Le pape François invite les baptisés à invoquer souvent l’Esprit Saint dans la journée, y compris par un simple: « Viens! »
Le pape a en effet achevé son cycle de catéchèses sur l’Epître de saint Paul aux Galates par cette 15e catéchèse sur la liberté et l’Esprit Saint.
« Cela nous fera du bien de prier souvent, a dit le pape : Viens, Esprit Saint. Et avec la présence de l’Esprit, nous sauvegardons la liberté. Nous serons libres, des chrétiens libres, non attachés au passé au sens négatif du terme, non liés à des pratiques, mais libres de la liberté chrétienne, celle qui nous fait mûrir. »
Il a ajouté: « Cette prière nous aidera à marcher dans l’Esprit, dans la liberté et dans la joie, car quand vient l’Esprit Saint, vient la joie, la vraie joie. »
Voici la traduction officielle de la catéchèse proposée par le pape en italien.
AB
Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 15
« Ne nous laissons pas prendre par la fatigue »
Chers frères et sœurs, bonjour !
Nous sommes parvenus à la fin de la catéchèse sur la Lettre aux Galates. Tant d’autres éléments contenus dans ce texte de Saint Paul auraient pu faire l’objet d’une réflexion ! La parole de Dieu est une source inépuisable. Dans cette Lettre, l’Apôtre Paul nous a parlé en évangélisateur, en théologien et en pasteur.
Le saint évêque Ignace d’Antioche a une belle expression lorsqu’il écrit : « Il y a un seul maître lequel parla et ce qu’il dit fut réalisé ; mais les choses qu’il a faites en silence sont dignes du Père. Qui possède la parole de Jésus peut aussi entendre son silence » (Ad Ephesios, 15, 1-2). Nous pouvons dire que l’apôtre Paul a su donner voix à ce silence de Dieu. Ses intuitions les plus originales nous aident à découvrir la nouveauté bouleversante dont recèle la révélation de Jésus-Christ.
Il a été un véritable théologien, qui a contemplé le mystère du Christ et l’a transmis par son intelligence créatrice. Et il a aussi été capable d’exercer sa mission pastorale auprès d’une communauté perdue et désorientée. Il l’a fait avec différentes méthodes : il a utilisé de temps en temps l’ironie, la rigueur, la douceur… Il a affirmé son autorité d’apôtre, mais en même temps il n’a pas caché les faiblesses de son caractère. La puissance de l’Esprit a vraiment creusé son cœur : la rencontre avec le Christ ressuscité a conquis et transformé toute sa vie, qu’il a entièrement consacrée au service de l’Évangile.
Paul n’a jamais pensé à un christianisme aux traits iréniques, manquant de mordant et d’énergie, au contraire. Il a défendu la liberté apportée par le Christ avec une passion qui nous touche encore aujourd’hui, surtout si l’on pense aux souffrances et à la solitude qu’il a dû endurer. Il était convaincu d’avoir reçu un appel auquel lui seul pouvait répondre ; et il a voulu expliquer aux Galates qu’eux aussi étaient appelés à cette liberté, qui les affranchissait de toute forme d’esclavage, parce qu’elle les rendait héritiers de l’ancienne promesse et enfants de Dieu dans le Christ. Et conscient des risques que comportait cette conception de la liberté, il n’en a jamais minimisé les conséquences. Il était conscient des risques que comporte la liberté chrétienne, mais il n’en a pas minimisé les conséquences.
Il a expliqué avec parrhésie, c’est-à-dire avec courage, aux croyants que la liberté n’équivaut pas en fait au libertinage et ne conduit pas à des formes d’autosuffisance présomptueuse. Au contraire, Paul a placé la liberté à l’ombre de l’amour et a établi son exercice cohérent dans le service de la charité. Toute cette vision s’inscrit dans l’horizon de la vie selon l’Esprit Saint, qui porte à son accomplissement la Loi donnée par Dieu à Israël et empêche de retomber sous l’esclavage du péché. La tentation est toujours de retourner en arrière.
Une définition des chrétiens, qui se trouve dans les Écritures, dit que nous, les chrétiens, ne sommes pas des gens qui vont en arrière, qui retournent en arrière. Une belle définition. Et la tentation est d’aller en arrière pour être plus sûr ; de revenir uniquement à la Loi, en négligeant la vie nouvelle de l’Esprit. C’est ce que Paul nous enseigne : la vraie Loi a sa plénitude dans cette vie de l’Esprit que Jésus nous a donné. Et cette vie de l’Esprit peut être vécue seulement dans la liberté, la liberté chrétienne. Et c’est l’une des choses plus belles.
