Soeur Ann Nu Thawng (Birmanie), 28 fév. 2021 @ Myitkyina News Journal

Soeur Ann Nu Thawng (Birmanie), 28 fév. 2021 @ Myitkyina News Journal

Birmanie: témoignage de Sœur Ann Nu Tawng

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Le pape « est proche de notre peuple qui souffre »

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« Le pape est à nos côtés, il est proche de notre peuple qui souffre », déclare Sœur Ann Nu Tawng, religieuse de la Congrégation de Saint François Xavier œuvrant dans la ville de Myitkyina, au Myanmar, dont les photographies ont fait le tour du monde, indique l’agence vaticane Fides le 17 mars 2021. « Nous sommes réconfortés et encouragés par le fait que le pape soutienne avec nous la fin de toute violence et la mise en place d’un dialogue », ajoute-t-elle.

Se référant au geste de Sœur Ann Nu Tawng, le pape François a dit au terme de l’audience générale de ce mercredi 17 mars: « Moi aussi, je me mets à genoux dans les rues du Myanmar et je dis : que cesse la violence ! Moi aussi, j’étends mes bras et je dis : que prévale le dialogue ! Le sang ne résout rien. Que prévale le dialogue ! »

Commentant les paroles du pape, Sœur Ann Nu Tawng explique que son geste a été fait « avec le cœur » : « Je suis surprise par le fait que, ainsi que cela m’a été rapporté, ses paroles aient pu être inspirées par mon geste consistant à m’agenouiller et à lever les mains au ciel. Je l’ai fait avec le cœur. Ce sont les gestes de tout chrétien qui a à cœur l’humanité. »

La sœur, qui travaille dans une des rares cliniques médicales ouvertes de sa ville, décrit une montée de violence et de peur : « Nous souffrons aux côtés de notre peuple, dit-elle. La violence ne s’arrête pas et le nombre des blessés augmente de jour en jour. Les cliniques privées, ici, dans l’État Kachin, dans le nord du pays, sont fermées par crainte des militaires. Notre petite clinique est l’une des rares structures ouvertes. Nous parvenons à soigner les blessés les moins graves. Pour le reste, nous avons de sérieuses difficultés. Certains meurent. »

Pourtant, poursuit la sœur, « au milieu de ces tribulations, nous avons eu aujourd’hui un grand signe d’espérance : à côté des paroles du pape, deux femmes enceintes, légèrement blessées et hospitalisées dans notre clinique, ont accouché de leurs bébés, un petit garçon et une petite fille ».

Sœur Ann Nu Tawng exprime la volonté du personnel de la clinique de continuer leur travail, malgré les difficultés : « Chaque vie est précieuse. Nous pourrons être touchées, mais nous ne fermerons pas. Nous n’abandonnons pas notre mission qui est de soigner les blessés, de consoler les affligés et de défendre toute vie humaine. »

Née en 1975, Ann Rose Nu Tawng s’engage dans la communauté apostolique Saint-François-Xavier, qui compte 18 membres à Myitkyina en 2021. Infirmière de formation, elle dirige une clinique. En 2015, l’évêque de la ville, Francis Daw Tang (en), engage les catholiques à soutenir la démocratie en Birmanie, y compris en prenant part aux manifestations.

Les 28 février et 8 mars 2021, lors de manifestation contre le coup d’État du 1er février, les militaires commencent à tirer à balles réelles sur les manifestants. Ann Rose Nu Tawng s’avance et s’agenouille devant eux, en leur demandant de la tuer plutôt que des tuer les manifestants. Le 8 mars, en retour, deux policiers s’agenouillent également en face d’elle.

Lors de la première manifestation, quoique certains manifestants soient blessés, aucun n’est tué. Lors de la seconde manifestation, son action n’empêche pas les autorités de tuer deux manifestants, d’en blesser sept autres et de procéder par ailleurs à une soixantaine d’arrestations alors que les victimes avaient trouvé refuge dans la cathédrale catholique.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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