« La paix doit être enseignée dans toutes les écoles du monde comme la valeur suprême à réaliser, affirme le rabbin argentin Abraham Skorka, ami du pape François, dans L’Osservatore Romano en italien du 20 mai 2021. Partout, elle doit être le principe central de l’éducation. »
Abraham Skorka partage ses impressions sur la rencontre organisée par l’Observatoire permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies le 15 avril, à Genève. Des représentants d’institutions internationales et religieuses, ainsi que des représentants du Vatican étaient réunis afin d’étudier les implications de Fratelli tutti, la dernière encyclique du pape François. Selon le rabbin, les participants « l’ont considérée comme un document extraordinaire, un appel désespéré à l’humanité entière en des temps difficiles, aggravés par une pandémie dévastatrice ».
« Le thème central » de l’encyclique, explique Abraham Skorka, est « la nécessité de prendre soin du monde et d’inspirer ses habitants à s’aimer les uns les autres ».
« L’encyclique, poursuit-il, examine ces exigences fondamentales dans le contexte de la pandémie mondiale, ainsi que les explosions de violence qui dressent les personnes les unes contre les autres dans différents lieux. » Le rabbin évoque « un nouveau conflit au Moyen-Orient, où bombes et missiles étouffent les paroles de paix et de réconciliation ».
La réalité actuelle, selon le rabbin, « rappelle la situation décrite dans le récit biblique de la tour de Babel » lorsque « Dieu a imposé aux bâtisseurs de la tour la confusion des langues » et « ils ont tous découvert que personne ne parvenait pas à comprendre la langue des autres ».
« Aujourd’hui, la force létale de la technologie des armes étouffe les paroles capables d’essayer de résoudre les conflits et d’apporter la compréhension, affirme Abraham Skorka. Quand les missiles et les bombes deviennent le langage de la communication, l’unique résultat consiste en davantage de haine, davantage de division, davantage de mort. »
Aux temps bibliques, explique le rabbin, Jérusalem « vécut parfois des moments de violence extrême ». Mais la vision du prophète Zacharie, dit-il, « offre une perspective divine » : « Jérusalem s’appellera : “Ville de la loyauté“, et la montagne du Seigneur de l’univers : “Montagne sainte“ […]. Les vieux et les vieilles reviendront s’asseoir sur les places de Jérusalem, le bâton à la main, à cause de leur grand âge ; les places de la ville seront pleines de petits garçons et de petites filles qui viendront y jouer ».
Le rabbin souligne que « cette prophétie se concrétisera lorsque ses paroles et les paroles de Fratelli tutti, avec toutes les aspirations à la paix et à la justice, cesseront d’être de simples lettres écrites et deviendront des paroles enchâssées dans nos cœurs ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat
