Mgr Rino Fisichella, 11 mai 2021, capture @ Vatican Media

Mgr Rino Fisichella, 11 mai 2021, capture @ Vatican Media

Le Catéchiste, un ministère en vue d’un « laïcat mieux formé et préparé », par Mgr Fisichella

Pour la « transmission de la foi »

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« Nul doute que l’institution de ce ministère, en lien avec ceux de l’acolytat et du lectorat, permettra d’avoir un laïcat mieux formé et préparé dans la transmission de la foi », estime Mgr Fisichella à propos de l’institution d’un ministère de catéchiste.

Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation et Mgr Franz-Peter Tebartz-van Elst, délégué pour la catéchèse de ce même dicastère ont en effet présenté, ce mardi 11 mai 2021, au Vatican, en en visio-conférence, la Lettre apostolique en forme de « motu proprio » du pape François Antiquum ministerium par laquelle est institué ce nouveau ministère.

Mgr Fisichella indique le sens de l’institution d’un ministère: « Pour l’Eglise l’institution d’un ministère équivaut à établir que la personne investie de ce charisme rend un authentique service ecclésial à la communauté.  »

Il met en garde contre toute tentation de « cléricalisation » de ce ministère typiquement « laïc »: « Ce service devra être vécu de manière « séculière », sans tomber dans des formes de cléricalisme qui ternissent la véritable identité du ministère, qui doit s’exprimer non pas d’abord dans le cadre liturgique, mais dans celui, spécifique, de la transmission de la foi par le biais de l’annonce et de l’instruction systématique. »

Il recommande spécialement la formation, et la connaissance du Catéchisme de l’Eglise catholique: « Les diocèses devront veiller à ce que les futurs catéchistes aient une solide préparation « biblique, théologique, pastorale et pédagogique nécessaire pour être des communicateurs attentifs de la vérité de la foi, et qu’ils aient déjà acquis une expérience de catéchèse » (n. 8). En ce sens, le Catéchisme de l’Eglise catholique pourra être l’instrument le plus qualifié dont chaque catéchiste sera un véritable expert. »

Pour la suite, Mgr Fisichella renvoie aux conférences épiscopales, en attendant le rituel de la congrégation romaine : « Les Conférences épiscopales devront donc identifier les conditions telles que l’âge et les études nécessaires, les conditions et les modalité de mise en œuvre pour pouvoir accéder au ministère ; tandis qu’il est demandé à la Congrégation pour le culte divin de publier rapidement le rite liturgique pour l’institution du ministère par l’évêque. »

AB

Intervention de Mgr Rino Fisichella

« Le ministère de catéchiste dans l’Eglise est très ancien ». C’est par cette considération simple et immédiate que le pape François institue pour l’Eglise du troisième millénaire un nouveau ministère qui, depuis toujours, a accompagné le chemin de l’évangélisation pour l’Eglise de tous les temps et toutes les longitudes, celui de catéchiste. Après la publication du Directoire pour la catéchèse, le 23 mars 2020 dernier, un nouveau pas est franchi pour le renouvellement de la catéchèse et son œuvre efficace dans la nouvelle évangélisation, avec l’institution de ce ministère laïque spécifique auquel sont appelés des hommes et des femmes présents dans toute l’Eglise et don le dévouement souligne la beauté de la transmission de la foi.

Il est significatif que le pape François rende public ce Motu proprio en la mémoire liturgique de saint Jean d’Avila (1499-1569). Ce docteur de l’Eglise a su offrir aux croyants de son temps la beauté de la Parole de Dieu et l’enseignement vivant de l’Eglise dans un langage non seulement accessible à tous, mais fort d’une intense spiritualité. Ce fut un fin théologien, et par conséquent un grand catéchiste. En 1554, il produisit le catéchisme divisé en quatre parties : la doctrine chrétienne, avec un langage si simple et accessible à tous qu’il peut se chanter comme une cantilène et être appris par cœur comme une comptine pour toutes les circonstances de la vie. Le choix de cette date n’est pas dû au hasard, parce qu’il engage les catéchistes à trouver leur inspiration dans le témoignage d’un saint qui a rendu fécond son apostolat catéchétique par la prière, l’étude de la théologie et la communication simple de la foi.

