Soeur Samuela, Ursuline © capture Zenit / Vatican Media

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Slovaquie: sr Samuela témoigne du sauvetage des juifs pendant la Shoah

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Rencontre de Bratislava avec les communautés juives

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« Plus de 500 Slovaques connus », mais aussi « d’autres Slovaques inconnus » et leurs familles « ont contribué de différentes manières à sauver ne serait-ce qu’une seule vie humaine », a témoigné sœur Samuela devant le pape François, à Bratislava, ce 13 septembre.

Lors de la rencontre du pape François avec les communautés juives, Place Rybné námestie, à Bratislava, le 13 septembre 2021, sœur Samuela, de la Congrégation des Ursulines, a donné un témoignage sur l’aide apportée par sa communauté aux juifs persécutés pendant la seconde guerre mondiale.

« Nous sommes reconnaissantes que nos sœurs – qui ont perçu le caractère sacré de chaque être humain, créé à l’image de Dieu – aient eu la grâce de faire quelque chose pour sauver la vie de ces personnes », a déclaré sœur Samuela, dont la gratitude s’étend également à « chaque Slovaque » et aux familles de leurs élèves qui ont ouvert [leur] porte et [leur] cœur à [leurs] frères et sœurs juifs persécutés ».

Aujourd’hui, a ajouté sœur Samuela, sa Congrégation se réjouit des « projets éducatifs destinés aux jeunes, grâce auxquels les enseignants de nos écoles tentent de sensibiliser la génération actuelle à une connaissance et une perception plus approfondies de l’héritage culturel juif en Slovaquie ».

Au terme de la rencontre le pape François est venu saluer le survivant de la Shoah qui avait donné son témoignage avant la religieuse et la religieuse elle-même: il a échangé quelques phrases avec eux.

Voici notre traduction du témoignage de sœur Samuela, à partir de la traduction officielle en italien.

Témoignage de soeur Samuela

Cher Saint-Père François, chers représentants de la communauté juive de Slovaquie, chers amis,

C’est avec une grande crainte que je me tiens aujourd’hui dans ce lieu symbolique, en présence de fidèles chrétiens et de fidèles juifs, avec lesquels nous confessons et aimons le même Dieu.

Notre histoire commune est marquée par une grande souffrance, mais il y a aussi des moments qui donnent l’espérance qu’à chaque époque, il y a des gens qui ont l’amour de Dieu et du prochain dans leur cœur.

Nous éprouvons une fierté sincère, mais aussi de la gratitude pour chaque Slovaque qui a ouvert sa porte et son cœur à ses frères et sœurs juifs persécutés. D’autant plus qu’il y avait aussi les portes de nos monastères et internats et les portes des maisons ou appartements des familles de nos élèves. Nous sommes reconnaissantes que nos sœurs – qui ont perçu le caractère sacré de chaque être humain, créé à l’image de Dieu – aient eu la grâce de faire quelque chose pour sauver la vie de ces personnes.

Selon certaines informations, les sœurs ont été évacuées de Bratislava vers un château à Svätý Kríž (aujourd’hui Žiar nad Hronom), qui leur a été offert par l’évêque Ondrej Škrabík. Là, elles se sont occupées d’un groupe d’enfants. Parmi eux se trouvaient aussi des enfants juifs, ce que nous savons par un survivant – M. Thomas Frankl qui vit à Vienne et qui nous l’a volontiers raconté.

Nous avons aussi les témoignages de Mme Gabriella Karin, une artiste vivant à Los Angeles, et de Mme Erika Brániková, qui vit à Bratislava. Toutes deux étaient élèves au collège des Ursulines, dans le centre de Bratislava. Elles y ont été cachées avec d’autres jeunes filles juives. Leurs parents venaient tous les jours leur rendre visite, jusqu’à ce qu’ils trouvent une cachette pour toute la famille ou que quelqu’un les aide à s’échapper de Bratislava.

Il est symbolique qu’un autre endroit où les sœurs ont caché d’autres enfants juifs, ainsi que leurs familles, soit aujourd’hui le site de la nonciature apostolique. Une ancienne élève de notre lycée des Ursulines, Mme Anna Bandžáková, née Kuchárová, dont la famille a sauvé plusieurs Juifs ici à Bratislava, y avait amené une jeune maman, Edita Schwarz, avec une fille d’un an et demi et plus tard son amie Frida Haselnussová.

Les événements que je raconte ont eu lieu il y a presque quatre-vingts ans. Aujourd’hui, nous observons avec plaisir une collaboration judéo-chrétienne vivante en Slovaquie. Non seulement parmi les hauts représentants, les établissements d’enseignement, les experts bibliques, mais aussi parmi les personnes de la vie quotidienne. Nous sommes particulièrement reconnaissantes pour les projets éducatifs destinés aux jeunes, grâce auxquels les enseignants de nos écoles tentent de sensibiliser la génération actuelle à une connaissance et une perception plus approfondies de l’héritage culturel juif en Slovaquie. En même temps, nous souhaitons transmettre aux jeunes une foi vivante en Dieu, qui se manifeste dans la vie quotidienne par l’amour du prochain. Les personnes qui ont vécu ici avant nous sont témoins que cet amour est possible.

Notre estime, notre gratitude et nos prières vont également aux plus de 500 Slovaques connus, mais aussi à d’autres Slovaques inconnus et à leurs familles qui ont contribué de différentes manières à sauver ne serait-ce qu’une seule vie humaine.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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