Angélus du 25 juillet 2021, capture Vatican Media

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Angélus : « si tu partages, Dieu multiplie » (Traduction intégrale)

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Additions versus soustraction

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« Donne le peu que tu as, tes talents et tes biens, mets-les à disposition de Jésus et de ses frères… si tu partages, Dieu multiplie. Chasse ta fausse modestie de te sentir inadéquat, fais confiance » : c’est l’appel du pape François à l’angélus de ce dimanche 25 juillet 2021.

« Crois dans l’amour, dans le pouvoir du service, dans la force de la gratuité », a-t-il aussi exhorté depuis une fenêtre du palais apostolique donnant sur la Place Saint-Pierre, une dizaine de jours après son retour d’hospitalisation (4-14 juillet).

« La multiplication des biens ne résout pas les problèmes sans un partage juste », a averti le pape en dénonçant « la tragédie de la faim » et en appelant à « la logique du don » : « Nous cherchons à accumuler et à accroître ce que nous avons ; Jésus au contraire demande de donner, de diminuer. Nous aimons ajouter, les additions nous plaisent ; Jésus aime les soustractions, enlever quelque chose pour le donner aux autres. Nous voulons multiplier pour nous ; Jésus apprécie quand nous divisons avec les autres, quand nous partageons. »

« Le vrai miracle… a conclu le pape, n’est pas la multiplication qui produit de l’orgueil et du pouvoir, mais la division, le partage, qui augmente l’amour. »

Méditation du pape François

Chers frères et soeurs, bonjour !

L’Evangile de la Liturgie de ce dimanche raconte le célèbre épisode de la multiplication des pains et des poissons, avec lesquels Jésus rassasie quelque 5000 personnes venues l’écouter (cf. Jn6,1-15). Il est intéressant de voir comment se réalise ce miracle : Jésus ne crée pas les pains et les poissons à partir de rien, mais il agit à partir de ce que lui apportent les disciples. L’un d’eux dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » (v. 9). C’est peu, c’est rien, mais cela suffit à Jésus.

Essayons à présent de nous mettre à la place de ce jeune. Les disciples lui demandent de partager tout ce qu’il a à manger. Cela semble une proposition insensée. Pourquoi priver une personne, en plus un jeune, de ce qu’il a apporté de chez lui et qu’il a le droit de garder pour lui ? Pourquoi enlever à l’un ce qui ne suffit pas à rassasier tous ? Humainement ce n’est pas logique. Mais pour Dieu non. Ou plutôt, justement grâce à ce petit don gratuit, et par conséquent héroïque, Jésus peut rassasier tout le monde. C’est un grand enseignement pour nous. Cela nous dit que le Seigneur peut faire beaucoup avec le peu que nous mettons à sa disposition. Il serait beau de nous demander chaque jour : “Aujourd’hui qu’est-ce que j’apporte à Jésus ?”. Il peut faire beaucoup avec notre prière, avec notre geste de charité pour les autres, même avec notre misère remise à sa miséricorde… Dieu aime agir ainsi : il fait de grandes choses à partir des petites, gratuites.

Tous les grands protagonistes de la Bible – d’Abraham à Marie jusqu’au jeune d’aujourd’hui – montrent cette logique de la petitesse et du don. La logique du don est si différente de la nôtre. Nous cherchons à accumuler et à accroître ce que nous avons ; Jésus au contraire demande de donner, de diminuer. Nous aimons ajouter, les additions nous plaisent ; Jésus aime les soustractions, enlever quelque chose pour le donner aux autres. Nous voulons multiplier pour nous ; Jésus apprécie quand nous divisons avec les autres, quand nous partageons. Il est curieux que dans les récits de la multiplication des pains présents dans les Evangiles, le verbe “multiplier” n’apparaisse jamais. Et même que les verbes utilisés aient un sens contraire : “rompre”, “donner”, “distribuer” (cf. v. 11; Mt 14,19; Mc 6,41; Lc 9,16). Le vrai miracle, dit Jésus, n’est pas la multiplication qui produit de l’orgueil et du pouvoir, mais la division, le partage, qui augmente l’amour et permet à Dieu d’accomplir des miracles…

Aujourd’hui aussi la multiplication des biens ne résout pas les problèmes sans un partage juste. Il nous vient à l’esprit la tragédie de la faim, qui concerne en particulier les plus fragiles. On a calculé – officiellement – que chaque jour dans le monde, quelque 7000 enfants de moins de cinq ans meurent des conséquences de la malnutrition. Face à de tels scandales, Jésus nous adresse à nous aussi une invitation, une invitation semblable à celle que reçut probablement le jeune de l’Evangile, qui n’a pas de nom et dans lequel nous pouvons tous nous reconnaître : “Courage, donne le peu que tu as, tes talents et tes biens, mets-les à disposition de Jésus et de tes frères. N’aie pas peur, rien ne sera perdu, parce que, si tu partages, Dieu multiplie. Chasse ta fausse modestie de te sentir inadéquat, fais confiance. Crois dans l’amour, dans le pouvoir du service, dans la force de la gratuité”.

Que la Vierge Marie, qui a répondu “oui” à la proposition inouïe de Dieu, nous aide à ouvrir notre coeur aux invitations du Seigneur et aux besoins des autres.

Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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