Drapeaux européens devant le Berlaymont (Bruxelles, Belgique) @ WIKIMEDIA COMMONS - Amio Cajander

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Environnement et droits de l’homme en Europe : « Il faut agir ! » (traduction complète)

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Message à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe

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Devant la crise écologique actuelle, « il n’est plus temps d’attendre, il faut agir », alerte le pape François dans un message adressé à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ce mercredi 29 septembre 2021.

Le pape a envoyé un message aux participants à l’événement de haut niveau organisé par le Conseil de l’Europe sur le thème de l’environnement et des droits de l’Homme, intitulé « Droit à un environnement sûr, sain et durable », qui se tenait ce jour à Strasbourg.

« Tout instrument qui respecte les droits de l’homme et les principes de la démocratie et de l’État de droit, valeurs fondamentales du Conseil de l’Europe, peut être utile pour relever ce défi mondial », a souligné le pape. Il est temps, a-t-il dit, de prendre « des décisions concrètes » qui « ne peuvent être remises à demain ».

Dénonçant ceux qui « se considèrent comme les maîtres de l’univers plutôt que comme ses intendants responsables », le pape a rappelé la « responsabilité individuelle et collective » et la nécessité de ne pas seulement parler des « droits », mais également « des devoirs de tous les êtres humains ».

Il faut, a-t-il « opérer un véritable changement de cap, une nouvelle prise de conscience de la relation de l’être humain avec lui-même, avec les autres, avec la société, avec la création et avec Dieu ».

Voici notre traduction du message du pape François.

 

Message du pape François

Mesdames et Messieurs,

Je souhaite tout d’abord remercier l’honorable Rik Daems, Président de l’Assemblée parlementaire, pour son invitation passionnée à prendre la parole sur le thème de la protection de l’environnement, notre maison commune, ce cadeau que nous avons reçu et dont nous devons prendre soin, que nous devons préserver et faire progresser.

Le Saint-Siège, bien que pays observateur, suit avec une attention et un intérêt particuliers toutes les activités du Conseil de l’Europe à cet égard, dans la certitude que toute initiative et décision concrète de cette Organisation, pouvant améliorer la situation dramatique dans laquelle se trouve la santé de notre planète, doit être soutenue et valorisée.

Dans cette même salle, le 25 novembre 2014, j’ai souligné l’étroite et fructueuse collaboration entre le Saint-Siège et le Conseil de l’Europe, et j’ai réaffirmé que « parmi les thèmes qui appellent notre réflexion et notre coopération, il y a la défense de l’environnement, de notre terre bienaimée, qui est la grande ressource que Dieu nous a donnée et qui est à notre disposition non pas pour être défigurée, exploitée ou avilie, mais pour que, jouissant de son immense beauté, nous puissions vivre dignement » (1).

Plus tard, dans la lettre encyclique Laudato si’, je suis revenu sur l’importance de prendre soin de notre maison commune, un principe universel qui implique non seulement les fidèles chrétiens, mais aussi toute personne de bonne volonté se souciant de la protection de l’environnement. L’événement actuel, qui se déroule à la veille de la COP26, prévue en novembre prochain à Glasgow, pourra offrir, grâce à une plus grande considération du principe fondamental du multilatéralisme, une contribution valable également à la prochaine réunion des Nations Unies. Le Saint-Siège est également convaincu que toute initiative du Conseil de l’Europe ne devrait pas se limiter à la zone géographique de ce continent, mais, à partir de notre chère Europe, s’étendre au monde entier. En ce sens, la décision que prendra le Conseil de l’Europe de créer un nouvel instrument juridique liant la protection de l’environnement au respect des droits fondamentaux de l’homme est considérée avec intérêt.

Il n’est plus temps d’attendre, il faut agir. Tout instrument qui respecte les droits de l’homme et les principes de la démocratie et de l’État de droit, valeurs fondamentales du Conseil de l’Europe, peut être utile pour relever ce défi mondial.

Nul ne peut nier le droit fondamental de tout être humain « de vivre dans la dignité et de s’épanouir pleinement » (2) ; et si « tous les êtres humains naissent sur cette terre avec la même dignité […], alors, en tant que communauté, nous sommes tenus de veiller à ce que chaque personne vive dans la dignité et ait des possibilités adéquates de s’épanouir pleinement » (3).

En revanche, lorsque les êtres humains se considèrent comme les maîtres de l’univers plutôt que comme ses intendants responsables, lorsqu’ils ne reconnaissent plus leur juste position par rapport au monde, ils justifient toutes sortes de gaspillages, tant environnementaux qu’humains, et traitent les autres personnes et la nature comme de simples objets.

Les anciens disaient déjà : « Esse oportet ut vivas, non vivere ut edas » – « Il faut manger pour vivre et non vivre pour manger ». Il faut consommer pour vivre, et non vivre pour consommer. Surtout, il ne faut jamais consommer de manière débridée, comme c’est le cas aujourd’hui. Chacun doit utiliser de la terre ce qui est nécessaire à sa subsistance.

Tout est lié, et en tant que famille de nations, nous devons avoir une préoccupation commune :

« Veiller à ce que l’environnement soit plus propre, plus pur et préservé. Et prendre soin de la nature, pour qu’elle puisse prendre soin de nous » (4).

Il est donc nécessaire d’opérer un véritable changement de cap, une nouvelle prise de conscience de la relation de l’être humain avec lui-même, avec les autres, avec la société, avec la création et avec Dieu.

Certes, cette crise écologique, qui est « une crise socio-environnementale complexe » (5), nous invite à un dialogue interdisciplinaire et opérationnel à tous les niveaux, du local à l’international, mais aussi à une responsabilité individuelle et collective. Nous devrions donc également parler des devoirs de tous les êtres humains, afin de vivre dans un environnement sain, salutaire et durable. Au contraire, lorsque nous parlons uniquement de droits, nous ne pensons qu’à ce qui nous est dû. Nous devons également réfléchir à la responsabilité que nous avons envers les générations futures, et au monde que nous voulons laisser à nos enfants et à nos jeunes.

J’espère que cette Assemblée parlementaire et le Conseil de l’Europe sauront identifier, promouvoir et mettre en œuvre, avec détermination, toutes les initiatives nécessaires à la construction d’un monde plus sain, plus juste et plus durable : « Des mains de Dieu nous avons reçu un jardin, à nos enfants nous ne pouvons laisser un désert » (6).

Agissons avec espoir, courage et volonté, en prenant des décisions concrètes. Elles ne peuvent être remises à demain, si leur but est de protéger la maison commune et la dignité de chaque être humain.

(1) Discours au Conseil de l’Europe, Strasbourg, 25 novembre 2014.

(2) Lettre encyclique Fratelli tutti (3 octobre 2020), 107.

(3) Ibid., 118.

(4) Message vidéo aux participants au « Sommet des dirigeants sur le climat », 22 avril 2021.

(5) Lettre encyclique Laudato si’ (24 mai 2015), 139.

(6) Message pour le lancement de la plateforme Laudato si’, 25 mai 2021.

 

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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