Des personnes consacrées, des prêtres et certains évêques du Myanmar en ces heures sont descendus dans les rues, dans diverses villes du pays, dans le seul but de sauver des vies et d’arrêter la violence, salue L’Osservatore Romano en publiant une photo d’une religieuse agenouillée devant les soldats birmans, en Une du journal, ce 9 mars 2021.
« C’est un Carême spécial pour nous chrétiens du Myanmar », affirme sœur Ann Nu Tawng, la religieuse devenue « icône de la paix », pour avoir stoppé l’avancée des soldats en s’agenouillant devant eux. Des soldats, de religion bouddhiste, se sont agenouillés à côté d’elle, faisant preuve de respect et d’empathie envers sa présence et ses paroles de douceur et de compassion. « Il est de notre devoir de prêcher et de témoigner du choix de la non-violence évangélique, notre mission est d’annoncer et de vivre pleinement l’amour du Christ, même envers l’ennemi », a déclaré la sœur, expliquant sa tentative de médiation.
Dans deux villes du Myanmar, Myitkyina et Loikaw, l’intervention des personnes consacrées a empêché un massacre, mais malgré tout, deux jeunes ont été tués et des centaines ont été arrêtés. « Nous craignons que les policiers ne tuent les jeunes manifestants. Notre présence en tant que croyants, artisans de paix, peut les aider à renoncer. C’est pourquoi nous sommes ici dans la rue », affirment les religieuses catholiques de Myitkyina, ville du nord du pays, capitale de l’État de Kachin, où les chrétiens représentent environ 30% de la population.
Ici, des jeunes manifestants se sont réfugiés dans le complexe de la cathédrale catholique de San Colombano, mais les militaires ont commencé à tirer: le bilan tragique est de deux jeunes tués et sept blessés par les forces de sécurité. L’enceinte de la cathédrale a été encerclée par l’armée qui a arrêté 90 manifestants dans les heures qui ont suivi.
Malgré la violence continue, des personnes de différentes communautés religieuses se sont rassemblées en silence devant l’église, priant pour les deux jeunes qui ont perdu la vie et pour leurs familles. Parmi eux se trouvait l’évêque émérite du diocèse, Mgr Francis Daw Tang, qui a expliqué que « dans cette phase critique pour notre pays il y a un besoin de notre contribution de paix, de miséricorde, de pardon ».
Un scénario similaire s’est répété dans la ville de Loikaw, capitale de l’État birman de Kayah, où la présence catholique a commencé à la fin des années 1800 avec l’arrivée des premiers missionnaires de l’Institut pontifical pour les missions étrangères (PIME) et où aujourd’hui les fidèles sont les 90% de la population.
Des centaines de jeunes manifestants ont défilé aujourd’hui sur la route qui longe la cathédrale catholique du Christ-Roi. Les forces de l’ordre ont bloqué la chaussée envahie par les manifestants, se préparant à l’affrontement. À ce moment-là, un prêtre catholique, le père Celso Ba Shwe, administrateur diocésain de Loikaw, et un autre pasteur protestant se sont placés entre les militaires et les manifestants. Ils suppliaient les policiers d’arrêter l’avancée et de ne pas tirer sur eux. « Nous allons les convaincre de rentrer chez eux. Donnez-nous du temps. Nous ne voulons pas que le sang mouille notre terre », a plaidé le prêtre pour éviter la violence.
Après des moments de haute tension, les militaires ont tiré des coups de semonce et lancé des grenades assourdissantes pour disperser la foule. Pour le moment, pas de victimes.