Soeur Gabriella Bottani @ va.usembassy.gov

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Trafic d’êtres humains: la parole à Sœur Gabriella Bottani, de Talitha Kum

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Lancement de la campagne #CareAgainstTrafficking

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Contre le trafic des êtres humains, « seuls, nous ne pouvons rien faire », affirme sœur Gabriella Bottani, CMS, coordinatrice internationale du réseau Talitha Kum. Mais « si nous apprenons à lever les yeux ensemble, comme je l’ai vu si souvent en soutenant la création des réseaux de Talitha Kum dans le monde, le miracle peut se produire ».

Le réseau mondial contre la traite Talitha Kum – plus de trois mille religieuses catholiques et laïcs – lance la campagne #CareAgainstTrafficking en vue de la Journée mondiale contre la traite des personnes qui sera célébrée vendredi 30 juillet prochain.

Sœur Gabriella Bottani, CMS, coordinatrice internationale de Talitha Kum, a répondu a une interview à Radio Vatican – Vatican News. Pour surmonter les peurs, elle invite à œuvrer ensemble, en s’unissant aux « forces du bien qui sont présentes dans notre société ». Et à participer à la campagne en utilisant les réseaux sociaux.

L’idée de la campagne, explique sœur Gabriella Bottani, est partie « de l’expérience du temps que nous vivons, marqué par la pandémie. Un temps où nous avons appris et où nous nous sommes réapproprié la valeur des soins et le thème de la campagne est justement les soins contre la traite. Le hashtag #CareAgainstTrafficking nous rappelle la valeur des soins, un mot très cher au pape qui nous a rappelé l’importance de promouvoir une économie des soins, dans la dernière édition de la Journée de prière et de réflexion contre la traite, le 8 février dernier. Une économie qui lutte contre l’économie de l’exploitation, comprise non seulement comme un grand marché, mais également dans sa capacité à sauvegarder notre maison commune, la dignité des personnes. C’est ce dont nous nous préoccupons tous les jours et qui est utile pour combattre l’exploitation des personnes ».

Des histoires de personnes

Par la suite, l’idée a germé de recueillir les histoires des personnes, en racontant « comment nous pouvons prendre soin d’elles pour lutter contre la traite ». Cela peut se faire de différentes façons, « avec des gestes d’attention, avec simplicité et non la perfection ». Pendant la crise de la pandémie, le réseau a soutenu les survivants « en leur offrant une aide matérielle concrète comme le paiement du loyer ou la nourriture. Prendre soin signifie favoriser une instruction de qualité pour être compétitif sur le marché du travail ».

Parmi les nombreuses histoires recueillies, la coordinatrice internationale de Talitha Kum évoque celle d’une vieille maman éthiopienne ayant perdu tout contact avec sa fille, partie des années auparavant au Moyen Orient : « Nous avons réussi à l’identifier, elle était au Liban et nous l’avons cherchée pendant six mois. A la fin, nous l’avons trouvée ; elle était dans un hôpital psychiatrique à cause des traumatismes de la traite. A partir de là tout un processus a été lancé pour la reprendre et la faire retourner dans son pays. Prendre soin nous rend proches des blessures profondes, qui ne se soignent pas rapidement ».

Mettre la personne au centre

Fort de son expérience, le réseau Talitha Kum veut interpeller les gouvernements et les organisations internationales afin que la dignité de la personne, à travers ce processus de libération, soit vraiment mise au centre. « En ces temps difficiles, souligne la religieuse, nous devons veiller à ne pas nous laisser prendre au piège de situations qui normalisent l’exploitation. Le pape François nous a parlé à diverses reprises du risque de l’indifférence, qui permet au trafic de prospérer et aussi de se normaliser. Nous ne pouvons pas baisser la garde : la dignité de chaque personne doit être promue ».

Ensemble pour vaincre la peur

Pour sœur Gabriella, il faut surmonter la peur : « peur de s’appauvrir, ou même d’entrer en relation avec les blessures des autres qui peuvent nous mettre dans des situations inconfortables ». « Je m’aperçois, dit-elle, qu’il est fondamental d’unir nos forces, d’être ensemble, de nous retrouver et nous soutenir. C’est un chemin important s’il est fait ensemble, en unissant les forces du bien qui sont présentes dans notre société, afin de trouver le courage de regarder. Si souvent, nous ne regardons pas parce que nous ne savons pas quoi faire, parce que seuls, nous ne pouvons rien faire. Si nous apprenons à lever les yeux ensemble, comme je l’ai vu si souvent en soutenant la création des réseaux de Talitha Kum dans le monde, le miracle peut se produire. »

Utiliser les réseaux sociaux

Nous invitons à partager des histoires et des expériences sur les réseaux sociaux par exemple, en cette semaine qui nous sépare de la Journée mondiale du 30 juillet, avec le hashtag #CareAgainstTrafficking, et en taguant @talithakumrome pour permettre au récit d’être visible. L’histoire, même brève, peut être envoyée à l’adresse mail communication@talithakum.info qui est l’adresse de la poste électronique sur laquelle nous recueillant les histoires pour les diffuser ensuite sur les réseaux sociaux. On peut les envoyer en différentes langues.

Une économie solidaire et courageuse

Dans le message vidéo pour la septième Journée mondiale de prière et de réflexion contre la traite des êtres humains, le pape François affirme qu’une économie sans la traite prend soin des personnes et de la nature. C’est une « économie solidaire » Une économie sans la traite, ajoute le pape, est disciplinée par « des règles de marché qui promeuvent la justice et non des intérêts particuliers exclusifs » :

« La traite des personnes trouve un terrain fertile dans le cadre du capitalisme néo-libéral, dans la dérèglementation des marchés qui vise à maximiser les profits sans limites éthiques, sans limites sociales et sans limites environnementales. Si l’on suit cette logique, il n’existe que le calcul des avantages et des désavantages. Les choix ne se font pas sur la base de critères éthiques, mais en suivant les intérêts dominants, souvent habilement revêtus d’une apparence humanitaire ou écologique. Les choix ne se font pas en regardant les personnes : les personnes sont un des chiffres, qu’il faut aussi exploiter. »

Une économie sans la traite, conclut François, est une économie courageuse qui répond à la crise sans myopie et qui ne regarde pas seulement le court terme, mais également le long terme. En plaçant toujours la personne au centre.

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Hélène Ginabat

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