« L’autorité de l’amour »: c’est le titre du commentaire de Mgr Francesco Follo pour les lectures de la messe de dimanche prochain, 31 janvier 2021 (4ème Semaine du Temps Ordinaire — Année B).
L’Observateur permanent du Saint-Siège à l’UNESCO, à Paris, invite à « comprendre que l’autorité du Christ est celle de la vérité qui rend libre et de l’amour qui sert ».
Comme lecture patristique, Mgr Follo propose un passages de saint Jean Chrysostome tirés de ses Homélies sur la Lettre aux Hébreux.
AB
L’autorité de l’amour
Prémisse
Dans le récit de l’évangile de ce jour, nous voyons que, lors de son pèlerinage par les routes de la Terre Sainte, Jésus annonce le Royaume de Dieu et guérit les malades de toutes sortes. Le Messie évangélise en alternant action et parole : des miracles, il passe aux paroles, et, ensuite, il passe de l’enseignement de sa doctrine aux miracles.
Son enseignement qui suscite l’étonnement du peuple, est suivi de la libération d’un «homme possédé par un esprit impur » (Mc 1, 23). L’émerveillement est une expérience heureuse qui, malheureusement, peut devenir rare en nous au fil des ans. Cependant, si nous essayons de regarder les gestes du Christ avec des yeux enchantés et d’écouter ses paroles avec des oreilles étonnées (auribus attonitis: Règle de Saint Benoît), alors les œuvres et les paroles du Christ toucheront le centre de notre vie et ils le libéreront. Comme Saint Jean de Damas écrivait : « Les concepts créent des idoles, les mots génèrent la vie », donc si nous sommes encore capables d’étonnement, cet émerveillement entrera comme une lame de liberté dans tout ce qui nous enferme et nous donnera la vie en faisant respirer notre esprit et notre cœur, parce que de l’air nouveau y pénétrera et les horizons de notre vie s’élargiront.
En face de l’Évangile sauvons l’étonnement qui nous fait regarder Jésus avec des yeux enchantés comme ceux des amoureux, et qui nous fait l’écoute avec des oreilles étonnées comme celles des enfants.
Par conséquence, nous pourrons nous émerveiller, car nous verrons les signes de la guérison de Jésus et nous entendrons ses paroles qui touchent le centre de la vie et la libèrent. La parole que Jésus adresse à ceux qui – alors comme aujourd’hui – vont à lui, ouvre l’accès à la volonté du Père et à la vérité d’eux-mêmes. A l’efficacité de la parole, le Rédempteur unit celle des signes de libération du mal, signes qu’Il est le Fils de Dieu. Saint Athanase observait que « commander aux démons et les chasser n’est pas une œuvre humaine mais divine » ; en effet, le Seigneur « a ôté aux hommes toutes les maladies et infirmités. Qui, voyant sa puissance… aurait encore douté qu’Il était le Fils, la Sagesse et la Puissance de Dieu ? » (Oratio de Incarnatione Verbi 18,19 : PG 25, 128 avant JC 129 B). L’autorité divine n’est pas une force impétueuse et irrationnelle de la nature, c’est la puissance intelligente de l’amour de Dieu qui non seulement a créé l’univers, mais qui s’incarne dans le Fils unique, descend dans notre humanité et guérit le monde corrompu par le péché. Romano Guardini écrivait : « Toute l’existence de Jésus est la traduction du pouvoir en humilité … c’est la souveraineté qui ici est abaissée à la forme d’un serviteur » (Il Potere, Brescia 1999, 141.142).
L’autorité humaine signifie souvent pouvoir, domination, mépris de l’autre. Au contraire, pour Dieu autorité signifie service, humilité, amour. Nous avons l’autorité de Dieu si nous entrons dans la logique de Jésus
qui se met à genoux pour laver les pieds de ses disciples (cf. Jn 13, 5),
qui cherche le vrai bien de l’homme,
qui guérit les blessures,
qui est capable d’un amour si grand qu’il donne la vie, parce que c’est l’Amour.
Dans une de ses Lettres, sainte Catherine de Sienne écrivait : « Il faut que nous voyions et sachions, en vérité, avec la lumière de la foi, que Dieu est l’Amour suprême et éternel, et qu’il ne peut vouloir rien d’autre que le nôtre. bien » (Ep. 13 dans : Le Lettere, vol. 3, Bologne 1999, 206).
1) La parole douce, forte et vraie, du « prophète » Jésus
Jésus-Christ, qui dans l’amour est plus fort que Jean, a une parole convaincante, un enseignement nouveau qui surprend et qui a autorité.
La liturgie de la Parole de ce dimanche met en relief la figure de Jésus comme le vrai prophète qui parle et agit au nom de Dieu.
Cet extrait du livre du Deutéronome décrit les caractéristiques du prophète dont la mission est profondément ancrée en Dieu. Le prophète est le porte-parole de Dieu et sa parole est efficace et créatrice ; celui qui ne l’écoute pas devra en rendre compte et malheur à qui se dit prophète mais ne l’est pas.
Le prophète ne prédit pas l’avenir, ce n’est pas là sa vocation. Il est celui qui dit la vérité parce qu’il est en contact avec Dieu, c’est-à-dire la vérité qui vaut pour aujourd’hui et qui, naturellement, éclaire aussi l’avenir. C’est ainsi que, même quand il parle du futur, le prophète ne le prédit pas dans les détails, mais il rend la vérité divine présente à celui qui l’écoute et il indique le chemin à prendre.
Dès lors, on peut se demander si l’on peut donner au Christ le nom de prophète. Sans aucun doute. Dans le Deutéronome (cf. la lecture de ce jour), Moïse prophétise : « un prophète comme moi ». Le guide libérateur de l’Égypte a transmis la Parole à Israël et a fait de celui-ci un peuple. Et dans son « face à face » avec Dieu il a accompli sa mission prophétique en amenant les hommes à la rencontre avec Dieu. Tous les autres prophètes suivent ce modèle de prophétie, en libérant toujours, et de façon nouvelle, la loi mosaïque de sa rigidité pour la transformer en chemin de vie.
Les Pères de l’Église ont interprété cette prophétie du Deutéronome comme une promesse du Christ. Et ils ont raison car le plus grand et le véritable Moïse est effectivement le Christ qui vit réellement « face à face » avec Dieu puisqu’Il est son Fils.
En cela, les Pères de l’Église ne font qu’expliciter le passage de l’Évangile de saint Marc proposé aujourd’hui et qui met en évidence cette conviction que le prophète annoncé par Moïse, c’est Jésus ; en fait, il parle avec autorité et il commande aux esprits malins qui lui obéissent.
Le passage de l’Évangile de Marc lu aujourd’hui démontre que le prophète annoncé par Moïse est Jésus. Comme cela se fait le jour du sabbat, le Messie entre dans la synagogue où la communauté juive locale[2] avait l’habitude de se réunir pour écouter et commenter la torah, c’est-à-dire la loi. C’est précisément dans ce contexte que Jésus se manifeste comme un nouveau prophète, suscitant l’estime et le respect parmi les auditeurs présents qui, pourtant, le condamneront pour suivre de faux prophètes.
Avec cet épisode, l’évangéliste Marc entame le récit de l’activité publique de Jésus et commence à développer son thème le plus important : qui est Jésus ?
Deux choses sont affirmées immédiatement et clairement, même si elles ne sont pas encore pleinement réalisées (l’Évangéliste les développera petit à petit tout au long de son Évangile) : 1) l’enseignement de Jésus est nouveau et différent de celui des scribes ; 2) son autorité s’impose même sur les esprits malins.
2) L’étonnement
A ce propos, je voudrais souligner l’étonnement des auditeurs de l’époque pour qu’elle devienne aussi la nôtre. Saint Marc a écrit : « ils étaient étonnés de son enseignement parce qu’il enseignait comme quelqu’un qui a autorité et non pas comme les scribes ». La même notation –avec quelques variantes – est répétée à la fin de l’épisode : « Mais qu’est-ce que cela ? Un enseignement nouveau, plein d’autorité ! ».
Ils étaient tous stupéfaits, incrédules, mais ils percevaient dans ses paroles la force supérieure de la grâce, comme l’écrira aussi saint Luc : « Ils s’étonnaient du message de la grâce qui sortait de sa bouche » (Lc 4,22).
