Des « Leaders dévoués à la paix » conduits par M. Jean-Pierre Raffarin, président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat français, ont été reçus par le pape François au Vatican, ce samedi 4 septembre 2021.
C’était une délégation internationale de la Fondation des Leaders pour la paix qui se définit ainsi: « Notre organisation aura pour vocation de proposer une sagesse politique au service de la paix et de l’intérêt général : réduire les conflits par l’alerte. »
Le pape recommande aux politiciens d’agir « simultanément à deux niveaux : culturel et institutionnel »
Et d’expliquer l’importance du personnalisme: « Au premier niveau il est important de promouvoir une culture des visages, qui mette au centre la dignité de la personne, le respect de son histoire particulièrement de ses blessures et de ses exclusions. Et aussi une culture de la rencontre dans laquelle nous nous écoutons et nous accueillons nos frères et sœurs. »
Le pape recommande aussi « de favoriser le dialogue et la collaboration multilatérale, parce que les accords multilatéraux garantissent mieux que les accords bilatéraux, « la sauvegarde d’un bien commun réellement universel et la protection des États les plus faibles » ».
La délégation a aussi rencontré différentes personnalités au Vatican, notamment Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les Etats, et le cardinal ghanéen Peter K. A. Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral.
Voici la traduction officielle en français du discours prononcé par le pape François en italien.
AB
Discours du pape François
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de m’adresser à vous, honorables Leaders dévoués à la paix qui venez de nombreuses parties du monde. Je remercie Monsieur Jean-Pierre Raffarin pour ses aimables paroles.
Notre rencontre, nous le savons, advient à un moment historique particulièrement critique. La pandémie, malheureusement, n’est pas encore achevée, et ses conséquences économique et sociales, spécialement pour la vie des plus pauvres, sont lourdes. Non seulement elle a appauvri la famille humaine de nombreuses vies, chacune précieuse et irremplaçable, mais elle a aussi semé la désolation et augmenté les tensions. Face à l’aggravation convergente des multiples crises, politiques et environnementales – la faim, le climat, le nucléaire pour en citer quelques-unes – votre engagement pour la paix n’a jamais été autant nécessaire et urgent.
Le défi est celui d’aider les gouvernants et les citoyens à affronter ces problèmes critiques comme des opportunités. Par exemple : certaines situations de crises environnementales, malheureusement aggravées par la pandémie, peuvent et devraient provoquer une plus grande prise de responsabilité, avant tout de la part des dirigeants les plus élevés, mais aussi, en cascade ceux des niveaux intermédiaires et de l’ensemble des citoyens. En réalité, nous voyons souvent que c’est “du bas” que proviennent les sollicitations et les propositions. Ceci est une très bonne chose, bien que souvent de telles initiatives soient instrumentalisées pour d’autres intérêts de la part de groupes idéologiques. Il y a toujours le danger de l’idéologisation. Dans cette dynamique socio-politique vous pouvez jouer un rôle constructif, principalement en favorisant une bonne connaissance des problèmes et de leurs causes profondes. Cela fait partie de cette éducation à la paix qui, justement, vous tient très à cœur.
Par ailleurs, la pandémie, avec sa longue période d’isolement et d’“hypertension” sociale, a inévitablement mis en crise l’agir politique en lui-même, la politique en tant que telle. Mais cependant ceci peut devenir une opportunité, pour promouvoir une “meilleure politique”, sans laquelle est rendu impossible « le développement d’une communauté mondiale, capable de réaliser la fraternité à partir des peuples et des nations qui vivent l’amitié sociale » (Enc. Fratelli tutti, N°154). Une politique – je me mets dans votre perspective – qui se construit comme “architecture et artisanat de la paix” (cfr ibid., N°228-235). Pour construire la paix, deux choses sont nécessaires : l’« architecture», «où interviennent les diverses institutions de la société» (ibid., N° 231), et l’« artisanat » qui doit impliquer tout le monde, aussi ces secteurs qui souvent sont exclus ou rendu invisibles (cfr ibid.).
Il s’agit donc de travailler simultanément à deux niveaux : culturel et institutionnel. Au premier niveau il est important de promouvoir une culture des visages, qui mette au centre la dignité de la personne, le respect de son histoire particulièrement de ses blessures et de ses exclusions. Et aussi une culture de la rencontre dans laquelle nous nous écoutons et nous accueillons nos frères et sœurs, avec « confiance dans les réserves de bien qui sont dans le cœur des gens » (ibid., N° 196). Au second niveau il est urgent de favoriser le dialogue et la collaboration multilatérale, parce que les accords multilatéraux garantissent mieux que les accords bilatéraux, « la sauvegarde d’un bien commun réellement universel et la protection des États les plus faibles. » (ibid. N° 174). Dans tous les cas « n’en restons pas aux discussions théoriques, touchons les blessures, palpons la chair des personnes affectées. » (ibid., N°261).
Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour votre visite et j’encourage votre engagement pour la paix et pour une société plus juste et fraternelle. Que Dieu vous accorde d’expérimenter dans votre vie la joie qu’il a lui-même promise aux artisans de paix. Merci.
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