Au terme de la messe au stade Hariri, à Erbil (Kurdistan irakien), dernier grand rendez-vous de son pèlerinage de trois jours en Irak (5-8 mars 2021), le pape François a rencontré Abdullah Kurdi, père du petit Alan, mort avec son frère et sa mère sur les côtes turques en septembre 2015, près de Bodrum, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe, indique le bureau de presse du Saint-Siège
« Le pape a passé un long moment avec lui et avec l’aide de l’interprète, il a pu écouter la douleur du père pour la perte de sa famille et exprimer sa profonde participation et celle du Seigneur à la souffrance de cet homme », précise Matteo Bruni.
Il ajoute: « M. Abdullah a exprimé sa gratitude au Pape pour ses paroles de proximité pour sa tragédie et celle de tous ces migrants qui recherchent compréhension, paix et sécurité, en quittant leur pays au péril de leur vie. »
Alan, 3 ans, son frère Galip, 5 ans, et leur mère, Rehan Kurdi, font partie de ces milliers de morts noyés en Méditerranée alors qu’ils fuyaient les conflits armés de la région. C’étaient des Syriens de Kobané installés à Damas, kurdes d’origine, puis réfugiés à Alep, dans le Nord du pays, et ensuite en Turquie.
De retour à Kobané, ils doivent de nouveau fuir à l’arrivée de jihadistes: ils échappent au massacre de 250 civils et décident de fuir définitivement la Syrie.
Faute de visa pour le Canada, la famille tente de traverser la Méditerranée pour gagner la Grèce depuis la Turquie, en passant par l’île de Kos. Mais le bateau pneumatique chavire dans la nuit du 2 septembre 2015, entraînant la mort de 12 réfugiés syriens dont 5 enfants. Alan, Galip et Rehan Kurdi ont été inhumés le 4 septembre à Kobané.
Le 4 mars 2016, la justice turque a condamné deux passeurs syriens à 4 ans de prison pour « trafic d’immigrants », les deux hommes avaient également accusé Abdullah Kurdi, le père d’Alan, mais les poursuites contre ce dernier ont été abandonnées par le tribunal. En mars 2020, trois autres personnes ont été condamnées.
La photo du petit enfant mort sur la plage d’Ali Hoca Burnu, près de Bodrum (Turquie), fera la tour du monde, alertant l’opinion publique sur le sort tragique des familles victimes des conflits du Moyen Orient, en cherchant à fuir les bombes et les massacres.