Messe à Sainte-Marthe, 29 avril 2020 © Vatican Media

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Radio Vatican: petite histoire des Congrès eucharistiques internationaux

Repartir du mystère eucharistique

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Dans cette petite histoire des Congrès eucharistiques internationaux, Radio Vatican rappelle, ce vendredi 10 septembre 2021, le « grand amour » des  papes pour l’Eucharistie et que si « ’étincelle partie de la France », elle passe aussi pour la seconde fois par Budapest, après un tour du monde invitant les baptisés à « repartir du mystère eucharistique ».

Voici notre traduction de ce rappel historique de Radio Vatican en italien.

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Le pape François sera le troisième pape des temps modernes à participer à un Congrès eucharistique international. Avant lui, Paul VI s’était rendu en Inde et en Colombie. Quant à Jean-Paul II, il y a pris part plusieurs fois. Parcourons les étapes et l’histoire des Congrès eucharistiques internationaux, de la France (Lille, 1881) à la Hongrie (Budapest 2020).

De l’Eucharistie naît la vie nouvelle parce qu’elle « change les cœurs ». Le pape François l’avait rappelé dans son message vidéo de clôture du Congrès eucharistique de Cebu, aux Philippines, en 2016, pendant le Jubilé de la Miséricorde. Dans sa réflexion, il avait mêlé l’histoire de la foi de ce pays et les difficultés causées par les catastrophes naturelles. Il avait souligné que le tabernacle nous aide à garder l’espérance parce que l’Eucharistie fait de nous des hommes nouveaux :

« Elle nous permet d’être prévenants, de protéger celui qui est pauvre et vulnérable et d’être sensibles au cri de nos frères et sœurs dans le besoin. Elle nous apprend à agir avec intégrité et à refuser l’injustice et la corruption qui empoisonnent les racines de la société. »

Cebu a passé le témoin du Congrès eucharistique à Budapest. La pandémie a fait repousser d’un an un rendez-vous qui a vu le jour en France au milieu du XIXème siècle. L’histoire des Congrès est liée aux changements du monde, aux guerres sur le terrain et aux guerres froides, aux murs physiques et aux murs dressés en raison de positions éloignées. Il reste la constante d’une Eucharistie qui sauve, une Eucharistie qui est « le culte de toute l’Eglise », avait dit Benoît XVI dans un message vidéo pour la clôture de la 50ème édition du Congrès eucharistique de Dublin, qui « requiert aussi le plein engagement de chaque chrétien. Elle renferme un appel à être le peuple saint de Dieu, mais également un appel à la sainteté personnelle », « invite à nous repentir de nos péchés, mais aussi, affirmait-il, à pardonner à nos frères et sœurs. Elle nous unit dans l’Esprit, mais elle nous prescrit aussi, dans le même Esprit, d’annoncer la bonne nouvelle du salut aux autres ».

En Hongrie pour la deuxième fois

Pour sa 52ème édition, le Congrès eucharistique de Budapest est centré sur le thème « En toi, toutes nos sources » (Ps 86). C’est la deuxième fois qu’il revient à la Hongrie d’accueillir cet important rendez-vous de l’Eglise ; la première fois avait été en 1938, peu de temps après la première Guerre mondiale et dans la peur d’un nouveau conflit. Le veto de Hitler pesait sur le Congrès, car il avait interdit aux catholiques allemands d’y participer, mais l’âme chrétienne du pays avait travaillé avec dévouement et amour pendant environ un an. Outre Budapest, dans le nord de la Hongrie, rapportent les chroniques de l’époque, les mineurs de la région, avec leur famille, représentant environ 800 paroisses, se rendaient à l’Eglise le matin ou le soir, tout en continuant leur dur travail.

Le pape Pie XI avait envoyé comme légat le cardinal Pacelli, futur Pie XII, qui assista à un grand réveil de la foi et à la puissance vitale et toujours nouvelle de l’Eucharistie. On retrouve un fort écho de ce congrès dans celui d’aujourd’hui ; l’hymne de 2020 est en effet une version du chant de 1938 qui était une invocation à la paix, à l’unité des peuples et des nations. Une chanson devenue si populaire en Hongrie qu’elle sera chantée lors de la messe du pape François le 1er juin 2019 au sanctuaire de Sumuleu-Ciuc, une région de Roumanie d’origine magyare.