Il est indiscutable que cette Lettre apostolique Antiquum ministerium marque une grande nouveauté avec laquelle on déduit facilement que le pape François réalise un désir de Paul VI. En effet, en 1975, dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, le saint pape écrivait : « les laïcs peuvent aussi se sentir appelés ou être appelés à collaborer avec leurs Pasteurs au service de la communauté ecclésiale, pour la croissance et la vie de celle-ci, exerçant des ministères très diversifiés… Un regard sur les origines de l’Eglise est très éclairant et fait bénéficier d’une antique expérience en matière de ministères, expérience d’autant plus valable qu’elle a permis à l’Eglise de se consolider, de croître et de s’étendre. Cette attention aux sources doit cependant être complétée par une autre : l’attention aux besoins actuels de l’humanité et de l’Eglise. S’abreuver à ces sources toujours inspiratrices, ne rien sacrifier de ces valeurs et savoir s’adapter aux exigences et aux besoins actuels, tels sont les axes qui permettront de rechercher avec sagesse et de mettre en lumière les ministères dont l’Eglise a besoin… De tels ministères, nouveaux en apparence mais très liés à des expériences vécues par l’Eglise tout au long de son existence — par exemple ceux de catéchistes… sont précieux pour l’implantation, la vie et la croissance de l’Eglise et pour sa capacité d’irradier autour d’elle et vers ceux qui sont au loin » (EN 73).

Cette citation garde toute son actualité et permet de vérifier directement le contexte ecclésial à l’intérieur duquel ce nouveau ministère doit s’inscrire, considérant en même temps la dynamique avec laquelle il se développe. C’est seulement dans l’unité entre une attention profonde à nos racines et un regard réaliste sur le présent qu’il est possible de comprendre la nécessité pour l’Eglise d’instituer d’un nouveau ministère ecclésial. Il a fallu presque 50 ans pour que l’Eglise arrive à reconnaître que le service rendu par tant d’hommes et de femmes à travers leur engagement catéchétique constitue réellement un ministère particulier pour la croissance de la communauté chrétienne.

Pour l’Eglise l’institution d’un ministère équivaut à établir que la personne investie de ce charisme rend un authentique service ecclésial à la communauté. Le ministère est fortement associé aux premières communautés qui, dès le début de leur existence, ont fait l’expérience de la présence d’hommes et de femmes chargés d’assurer certains services particuliers. Ce fut le cas pour le ministère des évêques, des prêtres et des diacres, mais également pour ceux qui étaient reconnus comme évangélistes, prophètes et maîtres. On peut affirmer par conséquent que la catéchèse a toujours accompagné l’engagement évangélisateur de l’Eglise et qu’elle était encore plus nécessaire lorsqu’elle était destinée à ceux qui se préparaient à recevoir le baptême, les catéchumènes. Cette activité était considérée comme tellement primordiale qu’elle a conduit la communauté chrétienne à instituer le partage des biens et la prise en charge de la subsistance des catéchistes.

Par l’institution de ce ministère de catéchiste, le pape François encourage davantage la formation et l’engagement du laïcat. Cet aspect mérite d’être considéré parce qu’il ajoute une connotation encore plus concrète au grand élan donné par le Concile Vatican II qui s’est considérablement enrichi dans les dernières décennies non seulement d’un magistère spécifique à ce sujet, mais surtout par un réel engagement dans l’Eglise et dans le monde. Il ne faudrait pas sous-estimer la considération qu’apporte le pape : « L’apostolat des laïcs possède une indiscutable valeur séculière… “Leur vie quotidienne est tissée de relations familiales et sociales qui permettent de vérifier comment « ils sont spécialement appelés à rendre l’Église présente et agissante dans les lieux et les situations où elle ne peut être le sel de la terre que par eux“ (LG 33) » (n.6).

La conclusion à laquelle parvient le pape François est limpide : « Nous disposons d’un laïcat nombreux, bien qu’insuffisant, avec un sens communautaire bien enraciné et une grande fidélité à l’engagement de la charité, de la catéchèse, de la célébration de la foi » (EG 102). Il s’ensuit que la réception d’un ministère laïc, comme celui de catéchiste, met davantage l’accent sur l’engagement missionnaire typique de chaque baptisé qui doit néanmoins être accompli sous une forme entièrement séculière sans tomber dans aucune expression de cléricalisation » (n. 7). C’est dans cette conclusion que se joue une grande partie de la nouveauté apportée par ce ministère : des hommes et des femmes sont appelés à exprimer pleinement leur vocation baptismale, non pas en tant que substituts des prêtres ou des personnes consacrées, mais en tant que laïcs authentiques qui, dans la nature particulière de leur ministère, permettent d’expérimenter pleinement jusqu’où va l’appel baptismal au témoignage et au service effectif dans la communauté et dans le monde.

