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Pakistan : libérée, une chrétienne accusée de blasphème

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Des chrétiens, mais aussi des musulmans, accusés de blasphème

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À Karachi, dans le sud du Pakistan, une chrétienne Tabitha Nazir Gill, accusée hier, 28 janvier 2021, de blasphème pour avoir chanté des hymnes gospel, a été relâchée par les agents après une enquête.

« La police n’a rien pu trouver qui indique que la femme en question ait commis un blasphème », explique à l’agence vaticane Fides Nasir Raza, activiste chrétien des droits fondamentaux et président du Comité national pour la paix et l’harmonie interreligieuse en province du Sindh.

Tabitha Nazir Gill, poursuit-il, a été remise « à sa famille avec laquelle elle s’est transférée dans un lieu inconnu pour sa sécurité ».

Nasir Raza explique que Tabitha Nazir Gill est infirmière au Sobhraj Maternity Hospital de Karachi et qu’elle a été accusée « par des collègues avec lesquels elle travaille depuis 9 ans ». L’accusée « a demandé à ses frères et sœurs chrétiens de prier pour elle en disant : je me trouve dans une situation difficile, les musulmans au sein de mon hôpital m’accusent ».

Nasir Raza dit que les collègues « ont frappé Tabitha Nazir Gill depuis le matin, en affirmant qu’elle avait prononcé un blasphème contre l’islam ». Elle a été « liée avec des cordes, torturée et enfermée dans une pièce ». Les scènes de violence ont été filmées par certaines personnes et transmises aux chrétiens pour demander de la protection de la jeune femme. « À peine avons-nous appris cela, raconte Raza, nous nous sommes immédiatement adressés aux agents de sécurité de la police pour demander une intervention dans cette affaire et protéger la chrétienne. »

Fides rappelle qu’une accusation de blasphème au Pakistan peut prévoir la réclusion à perpétuité ou la peine capitale.

Nasir Saeed, directeur de l’ONG CLAAS (Centre for Legal Aid Assistance & Settlement), dans une note envoyée à Fides, condamne l’incident indiquant que même si « c’est un soulagement » de savoir que « les accusations lancées contre Tabitha Nazir Gill par ses collègues ont été considérées comme privées de fondement », « sa vie ne sera jamais plus la même dans la mesure où elle a déjà quitté son domicile et s’est cachée ».

Il explique également que la police « a un rôle fondamental pour déterminer si un blasphème est effectivement commis ou si les accusations se basent sur du vent, dans le seul but de régler des comptes personnels ».

Selon les études de CLAAS, « la loi sur le blasphème continue à être utilisée de manière détournée dans le cadre de vengeances privées »: « En 2020, dit Nasir Saeed, une soixantaine de personnes, dont neuf chrétiens et 47 musulmans – en majorité des chiites – ont été accusés de blasphème alors qu’au moins trois innocents – un chrétien, un membre de la communauté Ahmadiyya et un musulman – ont été tués dans le cadre d’exécutions sommaires liées à des accusations de blasphème. »

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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