Les mouvements populaires constituent « un outil de lutte contre l’injustice », explique le cardinal Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral qui est intervenu dans le cadre de la rencontre des mouvements populaires organisée vendredi 9 juillet, en visioconférence.
Voici le communiqué du cardinal Turkson, publié à l’issue de la rencontre.
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Un changement qui vient d’une vie en harmonie avec la Création, sous le signe de l’écologie intégrale, dans le respect des droits des peuples autochtones, à la recherche du bien commun: ce sont les lignes directrices indiquées par le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, lors de la 4e rencontre mondiale des mouvements populaires qui s’est tenue en ligne cet après-midi. Il s’agissait d’une première étape en vue de celle de septembre, qui devrait constituer une occasion de partager le travail et les luttes des mouvements populaires pendant la pandémie, de dialoguer avec le Pape François sur les conclusions des réunions, et d’écouter son message.
Réfléchir à l’impact du virus sur les travailleurs les plus humbles et les plus marginalisés a été le point de départ du débat auquel ont participé des personnes issues de milieux tres divers: «les brocanteurs, les recycleurs, les vendeurs de rue, les créateurs de mode, les artisans, les pêcheurs, les agriculteurs, les constructeurs, les mineurs, les travailleurs des entreprises de récupération et tous les types de coopératives, les travailleurs des secteurs populaires, les travailleurs chrétiens appartenant à différents secteurs et professions, les travailleurs des quartiers et des villages… qui pratiquent la culture de la rencontre et marchent ensemble», indique le dicastère.
Les pauvres luttent contre l’injustice
Cette rencontre avait pour objectif de donner «voix et visibilité» aux préoccupations de ceux qui se sentent marginalisés et qui devraient au contraire voir leurs droits garantis, comme le Pape l’a souligné lors des trois rencontres précédentes (au Vatican, en 2014 et 2016; à Santa Cruz de la Sierra, en Bolivie, en 2015), en particulier les trois T : terre, toit et travail, qui constituent des critères fondamentaux pour la justice sociale.
Du Brésil, d’Inde et d’Espagne sont venus les témoignages de ceux qui sont en première ligne. Le cardinal Turkson a demandé un engagement, une action urgente «pour mettre l’économie au service de la personne» afin de la rendre «juste». «Les pauvres ne font pas que subir l’injustice, ils luttent aussi contre l’injustice. Et ceci est fondamental pour le mouvement populaire, qui non seulement représente le peuple qui lutte pour ceux qui subissent l’injustice, mais qui est aussi le groupe qui cherche à établir pour eux l’ordre social et économique juste», a insisté le cardinal ghanéen.
Favoriser une culture plus solidaire
«Nous avons besoin de la solidarité entre nous, qui est le fondement d’une culture populaire qui part des périphéries, créant un niveau très profond dans les relations entre les personnes, favorisant l’intégration dans la société», a expliqué le cardinal, en mettant en avant la solidarité comme ciment et principe pour amener les structures inégales de la société vers l’égalité et vers la justice, la solidarité sociale, la paix. «Nous sommes en train de faire l’histoire en menant une lutte qui entend surmonter les causes structurelles de la pauvreté et de l’injustice, en la poursuivant, comme François l’a indiqué à plusieurs reprises, avec courage, avec intelligence et avec ténacité, et non avec fanatisme et violence», a expliqué le cardinal.
Le processus de changement doit être mené en défendant «le travail décent, en nous efforçant de créer des emplois décents par l’inclusion et en promouvant une économie communautaire et sociale qui protège la vie des communautés dans lesquelles la solidarité prévaut sur le profit». «Nous luttons contre la culture de l’indifférence et tout en poursuivant notre propre dignité, nous protégeons également la dignité des autres», a-t-il expliqué.