Nul doute que l’institution de ce ministère, en lien avec ceux de l’acolytat et du lectorat, permettra d’avoir un laïcat mieux formé et préparé dans la transmission de la foi. On ne s’improvise pas catéchistes, parce que l’engagement à transmettre la foi, outre la connaissance des contenus, requiert une rencontre personnelle prioritaire avec le Seigneur. Ceux qui exercent le ministère de catéchistes savent qu’ils parlent au nom de l’Eglise et transmettent la foi de l’Eglise. Cette responsabilité ne peut être déléguée, mais elle incombe à chacun personnellement. Toutefois, ce service devra être vécu de manière « séculière », sans tomber dans des formes de cléricalisme qui ternissent la véritable identité du ministère, qui doit s’exprimer non pas d’abord dans le cadre liturgique, mais dans celui, spécifique, de la transmission de la foi par le biais de l’annonce et de l’instruction systématique.

Il est évident que ceux qui sont aujourd’hui catéchistes ne pourront pas tous accéder au ministère de catéchiste. Ce ministère est réservé à ceux qui correspondront à certaines conditions énumérées dans le Motu proprio. Tout d’abord la dimension vocationnelle à servir l’Eglise là où l’évêque le considère le plus justifié. Le ministère n’est pas donné pour une gratification personnelle, mais pour le service que l’on entend rendre à l’Eglise locale et là où l’évêque considère comme nécessaire la présence du catéchiste. N’oublions pas que, dans diverses régions, la figure du catéchiste est celle qui préside à la communauté et la garde enracinée dans la foi.

C’est dans ce sens que les paroles du pape François doivent être comprises : « Il s’agit, en effet, d’un service stable rendu à l’Église locale en fonction des exigences pastorales identifiées par l’Ordinaire du lieu, mais accompli de manière laïque comme l’exige la nature même du ministère » (n. 8). Pour correspondre pleinement à la vocation, une formation adéquate devient plus que jamais nécessaire pour présenter les contenus fondamentaux de la foi. Les diocèses devront veiller à ce que les futurs catéchistes aient une solide préparation « biblique, théologique, pastorale et pédagogique nécessaire pour être des communicateurs attentifs de la vérité de la foi, et qu’ils aient déjà acquis une expérience de catéchèse » (n. 8). En ce sens, le Catéchisme de l’Eglise catholique pourra être l’instrument le plus qualifié dont chaque catéchiste sera un véritable expert.

Parcourir à nouveau les quatre parties dont il est composé permet d’entrer progressivement dans la richesse du mystère professé, célébré, vécu et prié. Une dimension unitaire des contenus de la foi permettant de vérifier de près la hiérarchie des vérités dans la transmission et les modalités selon lesquelles exercer le ministère. Il est donc souhaitable que l’institution du ministère conduise également à la formation d’une communauté de catéchistes qui grandisse avec la communauté chrétienne dans le service de toute l’Eglise locale sans aucune tentation de s’enfermer dans les limites étroites de sa propre réalité ecclésiale et dénuée de toute forme d’auto-référence.

Une fois le ministère laïque institué par le pape, il revient maintenant aux Conférences épiscopales de s’approprier cette indication en trouvant les formes les plus cohérentes pour qu’elle puisse être mise en œuvre. Selon les différentes traditions locales, les Conférences épiscopales devront donc identifier les conditions telles que l’âge et les études nécessaires, les conditions et les modalité de mise en œuvre pour pouvoir accéder au ministère ; tandis qu’il est demandé à la Congrégation pour le culte divin de publier rapidement le rite liturgique pour l’institution du ministère par l’évêque.

Comme on peut le constater, c’est une invitation adressée aux Eglises locales afin qu’elles puissent valoriser le plus possible l’apport d’hommes et de femmes qui entendent dédier leur vie à la catéchèse comme forme privilégiée d’évangélisation. Au nom du pape, le Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation apportera toute son aide pour que ce nouveau ministère puisse se développer dans l’Eglise et trouver également les formes de soutien pour la formation des catéchistes. Nous souhaitons que le processus d’évangélisation poursuive ainsi son fructueux chemin d’inculturation dans les diverses réalités locales et que les millions de catéchistes qui, chaque jour, consacrent leur vie à ce ministère si ancien et toujours nouveau, puissent redécouvrir leur vocation pour un renouvellement engagé du processus catéchétique au bénéfice de l’Eglise et des nouvelles générations.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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