GLOBSEC Bratislava Forum

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Reconstruire le monde après la pandémie: reconnaître et corriger les erreurs du passé

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Message vidéo au GLOBSEC Bratislava Forum

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Pour reconstruire le monde après la pandémie, il faut reconnaître les erreurs du passé, les « carences systémiques » et le « manque de responsabilité » qui ont contribué à aggraver la crise, afin de « corriger ce qui ne fonctionnait déjà pas avant ».

Le pape François a adressé un message vidéo aux participants à la 16ème édition du GLOBSEC Forum intitulé « Améliorer le processus de reconstruction du monde », qui se tient à Bratislava du 15 au 17 juin 2021. Il a proposé une réflexion autour de trois verbes : voir, juger et agir.

Le pape a dénoncé le « sentiment de sécurité illusoire fondé sur la soif de profit », un « modèle de vie économique et sociale, caractérisé par de nombreuses inégalités et égoïsmes » et un « mode de vie qui ne prend pas suffisamment soin de l’environnement ».

Il a invité à « transformer le temps d’épreuve en un temps de choix », « pour le bien ou pour le mal », et à « mettre en place une œuvre de conversion » s’appuyant sur des « décisions qui convertissent la mort en vie, les armes en nourriture ».

Voici notre traduction du message vidéo du pape.

Message vidéo du pape François

Monsieur le Président, merci pour votre aimable invitation à participer, par le biais de ce message vidéo, à la 16èmeédition du GLOBSEC Bratislava Forum, consacrée au thème : « Améliorer le processus de reconstruction du monde ».

Je vous salue, ainsi que tous les organisateurs et participants à cette conférence. Je voudrais exprimer ma gratitude pour la plateforme que le Bratislava Forum offre à ce débat important sur la reconstruction de notre monde après l’expérience de la pandémie, qui nous oblige à nous confronter à une série de graves questions socio-économiques, écologiques et politiques qui sont toutes liées entre elles.

A cet égard, je voudrais vous proposer quelques points de réflexion, en m’inspirant de la méthode du trinôme voir – juger – agir.

Voir

Une analyse sérieuse et honnête du passé, qui suppose la reconnaissance des carences systémiques, des erreurs commises et du manque de responsabilité à l’égard du Créateur, du prochain et de la création, me semble indispensable pour développer une idée de reprise visant non seulement à reconstruire ce qui existait, mais à corriger ce qui ne fonctionnait déjà pas avant l’avènement du coronavirus et qui a contribué à aggraver la crise. Ceux qui veulent se relever de leur chute doivent faire face aux circonstances de leur propre effondrement et reconnaître les éléments de leur responsabilité. Je vois donc un monde qui a été trompé par un sentiment de sécurité illusoire fondé sur la soif de profit.

Je vois un modèle de vie économique et sociale, caractérisé par de nombreuses inégalités et égoïsmes, où une infime minorité de la population mondiale possède la majorité des biens, n’hésitant souvent pas à exploiter les personnes et les ressources.

Je vois un mode de vie qui ne prend pas suffisamment soin de l’environnement. Nous nous sommes habitués à consommer et à détruire sans retenue ce qui appartient à tous et qui doit être entretenu avec respect, créant une « dette écologique » qui pèse avant tout sur les pauvres et les générations futures.

Juger

La seconde étape consiste à évaluer ce que l’on a vu. En saluant mes collaborateurs de la Curie romaine à l’occasion de Noël dernier, j’ai proposé une brève réflexion sur le sens de la crise. La crise ouvre des possibilités nouvelles : c’est en effet un défi ouvert pour affronter la situation actuelle, pour transformer le temps d’épreuve en un temps de choix. En effet, une crise oblige à choisir, pour le bien ou pour le mal. Comme je l’ai déjà répété, on ne sort pas les mêmes d’une crise : ou on en sort meilleur, ou on en sort pires. Mais jamais les mêmes.

Juger ce que nous avons vu et vécu nous pousse à améliorer. Profitons de ce temps pour faire des pas en avant. La crise qui a frappé tout le monde nous rappelle que personne ne se sauve seul. La crise nous ouvre la voie vers un avenir qui reconnaisse la véritable égalité de tous les êtres humains : non pas une égalité abstraite, mais concrète, qui offre aux personnes et aux peuples des opportunités équitables et réelles de développement.

Agir

Celui qui n’agit pas gâche des opportunités offertes par la crise. Agir, devant les injustices sociales et les marginalisations, requiert un modèle de développement qui mette au centre « tous les hommes et tout l’homme », « en tant que pilier fondamental à respecter et à protéger, en adoptant une méthodologie qui inclut l’éthique de la solidarité et la “charité politique“ » (Message à la directrice de l’UNESCO, Audrey Azoulay, 24 mars 2021).

Tout agir a besoin d’une vision, une vision d’ensemble et d’espérance : une vision comme celle du prophète biblique Isaïe, qui voyait les épées se transformer en socs et les lances en faucilles (cf. Is 2, 4). Agir pour le développement de tous consiste à mettre en place une œuvre de conversion. Et avant tout, des décisions qui convertissent la mort en vie, les armes en nourriture.

Mais nous avons tous besoin d’entreprendre également une conversion écologique. La vision d’ensemble inclut en effet la perspective d’une création comprise comme la « maison commune » et requiert que l’on agisse d’urgence pour la protéger.

Chers amis, animé par l’espérance qui vient de Dieu, j’espère que vos échanges pendant ces journées contribueront à un modèle de reprise capable de générer des solutions plus inclusives et durables ; un modèle de développement qui se fonde sur la cohabitation pacifique des peuples et sur l’harmonie avec la création. Bon travail et merci !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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