C’est cela l’autorité de Jésus dont on dit : « un grand prophète s’est levé parmi nous et Dieu a visité son peuple » (Lc 7,16).
Devant ce prophète « indiscutable », on ne peut qu’être dans une écoute remplie de stupeur, qui exige un climat de silence intérieur et de saisissement, signe du désir de connaissance dans lequel naît et croît une attitude d’accueil, à l’exemple de la Vierge : accueil de la Parole qui, en Dieu, est Personne, ce Verbe éternel dont Jean disait : « et le verbe était tourné vers Dieu, et le verbe était Dieu. Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui » (Jn 1,1-3).
La parole de Dieu n’est pas un simple son de voix qui véhicule une pensée, mais une parole qui opère et vivifie ; une Parole qui sauve et qui, par amour, s’est faite chair en Jésus de Nazareth, le fils de Marie, la femme de l’écoute et de l’accueil : « Me voici, fut sa réponse, qu’il advienne (fiat) selon ta parole… (Lc 1,38), cette parole que lui apportait l’Ange qui parlait de la part de Dieu.
Nous sommes persévérants dans l’imitation de Marie. D’elle, icône de l’écoute, chez qui la parole de Dieu prit un corps, comme chez n’importe quelle autre femme, l’Évangile dit : « Marie conservait toutes ces choses et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19). C’est autour de la Parole et de l’écoute stupéfaite que tourne aujourd’hui l’Évangile de Marc, un bref passage qui parle de stupeur chez ceux qui avaient entendu Jésus de Nazareth commenter les textes de l’Écriture dans la synagogue de Capharnaüm : « ils étaient frappés de son enseignement parce qu’il leur enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1,28).
J’insiste sur l’importance de l’étonnement, parce que je crois que la certitude de la foi se forme à partir de la stupeur face à une présence incarnée. Il suffit de lire les Évangiles : des pasteurs jusqu’au berceau de Bethlehem, jusqu’aux anges qui accueillent le Seigneur ressuscité dans son vrai corps lorsqu’il monte au ciel. Aujourd’hui, ce trait distinctif de la foi de celui qui porte le nom de chrétien semble perdu. Tout se conçoit et s’organise comme si la certitude chrétienne était seulement et surtout la conséquence d’une réflexion, d’un discours persuasif.
L’Église est l’Éducatrice qui nous enseigne la vérité, mais elle est aussi la Mère qui donne la vie et, comme le disait saint Jean Damascène : « les concepts créent des idoles, la stupeur génère la vie ». J’écris ceci pour éviter que l’on réduise notre christianisme à un discours ou une méthode abstraite à enseigner ou à apprendre conceptuellement, parce que les concepts sont l’explication toujours imparfaite d’une connaissance personnelle. La substance de la révélation ne consiste pas dans l’enseignement d’une doctrine mais dans la manifestation d’une présence. Le cardinal Henri de Lubac a écrit : « il peut exister une idolâtrie de la Parole et du parler qui n’est pas moins dangereuse que celle des images ».
J’insiste sur l’étonnement pour souligner l’importance de la simplicité du cœur et de l’esprit. La simplicité que vivent les pauvres d’esprit est aussi la méthode qu’utilise Dieu pour venir à notre rencontre. Qu’y a-t-il de plus simple que la grotte de Bethlehem, que la maison de Jésus à Nazareth, que la synagogue à Capharnaüm ? Et le Fils de Dieu y est entré. L’avènement du Christ est un fait nouveau qui entre dans notre vie, simplement. Si chacun de nous ouvre les yeux, le cœur, l’esprit et les bras, le Christ entrera dans nos maisons, apportant sa paix et sa vérité.
3) Non seulement chez nous, mais en nous, Temple de Dieu
Après demain, 2 février, la liturgie célèbre la présentation[3] de Jésus. Lorsque Marie et Joseph portèrent leur enfant au Temple de Jérusalem, eut lieu la première rencontre entre Jésus et son peuple, représenté par deux personnes âgées, Siméon et Anne. Ce fut une rencontre à l’intérieur de l’histoire du peuple, une rencontre entre jeunes et vieux, les jeunes étant Marie et Joseph avec leur nouveau-né et les anciens, Siméon et Anne, deux personnages qui fréquentaient régulièrement le Temple (Pape François).
