Audience générale du 2 juin 2021 © Vatican Media

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Catéchèse : « Si j’ai fait des choses très laides… continue-t-il à m’aimer ? »

Jésus modèle et âme de chaque prière

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« – Mais père, si je suis dans un état de péché mortel, l’amour de Jésus est-il là ? – Oui – Et Jésus continue-t-il à prier pour moi ? – Oui – Mais si j’ai fait des choses très laides et commis de nombreux péchés, Jésus continue-t-il à m’aimer ? – Oui. » C’est le dialogue décrit par le pape François à l’audience générale de ce 2 juin 2021.

« Il est impressionnant de savoir qu’au moment de la faiblesse, à ce moment-là, l’amour de Jésus ne cesse pas », a affirmé le pape dans sa catéchèse. Et d’insister : « Nous devons toujours nous souvenir de cela: Jésus prie pour moi, il prie maintenant devant le Père… en ce moment Jésus est-il en train de prier pour moi ? Oui. C’est une grande certitude que nous devons avoir. »

« Il faut prier plus intensément chaque fois que la route commence à monter », a aussi affirmé le pape qui présidait cette rencontre hebdomadaire dans la Cour Saint-Damase du palais du Vatican.

Catéchèse – 36. Jésus modèle et âme de chaque prière

Chers frères et sœurs, bonjour!

Les Evangiles nous montrent combien la prière a été fondamentale dans la relation de Jésus avec ses disciples. Cela apparaît déjà dans le choix de ceux qui deviendront ensuite les apôtres. Luc inscrit leur élection dans un contexte précis de prière et il dit cela: «Or il advint, en ces jours-là, qu’il s’en alla dans la montagne pour prier, et il passait toute la nuit à prier Dieu. Lorsqu’il fit jour, il appela ses disciples et il en choisit douze, qu’il nomma apôtres» (6,12-13). Jésus les choisit après une nuit de prière. Il semble qu’il n’y ait pas d’autre critère dans ce choix que la prière, le dialogue de Jésus avec le Père. Si l’on juge la manière dont se comporteront ensuite ces hommes, il semble que le choix n’ait pas été des meilleurs car ils ont tous fui, ils l’ont laissé seul avant la Passion; mais c’est précisément cela, en particulier la présence de Judas, le futur traître, qui démontre que ces noms étaient inscrits dans le dessein de Dieu.

La prière en faveur de ses amis réapparaît constamment dans la vie de Jésus. Les apôtres deviennent quelquefois un motif de préoccupation pour lui, mais Jésus, de même qu’il les a reçus du Père, après la prière, les porte de la même façon dans son cœur, également dans leurs erreurs, également dans leurs chutes. Dans tout cela, nous découvrons que Jésus a été un maître et un ami, toujours disponible à attendre avec patience la conversion du disciple. Le sommet le plus élevé de cette attente patiente est la “toile” d’amour que Jésus tisse autour de Pierre. Lors de la Dernière Cène, il lui dit: «Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères» (Lc 22, 31-32). Il est impressionnant de savoir qu’au moment de la faiblesse, à ce moment-là, l’amour de Jésus ne cesse pas – «Mais père, si je suis dans un état de péché mortel, l’amour de Jésus est-il là?» – Oui –  Et Jésus continue-t-il à prier pour moi ? – Oui – Mais si j’ai fait des choses très laides et commis de nombreux péchés, Jésus continue-t-il à m’aimer ? – Oui». L’amour et la prière de Jésus pour chacun de nous ne cessent pas, ils deviennent même plus intenses et nous sommes au centre de sa prière! Nous devons toujours nous souvenir de cela: Jésus prie pour moi, il prie maintenant devant le Père et il lui fait voir les plaies qu’il a apportées avec lui, pour faire voir au Père le prix de notre salut, c’est l’amour qu’il nourrit pour nous. Mais en ce moment, chacun de nous pense: en ce moment Jésus est-il en train de prier pour moi ? Oui. C’est une grande certitude que nous devons avoir.