L’étincelle partie de la France

C’est en 1881, à Lille, que naît le premier Congrès eucharistique, intitulé « L’Eucharistie change le monde », dans le sillage d’un grand développement du culte de l’Eucharistie en France et qui avait vu naître, autour de 1875, l’idée de l’Oeuvre des Congrès eucharistiques internationaux. C’est surtout la laïque Emilie-Marie Tamisier qui l’anime, soutenue et encouragée par Mgr Gaston de Ségur. A Lille, où participent des représentants de huit pays, il est décidé de donner un caractère permanent au mouvement qui conduira, les années suivantes, à l’organisation d’autres congrès eucharistiques annuels. C’est encore Tamisier qui sera l’âme du second rendez-vous, toujours en France ; dans le passé, elle avait organisé des pèlerinages vers des sanctuaires qui conservent des traces de miracles eucharistiques. Et précisément dans cet esprit, le choix tombe sur Avignon, la « cité des papes », où eut lieu en 1443 un important miracle eucharistique.

Une dimension plus internationale

Au cours des années suivantes, les congrès eucharistiques se tiennent à Liège, puis à Fribourg, à Paris en 1888 et prennent une physionomie de plus en plus internationale. C’est Jérusalem qui fut choisie en 1893, avec l’encouragement du pape Léon XIII, car son intention était de demander à Dieu « de réunir dans l’intégrité de la même foi et de Nous unir par le lien de la parfaite charité – comme l’écrivait le pontife à l’évêque d’Anvers – les peuples de ces régions qui, bien que séparés de nous, portent le nom de chrétiens ». Pour montrer l’importance accordée à l’événement, le pape nomme légat le cardinal Langénieux, archevêque de Reims. Le dernier Congrès eucharistique du XIXe siècle se tient à Lourdes, en 1899, confié à la Vierge Marie. Parmi les nombreux reportages, il y a aussi un focus sur la figure de Saint Pascal Baylon, proclamé peu avant par Léon XIII saint patron des congrès eucharistiques internationaux.

A Rome, pour la première fois avec le pape 

« Pontife de l’Eucharistie et du catéchisme, de la foi intègre et de la fermeté intrépide » : c’est ainsi que Pie XII avait défini Giuseppe Melchiore Sarto, Pie X, qu’il allait ensuite canoniser. Cette définition permet de mieux comprendre la transition que les Congrès eucharistiques ont opérée après son élection. En 1905, pour la première fois, l’événement se déroule à Rome et il est présidé par le pape lui-même, ce qui lui confère un nouveau prestige et une nouvelle attention. Pie X lui-même a invité les fidèles à venir dans la ville pour l’occasion, assurant sa présence à certains des événements. On se souvient de sa prière devant le Saint-Sacrement, qui suscita une grande émotion, et de sa recommandation de s’approcher de l’Eucharistie : « Nous devons nous efforcer, dans la mesure où notre pauvreté et notre misère nous le permettent, de témoigner à Jésus-Christ notre reconnaissance, notre gratitude. Alors, ajouta-t-il, le ciel s’ouvrira au-dessus de nous et la grâce et la miséricorde divines, la paix, la charité et le bien universel descendront. »

Un congrès dans le désert

Après Londres, en 1910, le Congrès eucharistique traverse l’Océan pour être célébré à Montréal, au Canada. La première Guerre mondiale éclate et après 1914, le rendez-vous n’est repris à Rome qu’en 1922 avec Pie XI. Dès lors et jusqu’à la seconde Guerre mondiale, les congrès se succèdent tous les deux ans, toujours dans des lieux différents : Amsterdam, Chicago, Sydney, et jusqu’en Afrique, à Carthage en 1930. A cette époque, la ville tunisienne était sous protectorat français, même si la plus grande colonie étrangère vivant dans le pays était italienne. Sur cette terre de martyrs et de grands témoins de la foi, le légat pontifical, le cardinal Alexis-Henri-Marie Lépicier, arrive à Tunis sur le paquebot « Città di Napoli » battant pavillon pontifical. Pour certains, convoquer le Congrès eucharistique dans le « désert » africain semble être un pari, qui s’avère en fait être un moment de grande intensité spirituelle.

De la Statio Urbis à la Statio Orbis

Le dernier congrès avant la seconde Guerre mondiale se tient à Budapest en 1938. Les rassemblements reprennent à Barcelone en 1952 et n’ont plus lieu tous les deux ans mais tous les quatre ans. Le Congrès reprend, en en faisant évoluer le concept et en l’actualisant dans la pratique, notamment avec le rendez-vous de Munich en 1960, une coutume de l’ancienne Église de Rome, celle de la Statio Urbis, où le Pape et le peuple s’unissaient dans la prière en certaines occasions. Aujourd’hui, élargie à l’échelle internationale, ce qui est en train d’évoluer et de s’affirmer, c’est la Statio Orbis, « une pause d’engagement et de prière » au cours de laquelle les Églises particulières s’unissent, en communion avec le Pape ou son légat, autour du mystère eucharistique, pour manifester et approfondir leur foi.

