Pré-sommet de Rome sur l'alimentation, juillet 2021, capture ONU

Pré-sommet de Rome sur l'alimentation, juillet 2021, capture ONU

Pré-sommet de l’ONU sur les «Systèmes alimentaires»: message du pape François (traduction complète)

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La faim, crime contre les droits humains

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« Vaincre la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition à l’ère du COVID-19 »: voilà le défi actuel selon le pape François, qui rappelle que « nous produisons assez de nourriture pour tout le monde », et invite à la fraternité.

Le pape a en effet adressé un message au « pré-sommet » des Nations Unies sur les « Systèmes alimentaires »,  organisé, ce 26 juillet 2021, à Rome, en vue du sommet mondial qui se tiendra en septembre 2021 à New York.

Pour atteindre cet objectif, le pape François recommande de prendre des mesures qui « satisfassent pleinement les besoins des femmes rurales, favorisent l’emploi des jeunes et améliorent le travail des agriculteurs dans les zones les plus pauvres et les plus reculées ».

Il invite à élaborer « un système alimentaire fondé sur la responsabilité, la justice, la paix et l’unité de la famille humaine ».

« Tout au long de cette rencontre, insiste le pape, nous avons la responsabilité de réaliser le rêve d’un monde où le pain, l’eau, les médicaments et le travail circulent en abondance et atteignent en premier les plus nécessiteux. »

Le maître mot du pape arrive en conclusion lorsqu’il invite « marcher dans une authentique fraternité ».

Voici notre traduction, rapide, de travail, du message du pape François, à partir de l’original en espagnol.

AB

Message du pape François

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Je salue cordialement tous ceux qui participent à cette importante rencontre, qui met une fois de plus en évidence comment l’un de nos plus grands défis actuels est de vaincre la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition à l’ère du COVID-19.

Cette pandémie nous a confrontés à des injustices systémiques qui minent notre unité en tant que famille humaine. Nos frères et sœurs les plus pauvres, et la Terre – notre Maison Commune qui « pleure les dommages que nous provoquons à cause de l’usage irresponsable et de l’abus des biens que Dieu y a placés » [1] – exigent un changement radical.

Nous développons de nouvelles technologies avec lesquelles nous pouvons augmenter la capacité de la planète à donner des fruits, et pourtant nous continuons à exploiter la nature au point de la stériliser, [2] en élargissant ainsi non seulement les déserts extérieurs mais aussi les déserts spirituels intérieurs [3]. Nous produisons assez de nourriture pour tout le monde, mais beaucoup se retrouvent sans leur pain quotidien. Cela « constitue un véritable scandale » [4], un crime qui viole les droits humains fondamentaux. Il est donc du devoir de tous d’éradiquer cette injustice [5] par des actions concrètes et de bonnes pratiques, et par des politiques locales et internationales audacieuses.

Dans cette perspective, la transformation soigneuse et correcte des systèmes alimentaires joue un rôle important, qui doit être orienté de manière à ce qu’ils soient capables d’accroître la résilience, de fortifier les économies locales, d’améliorer la nutrition, de réduire le gaspillage alimentaire, de fournir une alimentation saine accessible à tous, à être durable du point de vue de l’environnement, et respectueux des cultures locales.

Si nous voulons garantir le droit fondamental à un niveau de vie suffisant [6] et tenir nos engagements pour atteindre l’objectif « Faim Zéro » [7], il ne suffit pas de produire de la nourriture. Il faut une nouvelle mentalité et une nouvelle approche intégrale [8] et concevoir des systèmes alimentaires qui protègent la Terre et maintienne la dignité de la personne humaine au centre ; qui garantissent une nourriture suffisante au niveau mondial et promeuvent un travail digne au niveau local ; et qu’ils nourrissent le monde aujourd’hui, sans compromettre l’avenir.

Il est essentiel de retrouver le caractère central du secteur rural, dont dépend la satisfaction de nombreux besoins humains fondamentaux, et il est urgent que le secteur agricole retrouve un rôle prioritaire dans le processus de prise de décisions politiques et économiques, visant à délimiter les cadre du processus de « relance » post-pandémique que l’on est en train d’élaborer.

Dans ce processus, les petits agriculteurs et les familles agricoles doivent être considérés comme des acteurs privilégiés. Leurs connaissances traditionnelles ne doivent pas être négligées ou ignorées, tandis que leur implication directe leur permet de mieux comprendre leurs priorités et leurs besoins réels.

C’est important de faciliter l’accès des petits agriculteurs et de l’agriculture familiale est une composante essentielle des services nécessaires à la production, la commercialisation et l’utilisation des ressources agricoles. La famille est une composante essentielle des systèmes alimentaires, car dans la famille « on apprend à profiter du fruit de la terre sans en abuser et l’on découvre les meilleurs outils pour diffuser des modes de vie respectueux du bien personnel et collectif ».[9]

Cette reconnaissance doit s’accompagner de politiques et d’initiatives qui satisfassent pleinement les besoins des femmes rurales, favorisent l’emploi des jeunes et améliorent le travail des agriculteurs dans les zones les plus pauvres et les plus reculées.

Nous sommes conscients que des intérêts économiques individuels, fermés et conflictuels – mais puissants – [10] nous empêchent de concevoir un système alimentaire qui réponde aux valeurs du Bien Commun, de la solidarité et de la « culture de la rencontre ». Si nous voulons maintenir un multilatéralisme fécond [11] et un système alimentaire fondé sur la responsabilité, la justice, la paix et l’unité de la famille humaine sont primordiales. [12]

La crise à laquelle nous sommes actuellement confrontés est en fait une occasion unique pour lancer des dialogues authentiques, audacieux et courageux, [13] en abordant les racines de notre système alimentaire injuste.

Tout au long de cette rencontre, nous avons la responsabilité de réaliser le rêve d’un monde où le pain, l’eau, les médicaments et le travail circulent en abondance et atteignent en premier les plus nécessiteux. Le Saint-Siège et l’Église catholique se mettront au service de ce noble objectif, en offrant leur contribution, en unissant leurs forces et leurs volontés, leurs actions et leurs sages décisions.

Je prie Dieu que personne ne soit laissé pour compte, que toute personne puisse faire face à ses besoins fondamentaux. Puisse cette rencontre pour la régénération des systèmes alimentaires nous mettre sur la voie de la construction d’une société pacifique et prospère, et semer des semences de paix qui nous permettent de marcher dans une authentique fraternité [14].

Du Vatican, le 26 juillet 2021,

FRANÇOIS

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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