années de travail, François a parlé officiellement pour la première fois le 6 juin 2015, du rapport de la Commission, lors d’une conférence de presse sur le vol de retour de sa visite pastorale à Sarajevo: « Sur le problème de Medjugorje, le pape Benoît XVI, en son temps, avait fait une commission présidée par le cardinal Camillo Ruini; il y avait aussi d’autres cardinaux, théologiens et spécialistes. Il ont travaillé et le cardinal Ruini est venu me voir et m’a remis l’étude, après des années – plus ou moins 3-4 ans. Il ont fait un beau travail, un beau travail… Pour le moment on donne seulement quelques orientations aux évêques, ajustées aux grandes lignes qui seront adoptées. »

Les décisions précédentes du pape François

Le 31 mai 2018, le pape François nomme Mgr Henryk Hoser, archevêque émérite de Varsovie-Praga (Pologne), comme « visiteur apostolique à caractère spécial » pour la paroisse de Medjugorje, pour un temps indéterminé et à la disposition du Saint-Siège, avec une charge « exclusivement pastorale ».

Le pape constate dans un livre sur Marie à la fois un « manque de discernement » mais des « fruits spirituels authentiques » à Medjugorje.

Le 12 mai 2019, le pape autorise les pèlerinages, mais le Vatican rappelait alors que cette autorisation ne devait pas être « interprétée comme une authentification des événements connus, qui demandent encore un examen de la part de l’Eglise ».

Le pape reçoit Mgr Cavalli

Le 15 mai dernier, Mgr cavalli a été reçu en audience par le Pape François, rappelle Radio Vatican.

Mgr Cavalli est né à Muggianico di Lecco, en Lombardie, en 1946, dans une famille de boulangers, il a été ordonné prêtre à Bergame en 1971.

. Il a étudié à l’Académie pontificale ecclésiastique, entrant au service diplomatique du Saint-Siège en 1979.

Nommé nonce apostolique, il a été consacré évêque en 1996, en tant qu’archevêque titulaire de Vibo Valentia. I

Il a dirigé les nonciatures de São Tomé et Príncipe (1996), d’Angola (1997), du Chili (2001), de Colombie (2007), de Libye et de Malte (2013), des Pays-Bas (2015) et a également été représentant permanent auprès de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, à partir de 2015.

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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