Une Instruction pour l’application des méthodes d’enseignement à distance dans les universités et les facultés ecclésiastiques a été publiée le 13 mai dernier par la Congrégation pour l’éducation catholique, annonce L’Osservatore Romano en italien du 1er août 2021. Elle prévoit notamment d’élargir le public auquel les cours pourraient s’adresser.
Le document est signé par le cardinal préfet de cette Congrégation, le cardinal Giuseppe Versaldi et par l’archevêque secrétaire, Angelo Vincenzo Zani, il entrera en vigueur au premier jour de l’année académique 2021-2022 ou de l’année académique 2022, selon les régions. Il se présente en trois parties – un « Préambule », des « Considérations préalables » et des « Règles » – ainsi que d’une « Annexe » qui recense les documents requis pour l’agrément de la méthode d’enseignement à distance.
L’impact de la communication numérique sur l’éducation
La première partie, continue la même source, analyse « l’impact de la communication numérique sur le monde de la formation et de l’éducation » depuis le début des années 2 000.
Il s’agit à la fois d’un « facteur d’innovation technologique » et d’un « élément capable de transformer en profondeur la culture académique et de réécrire la logique des processus d’éducation et d’apprentissage, ainsi que les objectifs de la formation ».
Avant même la constitution apostolique du pape François Veritatis gaudium (VG), le Saint-Siège avait souligné « son intérêt pour cette modalité » pour les universités et facultés ecclésiastiques, et la Congrégation « avait déjà accordé depuis plusieurs années à certains Instituts supérieurs de sciences religieuses la possibilité de transmettre certaines disciplines « sous cette forme », à condition que certains besoins soient satisfaits ».
La Congrégation fait observer qu’il ne s’agit jamais « d’un simple processus de transmission de savoirs et de savoir-faire », mais de « contribuer à la formation intégrale de la personne dans ses différentes dimensions (intellectuelle, culturelle, spirituelle) y compris dans les relations vécues au sein de la communauté et en relation étroite avec le personnel enseignant, le personnel administratif et de service et les autres étudiants ».
A partir du VG, les facultés ecclésiastiques et les universités ont désormais la possibilité, sous réserve de l’approbation, « d’élaborer des règlements » d’études prévoyant qu’une partie des cours puisse être réalisée « sous forme d’enseignement à distance ».
Cette nouvelle Instruction, « résultat d’une vaste consultation », a donc pour objectif « d’offrir des lignes directrices et des règles pour l’application » de cette méthode.
Clarification de la terminologie
La deuxième partie aborde la question du « développement des technologies de l’information, les méthodes pédagogiques récentes, la collaboration en réseau », et apporte une « clarification de la terminologie « . En effet, le document rappelle que « pour pouvoir accéder au grade académique dans l’un des trois cycles ou à d’autres titres, l’étudiant doit satisfaire aux conditions fixées par le Statut de la Faculté, à savoir : être régulièrement inscrit ; avoir terminé le programme d’études quantifié en crédits d’enseignement comparables ou en ECTS adéquats; avoir réussi les examens correspondants ».
A propos du programme des études, l’instruction rappelle que « les études ecclésiastiques ne peuvent se limiter au transfert de connaissances, de compétences, d’expériences… mais doivent acquérir la tâche de développer des outils intellectuels capables de se présenter comme des paradigmes d’action et de pensée » utiles à l’évangélisation. En somme, « le travail scientifique de l’étudiant d’une faculté ecclésiastique ne se réduit pas à la simple réalisation dans l’ordre des études », mais il faut « plutôt élargir l’horizon de la formation » en assistant « à des conférences et des séminaires, en participant à des exercices, une étude et un travail personnels, la préparation d’articles, une participation active, de la recherche, une action pastorale ».
La Congrégation romaine invite donc les Universités et les Facultés ecclésiastiques à approfondir « de plus en plus l’actualité » de Veritatis gaudium et à se doter « de manière adéquate des nouvelles technologies, en développant également des formes de collaboration, de recherche partagée et en prenant soin de la qualité technique et pédagogique ». Le dicastère leur recommande aussi « un plus grand engagement dans la préparation spécifique des enseignants et des tuteurs pour l’utilisation correcte des nouvelles méthodes pédagogiques et des outils pédagogiques ». Le document indique donc les « modalités pédagogiques de l’offre de formation », par l’enseignement, l’accompagnement et l’évaluation : un enseignement en « présentiel » ou « immédiat », grâce à « une interaction directe entre l’enseignant et l’étudiant, et entre étudiants, et qui ne nécessite pas d’interpositions ou d’outils » ; une modalité « médiate », dans laquelle l’enseignement, l’accompagnement et l’évaluation « sont réalisés grâce à une plate-forme télématique » ; et enfin, une modalité « mixte » (Blended Learning).
L’enseignement à distance
Pour ce qui est des « formes d’enseignement à distance », le document précise qu’il est nécessaire de garantir les rencontres:
– grâce au cours donné dans une salle avec la présence physique des étudiants (ordinaire) ;
– par des leçons en ligne mais dites « présentielles », afin que, tout en utilisant ses méthodologies pédagogiques et des outils pédagogiques spécifiques pour l’enseignement à distance, l’enseignant réalise l’activité en temps réel et en direct électroniquement avec la participation des étudiants, qui à leur tour peuvent interagir ; des sessions extraordinaires, dans lesquelles ceux-ci peuvent être convoqués dans un lieu physique pour des moments spécifiques ;
– par un enseignement individuel ou en petits groupes ;
– par des rencontres complémentaires en plus de l’étude personnelle et du temps consacré à la lecture, à la compréhension et à la réalisation des activités de chaque matière.
De plus, l’enseignement à distance suppose des « relations académiques » entre l’étudiant avec l’enseignant, avec le tuteur, avec les autres étudiants et avec la direction des institutions académiques.
Un public élargi et l’évaluation
Le document suggère ainsi d’élargir le public auquel cet enseignement s’adresse: en utilisant l’enseignement à distance, ils « pourraient élargir la formation académique pour atteindre » tous les membres du peuple de Dieu « engagés dans l’évangélisation » tels que les agents pastoraux, les membres de la vie contemplative et les « périphéries humaines », qui incluent les pauvres, les malades, les migrants, les itinérants, les artistes de cirque, les apatrides, les détenus, les personnes seules et celles qui vivent et travaillent en mer ou sur les routes.
A cet égard, l’Instruction confie à la Congrégation la tâche « d’évaluer et d’approuver les demandes des systèmes éducatifs » pour ceux qui appartiennent à ces trois groupes, « après avoir entendu les bureaux compétents de la Conférence épiscopale ou de la structure hiérarchique orientale ou du supérieur majeur ».
La seconde partie du document demande aussi de garantir l’accès à la bibliothèque et aux bases de données pour les étudiants en formation à distance.
Enfin, elle indique deux critères d’évaluation, compatibles et complémentaires : une évaluation « continue » pour les activités programmées pendant le déroulement du cours pouvant être réalisées grâce à une plate-forme télématique ; et une évaluation « finale », qui atteste l’acquisition des connaissances et des compétences dans chaque discipline.
La troisième et dernière partie du document est « strictement normative » et contient les « critères d’admission aux programmes du système académique », l' »insertion dans le cadre des qualifications du Saint-Siège » et les « diplômes canoniques et autres titres conférés à la fin du programme ». Avec les « pourcentages à adopter pour l’enseignement à distance ».