En Inde et en Colombie, l’heure de la solidarité

Le Concile Vatican II a conduit les Congrès eucharistiques à s’ouvrir de plus en plus aux espoirs et aux besoins de l’humanité. Jean XXIII choisit Bombay pour accueillir le 38ème Congrès sur le thème « Eucharistie et homme nouveau ». Paul VI se rendra en Inde, profondément frappé par l’humanité du peuple indien, sa dignité et sa pauvreté. Le pape Montini y fait accoster un bateau chargé de céréales et avant de partir, il donne sa voiture à Mère Teresa de Calcutta. L’Inde est également à l’origine de sa préoccupation pour les tensions qui secouent le monde et de son appel sincère à la construction de la paix.

De l’Asie à l’Amérique latine, Paul VI participe au Congrès eucharistique en Colombie quatre ans plus tard. C’est en 1968 et le vent du changement souffle. À Bogota, la présence du pape a marqué l’engagement de l’Église à promouvoir une action de développement spirituel et matériel. Le « non » clair de Paul VI à l’injustice d’une part et à la violence d’autre part ; la nécessité d’un changement sans haine et qui unit les gens, sans les diviser. Les gestes sous le signe de la charité sont nombreux dans le sillage du thème de la Conférence : « Vinculum charitatis » et conduisent à une réelle attention pour les plus petits. En repensant à son voyage, Paul VI rappellera que la célébration du mystère eucharistique est « le principe suprême et unique de l’effusion fraternelle, de la communion sociale, un facteur opérationnel de la charité extensive et unitive, le premier coefficient d’espérance et d’action pour la régénération du monde ».

Le plus beau des trésors

Les questions sociales et les valeurs universelles de la famille, de la paix, de la liberté, ainsi que la nécessité d’une nouvelle évangélisation, sont au cœur des rencontres qui ont lieu entre la fin des années 1980 et tout au long des années 1990, dans des pays comme la Corée du Sud, l’Espagne ou la Pologne. Depuis l’an 2000, les 8 Congrès eucharistiques internationaux se sont toujours déroulés dans des lieux différents : à Rome en l’« Année sainte du Grand Jubilé », en présence de Jean-Paul II, sur le thème « Jésus-Christ, unique Sauveur du monde, pain de vie nouvelle ». Le pape Wojtyla s’était déjà rendu à Nairobi (Kenya) en 1985, à Séoul (Corée du Sud) en 1989, à Séville (Espagne) en 1993 et à Wroklaw (Pologne) en 1997.

En 2008, le Québec accueille le Congrès eucharistique sur le thème : « L’Eucharistie : don de Dieu pour la vie du monde ». Le pape Benoît XVI prononce une homélie en direct à la télévision, du Palais apostolique, pour la clôture de l’événement. « L’Eucharistie, dit-il, est notre plus beau trésor. Elle est le sacrement par excellence ; elle nous introduit plus pleinement dans la vie éternelle, elle contient tous les mystères de notre salut, elle est la source et le sommet de l’action et de la vie de l’Église ». C’est l’expression « par excellence de l’amour de Dieu » qui invite à l’engagement, à défendre la vie à tout moment, à accueillir les pauvres en leur donnant la dignité. « Des défis pour lesquels les chrétiens doivent puiser leur force dans le mystère eucharistique ».

Repartir du mystère eucharistique

La 50ème édition du Congrès est accueillie en 2012 à Dublin, en Irlande, avec pour thème « L’Eucharistie, communion avec le Christ et entre nous ». L’événement est devenu une occasion de renouveau pour l’Église irlandaise, ébranlée par les abus sexuels perpétrés par des clercs. La pose d’une « pierre de guérison », dans laquelle est gravée la prière de l’une des victimes, témoigne de la volonté de tourner la page sans oublier le mal et la douleur causés. Benoît XVI le mentionne également dans son message vidéo à la fin du Congrès, dans lequel il exhorte à prier Dieu « pour devenir de vrais témoins de son amour, des témoins de sa vérité. Sa vérité est l’amour. L’amour du Christ est la vérité ».

Le 51ème Congrès retourne en Asie, à Cebu, aux Philippines. Le titre de l’événement est « le Christ est parmi vous, lui, l’espérance de la gloire ». Dans un message vidéo, le pape François invite à sortir, à embrasser la vocation missionnaire de l’Église, en guérissant les maux du monde avec l’amour de Dieu.

Nous sommes appelés à apporter le baume de l’amour miséricordieux de Dieu à toute la famille humaine, à panser les blessures, à apporter l’espoir là où le désespoir semble si souvent avoir le dessus.

 

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Hélène Ginabat

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