Né le 24 juillet 1923 à Hazebrouck, dans le nord de la France, le cardinal français Albert Vanhoye S. J., grand bibliste, professeur à l’Institut biblique pontifical de Rome pendant un demi-siècle, a fêté ses 98 ans samedi dernier, 24 juillet 2021. Sa devise cardinalice évoque le Coeur du Christ: « Cordi tuo unitus ».
Depuis le décès du cardinal Roger Etchegaray (4 sept. 2019), il est le membre le plus âgé du collège des cardinaux. Il a vu déjà huit papes se succéder: Pie XI, Pie XII, saint Jean XXIII, saint Paul VI, Jean-Paul Ier, saint Jean-Paul II, Benoît XVI, François.
Le cardinal français, dispensé, à sa demande, de l’ordination épiscopale, a été « créé » cardinal le 24 mars 2006, lors du premier consistoire du pape Benoît XVI: le cardinal Ratzinger avait travaillé avec lui à la Commission biblique internationale.
Un travail exégétique « fécond »
Benoît XVI disait de lui: « Je rends grâce pour le travail exégétique fécond du cardinal Vanhoye, qui s’est attaché à scruter la Parole de Dieu et à transmettre avec patience son savoir à de nombreuses générations de jeunes, leur donnant ainsi les moyens de vivre de l’Évangile et d’en être les témoins. »
Le cardinal Vanhoye confiait alors au micro de Radio Vatican : « Pour moi, devenir cardinal c’est avant tout être lié au Saint-Père d’une manière spéciale. C’est une chose très exigeante parce que je dois porter avec le Saint-Père les préoccupations et les perspectives de la vie de l’Eglise. »
Le cardinal Vanhoye avait ajouté : « Le rouge est la couleur de l’amour, du feu, c’est la couleur aussi de la Passion. On dit que les cardinaux doivent être prêts aussi à répandre leur sang – le rouge est la couleur du sang – et donc, avoir une consécration complète au Royaume du Christ. »
Son blason cardinalice évoque l’amour du Coeur du Christ: il porte la devise « Cordi tuo unitus – Uni à ton Cœur ».
Et ceci « pour deux raisons : une raison personnelle et une raison apostolique », explique-t-il. « La raison personnelle remonte à mon enfance, a confié le cardinal Vanhoye. J’ai été éduqué dans un institut du Sacré-Cœur de 4 à 11 ans puis au petit séminaire du diocèse de Lille, dans le nord de la France, où nous faisions l’offrande quotidienne de l’Apostolat de la Prière. Ma dévotion au Cœur de Jésus a commencé précisément à cette période et elle s’est renforcée avec ma vocation à devenir jésuite. Lorsque j’étudiais la philosophie, je faisais partie d’un petit groupe qui en approfondissait les différents aspects et au terme de ma formation, cette orientation s’est encore consolidée. Dans le choix de cette devise il y a également une raison apostolique, celle de suggérer le même comportement spirituel à tous ceux qui la liront. « Uni à ton Cœur » exprime en effet à la fois une intention et une prière : l’intention de vivre uni au Cœur de Jésus en pensée, action, affection et paroles et en même temps une invocation humble et confiante car nous ne pouvons pas obtenir cette union par nous-mêmes, mais il s’agit d’une grâce tellement désirable. »
Pas une dévotion dépassée
Il souligne l’actualité de la dévotion au Sacré Cœur en disant : « Il ne s’agit absolument pas d’une dévotion dépassée. Elle est actuelle et même essentielle, si elle est bien comprise. Sans cette union nous ne pouvons pas vivre pleinement l’amour qui vient de Dieu ni devenir humbles. Nous courons même le risque de n’entretenir que l’orgueil et la fierté. Par ailleurs, c’est l’Evangile lui-même qui nous présente une religion du cœur, loin de tout ce qui est extérieur. Il faut également dire que la dévotion au Cœur de Jésus possède une forme populaire qui ne correspond pas toujours à cette orientation, mais je pense que l’on peut faire beaucoup pour que celle-ci devienne de plus en plus importante. »
Il a étudié à Paris, à la Sorbonne à Paris et dans différentes universités jésuites – il est entré dans la Compagnie de Jésus en 1941 – et il a obtenu son doctorat à Rome en 1961 à l’Institut biblique sur la composition de la Lettre aux Hébreux: il devient professeur deux ans plus tard et il y enseigne jusqu’à sa retraite en 1993.
En 1990, à la fin d’un mandat de six ans en tant que recteur de l’Institut biblique (1984-1990), le père Vanhoye a été nommé par le pape Jean-Paul II secrétaire de la Commission biblique: il le sera jusqu’en 2001.
En 1990 également, le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger, l’a choisi comme conseiller.
Retraite de carême au Vatican
En février 2008, le cardinal Vanhoye a prêché la retraite de carême au Vatican pour le pape et la curie romaine, un thème – sacerdotal – très présent dans l’Epître aux Hébreux : « Dans le Christ reconnaissons notre grand prêtre. Ayant un prêtre souverain qui a traversé les cieux, Jésus le Fils de Dieu, tenons ferme notre profession de foi ».
Avec le cardinal Vanhoye, cinq autres Français sont membres du Collège des cardinaux, dont quatre de moins de 80 ans (électeurs et éligibles): Dominique Mamberti (69 ans), préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, Paul Poupard (90 ans), président émérite du Conseil pontifical pour la culture, André Vingt-Trois (78 ans), archevêque émérite de Paris, Philippe Barbarin (70 ans), archevêque émérite de Lyon et Jean-Pierre Ricard (76 ans), archevêque émérite de Bordeaux.