La prière de Jésus revient ponctuellement à un moment crucial de son chemin, celui de la vérification de la foi des disciples. Ecoutons encore l’évangéliste Luc: «Et il advint, comme il était à prier, seul, n’ayant avec lui que les disciples, qu’il les interrogea en disant: « Qui suis-je, au dire des foules? » Ils répondirent: « Jean le Baptiste; pour d’autres, Elie; pour d’autres, un des anciens prophètes est ressuscité ». « Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je? ». Pierre répondit au nom de tous:  » Le Christ de Dieu ». Mais lui leur enjoignit et prescrivit de ne le dire à personne» (9,18-21). Les grandes étapes de la mission de Jésus sont toujours précédées par une prière, non pas en passant, mais par une prière intense, prolongée. Dans ces moments-là, il y a toujours la prière. Cette vérification de la foi semble une ligne d’arrivée et, en revanche, elle est un point de départ renouvelé pour les disciples, car dorénavant c’est comme si Jésus franchissait un cap dans sa mission, en leur parlant ouvertement de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.

Dans cette perspective, qui suscite instinctivement la répulsion, aussi bien chez les disciples qu’en nous qui lisons l’Evangile, la prière est la seule source de lumière et de force. Il faut prier plus intensément chaque fois que la route commence à monter.

Et en effet, après avoir annoncé à ses disciples ce qui l’attend à Jérusalem, a lieu l’épisode de la Transfiguration. «Prenant avec lui Pierre, Jean et Jacques, il gravit la montagne pour prier. Et il advint, comme il priait, que l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement, d’une blancheur fulgurante. Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui: c’étaient Moïse et Elie qui, apparus en gloire, parlaient de son départ, qu’il allait accomplir à Jérusalem» (Lc 9, 28-31), c’est-à-dire la passion. Cette manifestation anticipée de la gloire de Jésus a donc eu lieu dans la prière, alors que le Fils de Dieu était plongé dans la communion avec le Père et consentait pleinement à sa volonté d’amour, à son dessein de salut. Et de cette prière émerge une parole claire pour les trois disciples concernés: «Celui-ci est mon Fils, l’Elu, écoutez-le» (Lc 9, 35). C’est de la prière que vient l’invitation à écouter Jésus, toujours de la prière.

De ce parcours rapide à travers l’Evangile, il ressort que Jésus veut non seulement que nous priions comme Il prie, mais qu’il nous assure que, même si nos tentatives de prière étaient complètement vaines et inefficaces, nous pouvons toujours compter sur sa prière. Nous devons être conscients: Jésus prie pour moi. Une fois, un brave évêque me raconta qu’à un moment très difficile de sa vie et d’une grande épreuve, un moment d’obscurité, il regarda vers le haut dans la basilique et il vit cette phrase écrite: «Moi, Pierre, je prierai pour toi». Et cela lui a donné force et réconfort. Et cela arrive à chaque fois que l’un de nous sait que Jésus prie pour lui. Jésus prie pour nous. En ce moment, en ce moment. Faites l’exercice de mémoire de répéter cela. Quand il y a une difficulté, quand vous êtes pris par les distractions: Jésus est en train de prier pour vous. Mais père, est-ce que c’est vrai? C’est vrai, il l’a dit lui-même. N’oublions pas que ce qui soutient chacun de nous dans la vie est la prière de Jésus pour chacun de nous, avec son prénom, son nom, devant le Père, en lui faisant voir les plaies qui sont le prix de notre salut.

Même si nos prières n’étaient que des balbutiements, si elles étaient compromises pas une foi vacillante, nous ne devons jamais cesser d’avoir confiance en Lui; je ne sais pas prier, mais Lui prie pour moi. Soutenues par la prière de Jésus, nos prières timides s’appuient sur des ailes d’aigles et s’élèvent jusqu’au Ciel. N’oubliez pas: Jésus est en train de prier pour moi – Maintenant? – Maintenant. Au moment de l’épreuve, au moment du péché, également à ce moment-là, Jésus est en train de prier pour moi, avec beaucoup d’amour.

© Librairie éditrice du Vatican

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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