Fratelli tutti sur L'Osservatore Romano, 4 octobre 2020 © Zenit, AKM

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Fratelli tutti : la vie comme « produit » et la vie comme « don », par Andrea Monda

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« Deux visions diamétralement opposées »

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« Il y a deux visions diamétralement opposées de l’homme et de la vie, celle du produit et celle du don », affirme Andrea Monda, directeur de L’Osservatore Romano, en réfléchissant sur les réactions « différentes et très variées » à la publication de la lettre encyclique Fratelli tutti du pape François.

Pour les chrétiens, écrit-il dans l’éditorial du 13 octobre 2020, « l’amour est positif, effusif, inclusif et génératif et a un lien étroit avec la vie comprise non pas comme un ‘risque’ à éviter, mais à courir, poussé par la force d’un don excédentaire à faire circuler : ‘Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.’ (Jean 15,13) ».

Le directeur du quotidien du Vatican évoque une autre « vision du monde » montrée par l’association OnePlanetOneChild qui promeut une campagne publicitaire à travers le Canada et les États-Unis : « L’affiche en question montre un visage, celui d’un bel enfant noir avec la bouche et les yeux grands ouverts, et en dessous se trouve une phrase claire et simple: ‘Le plus grand cadeau d’amour que vous puissiez faire à votre premier enfant est celui de ne pas en avoir d’autre.’ ».

Cette campagne publicitaire, explique Andrea Monda, « met en lumière une mentalité, une vision du monde, marquée par la fermeture engendrée par la peur de l’altérité et le manque de confiance que le texte du pape nous invite à surmonter avec ‘un cœur ouvert sur le monde entier’ ».

« Si le pape dit fratelli tutti, poursuit-il, l’association OnePlanetOneChild répond par ‘pas de frère’, car deux c’est déjà trop. Caïn a gagné. » Pour les auteurs de la publicité, « le message à transmettre est que le plus grand amour s’exprime en termes négatifs, en NE PAS faire quelque chose, ne pas générer un (autre) enfant, car ce serait précisément un ‘autre’ et donc ‘trop’. Pour les chrétiens, c’est le contraire qui est vrai ».

Le journaliste cite les paroles du pape François au numéro 19 de Fratelli tutti: « La baisse de la natalité, qui provoque le vieillissement des populations, associée à l’abandon des personnes âgées à une solitude douloureuse, est une manière subtile de signifier que tout se réduit à nous, que seuls comptent nos intérêts individuels. Ainsi, ‘ce ne sont pas seulement la nourriture ou les biens superflus qui sont objet de déchet, mais souvent les êtres humains eux-mêmes’ (discours au Corps diplomatique, le 13 janvier 2014) ».

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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