Card. Albert Vanhoye © Twitter @FranceauVatican

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Le « feu d’amour » du card. Vanhoye pour la Parole de Dieu

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Il « n’a jamais arrêté de marcher »

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Les funérailles du cardinal français Albert Vanhoye S.J., ont été présidées en la basilique vaticane, à l’autel de la Chaire de saint Pierre, ce samedi 31 juillet 2021, en la fête de saint Ignace de Loyola, par le cardinal vice-doyen du collège cardinalice, Leonardo Sandri, qui a souligné combien le regretté exégète était animé par un « feu d’amour » pour la Parole de Dieu.

Il y a quelques jours, le 24 juillet, il avait eu 98 ans, et le lendemain il avait fêté ses 67 ans d’ordination sacerdotale. Il s’est éteint le 29 juillet à Rome.

Les cardinaux Filoni, Lajolo, Piacenza, Calcagno, Baldisseri, Mamberti, Ladaria, Krajewski et Gambetti, Mgr Marini et quelques prêtres de la Compagnie de Jésus ont concélébré, en présence d’une représentation des membres du corps diplomatique accrédités près le Saint-Siège, et de Mgr Wachowski, sous-secrétaire pour les relations avec les États, rapporte L’Osservatore Romano en italien du 1er août 2021 qui a publié l’homélie du cardinal argentin.

Le pain rompu de la Parole

Pour celui-ci, Albert Vanhoye était « un homme et un chrétien rigoureux et déterminé, capable à dix-huit ans de traverser à pied la France occupée par les nazis pour entrer dans la Compagnie de Jésus. Ce détail biographique en dit long sur toute son existence : le père Albert n’a jamais arrêté de marcher. Si, physiquement, sa vie a été marquée par l’étude et par l’enseignement, qui lui ont coûté de longues heures de dévouement et d’approfondissement, son cheminement intérieur a été de plus en plus approfondi, nourri par le feu de l’amour de la Parole ».

Il a fait observer que l’exégète n’a jamais traité la Parole de Dieu « comme un texte aride à décortiquer et à décomposer », mais il a toujours « su saisir, derrière les structures et la composition des passages, la référence à Celui qui s’est exprimé dans les temps anciens de différentes manières et il nous a parlé récemment par le Fils, comme le dit le début de la Lettre aux Hébreux ».

C’était en effet le sujet de sa dissertation doctorale et de son enseignement pendant de nombreuses années à des générations d’étudiants de l’Institut biblique pontifical : « Le père Albert, rappelle le cardinal Sandri, a « rompu » ces paroles et il les a prononcées lors de nombreuses retraites d’Exercices spirituels, selon la méthode de S. Ignace »: « Dieu nous a parlé par le Fils : dans un des sermons du père Albert, il s’est exclamé ‘Nous sommes trop habitués à cette initiative divine ! Dieu aurait tant de raisons de ne plus parler à son peuple, mais il ne s’est jamais résigné !’  »

« Comme l’auteur de la Lettre aux Hébreux, que notre frère cardinal définissait comme « fasciné par le Fils », il demandait la grâce que ce soit aussi l’expérience de chacun de nous, attirés non par une gloire lointaine, mais par celle qui nous introduit à la communion avec Dieu. »

Obsèques du card. Vanhoye SJ, 31 juillet 2021 © Vatican Media

Obsèques du card. Vanhoye S.J., 31 juillet 2021 © Vatican Media

Fidélité et miséricorde

Le cardinal Sandri a évoqué le moment où il est allé bénir le corps du cardinal Vanhoye, revêtu de la pourpre cardinalice : « Le rouge de la pourpre comme image de la fidélité inlassable à Celui qui est fidèle : le père Albert nous a appris à reprendre le langage sacerdotal en référence au Christ, à partir de la Lettre aux Hébreux, en nous mettant en garde contre un vide des apparences rituelles et en nous faisant saisir la nouveauté radicale du sacerdoce du Nouveau Testament. Les catégories et les symboles de l’ancien grand prêtre, qui, comme nous le disent divers épisodes de l’Écriture, ont créé des jalousies et des ambitions, sont revécus par le seul grand prêtre, miséricordieux et digne de confiance, qui prend soin non pas des anges, mais de la lignée d’Abraham. Beaucoup d’entre nous étaient présents à sa prédication des Exercices spirituels à la Curie romaine en 2008, et nous avons été pris par la main par un frère dans la foi, totalement saisi par la Parole qu’il nous annonçait : il nous a demandé de secouer la poussière accumulée pour retrouver la lumière extraordinaire qui émane du sacerdoce du Christ, auquel nous sommes nous-mêmes associés par la grâce de l’Esprit Saint. »

Le cardinal Sandri a souligné le lien entre cette prédication et le jubilé de la miséricorde: « Anticipant en quelque sorte ce jubilé de la Miséricorde que le Pape François a proclamé quelques années plus tard, nous avons été amenés à contempler le trait distinctif du Christ, la miséricorde : « Il ne s’agit pas du sentiment superficiel de qui s’émeut facilement. C’est une capacité acquise par l’expérience personnelle de la souffrance. Il faut avoir vécu les mêmes épreuves, les mêmes souffrances que ceux que l’on veut aider. Le Christ sait être compatissant parce qu’il a été éprouvé en tout comme nous ». »

Eucharistie et accomplissement

Il a aussi évoqué les 67 ans de sacerdoce du cardinal Vanhoye et la célébration de l’eucharistie: « Avec la stupeur et les yeux d’un jeune, le cardinal Vanhoye soulignait le « il rendit grâce » de Jésus avant de rompre le pain en disant: « Jésus rend grâce au Père, comme s’il s’exclamait: « Je te remercie pour ce pain, corps et sang, de m’avoir donné un coeur plein d’amour qui désire ce don ardemment ». Et il continuait par un examen de conscience valable pour nous tous : « Nous ne nous rendons pas assez compte de la transformation en acte à ce moment-là, du dynamisme de l’amour victorieux que nous rendons présents en célébrant et en recevant l’Eucharistie ». »

Le cardinal Sandri a conclu sur l' »accomplissement » de la vie du cardinal Vanhoye: « Maintenant pour notre frère le cardinal Albert Vanhoye la promesse contenue dans la Parole aimée, étudiée et remise à nous s’accomplit : elle s’ouvre tout grand sur la vie éternelle dans laquelle Jésus veut que ceux que le Père lui a donnés soient avec lui, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile. Puisse-t-il contempler sa gloire – Uni à ton Coeur, comme le dit sa devise cardinalice – et puisse-t-il être un intercesseur devant le trône du Grand Prêtre miséricordieux et digne de confiance, entré une fois pour toutes dans le sanctuaire céleste. Pour nous qui restons dans ce pèlerinage terrestre, cette invitation de la Lettre aux Hébreux reste forte, répétée par l’existence et par la mort par notre frère, « à courir avec persévérance la course qui nous attend, en gardant le regard fixé sur Jésus, celui qui fait naître la foi et la conduit à son accomplissement ». »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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