« Le Seigneur demande à la Compagnie d’être libre, dans la prière et le discernement », a affirmé le pape François en s’adressant aux jésuites slovaques. « C’est une époque fascinante », a-t-il ajouté, « belle pour porter en avant la liberté de l’Évangile ».
En même temps, le pape a invité à « être prudents et vigilants ». Son appel à la liberté « n’est pas un éloge à l’imprudence », a-t-il expliqué : il voulait souligner que « revenir en arrière n’est pas le bon chemin », mais il faut « aller de l’avant dans le discernement et l’obéissance ».
C’est ce que le pape François a répondu à la question d’un jésuite slovaque pendant sa rencontre avec les membres de la Compagnie de Jésus le 12 septembre 2021 à Bratislava, lors de son voyage apostolique dans le pays : « Quelle vision de l’Église pouvons-nous suivre ? » La conversation du pape avec les jésuites a été publiée en italien par la revue jésuite La Civiltà Cattolica.
Le pape a souligné que « la souffrance de l’Église en ce moment » est « la tentation de revenir en arrière ». « L’idéologie du retour en arrière …est une idéologie qui colonise les esprits », a-t-il noté. Le pape a dit que « ce n’est pas un problème vraiment universel, mais plutôt spécifique aux Églises de certains pays ». « La vie nous fait peur », « la liberté nous fait peur », a-t-il ajouté : « Dans un monde tellement conditionné par les dépendances et la virtualité, cela nous fait peur d’être libres. »
Le pape a cité un exemple du Grand Inquisiteur de Dostoïevski : « L’inquisiteur reproche à Jésus de nous avoir donné notre liberté : un peu de pain et rien de plus aurait suffi. C’est pourquoi aujourd’hui nous retournons vers le passé : chercher des certitudes. »
Cette peur, a expliqué le pape François, ne permet pas « d’avancer dans des expériences pastorales ». « Nous avons peur des croisements de chemins dont parlait Paul VI. » « Cela nous fait peur d’accompagner des personnes ayant une diversité sexuelle », a-t-il poursuivi.
Le pape a rappelé aussi le travail « qui a été fait » au Synode sur la famille « pour faire comprendre que les couples en deuxième union ne sont pas déjà condamnés à l’enfer ». Il a souligné que « c’est le mal de ce moment. Chercher la voie dans la rigidité et dans le cléricalisme, qui sont deux perversions. »
Le pape a invité les jésuites à se sentir libres, « dans la prière et le discernement » : « Liberté! Vous pouvez en faire l’expérience en retournant dans votre communauté, dans votre Province, dans la Société », a-t-il dit.