Au terme de cet itinéraire catéchétique, il me semble que deux attitudes peuvent naître en nous. D’une part, l’enseignement de l’Apôtre suscite en nous enthousiasme ; nous nous sentons poussés à suivre immédiatement le chemin de la liberté, à « marcher selon l’Esprit ». Toujours marcher selon l’Esprit : ça nous rend libres. D’autre part, nous sommes conscients de nos limites, car nous faisons l’expérience chaque jour de la difficulté d’être docile à l’Esprit, de répondre à son action bénéfique. Alors peut s’installer la fatigue qui freine l’enthousiasme. Nous nous sentons découragés, faibles, parfois marginalisés par rapport au style de vie de la mentalité mondaine.
Saint Augustin nous suggère comment réagir dans cette situation, en se référant à l’épisode évangélique de la tempête sur le lac. Il dit ainsi : « La foi du Christ dans ton cœur est comme le Christ dans la barque. Tu entends des insultes, tu te fatigues, tu es contrarié, et Christ dors. Réveille le Christ, secoue ta foi ! Même dans la tourmente, tu es capable de faire quelque chose. Secoue ta foi. Le Christ se lève et te parle… Réveille donc le Christ… Croie ce qui a été dit, et il y aura un grand calme dans ton cœur » (Sermons 163/B 6). Dans les moments de difficulté, nous sommes comme – dit ici saint Augustin – dans la barque au moment de la tempête.
Et qu’ont-ils fait les Apôtres ? Ils ont réveillé le Christ qui dormait dans la tempête, mais Lui était présent. L’unique chose que nous pouvons faire dans les mauvais moments est de « réveiller » le Christ qui est en nous, mais « endormi » comme dans la barque. C’est vraiment ainsi. Nous devons réveiller le Christ dans notre cœur et alors seulement nous pourrons contempler les choses avec son regard, car il voit au-delà de la tempête. À travers son regard serein, nous pouvons voir un panorama qui, par nous-mêmes, n’est même pas concevable.
Dans ce parcours difficile mais fascinant, l’Apôtre nous rappelle que nous ne devons pas non plus nous lasser de faire le bien. Ne vous lassez pas de faire le bien. Nous devons avoir confiance que l’Esprit vient toujours au secours de notre faiblesse et nous accorde le soutien dont nous avons besoin. Apprenons donc à invoquer plus souvent l’Esprit Saint ! Quelqu’un pourrait dire : « Et comment invoque-t-on le Saint-Esprit ? Parce que je sais comment prier le Père, avec le Notre Père ; je sais comment prier la Vierge avec l’Ave Maria ; je sais comment prier Jésus avec la Prière des Plaies, mais qu’en est-il de l’Esprit ? Quelle est la prière du Saint-Esprit ? ».
La prière à l’Esprit Saint est spontanée : elle doit venir de ton cœur. Tu dois dire dans les moments de difficulté : » Saint Esprit, viens ». Le mot clé est celui-ci : « viens ». Mais tu dois le dire avec ton langage, avec tes mots. Viens, parce que je suis en difficulté, viens parce que je suis dans l’obscurité, dans les ténèbres ; viens parce que je ne sais pas quoi faire ; viens parce que je risque de tomber. Viens. Viens. C’est la parole de l’Esprit pour invoquer l’Esprit. Apprenons à invoquer plus souvent l’Esprit Saint. Nous pouvons le faire avec des mots simples, à différents moments de la journée.
Et nous pouvons emporter avec nous, peut-être bien dans notre Evangile de poche, la belle prière que l’Église récite à la Pentecôte : » Viens, Esprit Saint, / envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière. / Viens, Père des pauvres, / viens, dispensateur des dons, /viens, lumière de nos cœurs. / Consolateur souverain, / hôte très doux de nos âmes, / adoucissante fraîcheur… ». Viens. Et ainsi de suite, c’est une prière très belle. Le cœur de la prière est « viens », c’est ainsi que la Vierge et les Apôtres priaient après que Jésus soit monté au Ciel ; ils étaient seuls au Cénacle et invoquaient l’Esprit.
Cela nous fera du bien de prier souvent : Viens, Esprit Saint. Et avec la présence de l’Esprit, nous sauvegardons la liberté. Nous serons libres, des chrétiens libres, non attachés au passé au sens négatif du terme, non liés à des pratiques, mais libres de la liberté chrétienne, celle qui nous fait mûrir. Cette prière nous aidera à marcher dans l’Esprit, dans la liberté et dans la joie, car quand vient l’Esprit Saint, vient la joie, la vraie joie. Que le Seigneur vous bénisse !
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