A la lumière de cette scène évangélique, regardons la vie consacrée comme une rencontre avec le Christ : c’est lui qui vient vers nous, porté par Marie et Joseph, et nous, nous allons vers Lui, guidés par l’Esprit Saint. Mais Lui est au centre. Lui fait tout bouger. Lui nous attire vers le Temple, vers l’Église, là où nous pouvons le rencontrer, le reconnaître, l’accueillir, l’embrasser.
Les bougies qui irradient la lumière constituent le signe spécifique de la tradition liturgique de cette Fête. Ce signe exprime la beauté et la valeur de la vie consacrée en tant que reflet de la lumière du Christ ; un signe qui rappelle l’entrée de Marie au Temple : la Vierge Marie, la consacrée par excellence, portait dans ses bras la Lumière-même, le Verbe incarné, venu chasser les ténèbres du monde avec l’amour de Dieu.
Une façon particulière de vivre cela et de devenir Temple et Tabernacle de la Divine présence est celle des Vierges consacrées dans le monde, pour lesquelles l’Évêque prie : « Seigneur notre Dieu, toi qui veux demeurer en l’homme, tu habites ceux qui te sont consacrés… Accorde, Seigneur, ton soutien et ta protection à celles qui se tiennent devant toi, et qui attendent de leur consécration un surcroît d’espérance et de force » (Rituel de consécration des vierges, n° 24) pour qu’elles grandissent dans leur foi en l’amour dont elles témoignent comme sacrifice de soi dans la vie quotidienne. Qu’elles nous aident à devenir nous aussi ces lampes qu’elles sont et qui irradient la lumière de la vérité et de la charité de Dieu.
Lecture patristique
Saint Jean Chrysostome (+ 407)
Homélies sur la Lettre aux Hébreux (PG 63, 50)
Considérez Jésus Christ, apôtre et grand prêtre pour notre confession de foi, lui qui est digne de confiance pour celui qui l’a institué, tout comme Moïse, sur toute sa maison (He 3,1-2). Que signifie : Il est digne de confiance pour celui qui l’a institué ! Cela veut dire qu’il dirige par sa providence les êtres qui lui appartiennent, et ne les laisse pas périr par sa négligence. Comme Moïse qui fut digne de confiance dans toute sa maison ; c’est-à-dire : apprenez qui est votre grand prêtre, apprenez son origine, et vous n’aurez pas besoin d’autres encouragements ni consolations. Le Christ est appelé apôtre parce qu’il a été envoyé. Il est appelé aussi grand prêtre pour notre confession, c’est-à-dire notre confession de foi. Jésus est comparé, ajuste titre, à Moïse puisqu’il a été chargé comme Moïse de gouverner un peuple, mais un peuple plus nombreux et chargé d’une mission plus importante. Moïse avait gouverné à titre de serviteur, le Christ gouverne en sa qualité de Fils. Ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, ceux que guide Jésus lui appartiennent. Pour attester ce qui allait être dit (He 3,5). Que dis-tu là ? Est-il possible que Dieu accepte un témoignage humain ? Oui, sans aucun doute, car il appelle le ciel, la terre et les collines à être ses témoins. Voici ce qu’il dit par son prophète : cieux, écoutez ; terre, prête l’oreille, car le Seigneur parle (Is 1,2). Et encore : Écoutez, vous aussi, fondements inébranlables de la terre (Mi 6,2), c’est le procès du Seigneur avec son peuple. A plus forte raison prend-il des hommes à témoin. Que signifie : Pour attester ! Pour que les hommes attestent, même quand ils agissent impudemment, que le Christ nous parle vraiment en sa qualité de Fils, car ceux dont Moïse avait la charge n’étaient pas à lui, mais ceux que guide Jésus lui appartiennent.
NOTE
[1] « Ils pénétrèrent dans Capharnaüm. Et dès le jour du sabbat, entré dans la synagogue, Jésus enseignait. Ils étaient frappés de son enseignement ; car il les enseignait en homme qui a autorité et non pas comme les scribes. Justement il y avait dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit impur ; il s’écria : « De quoi te mêles-tu, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous perdre. Je sais qui tu es : le Saint de Dieu. » Jésus le menaça : « Tais-toi et sors de cet homme ». L’esprit impur le secoua avec violence et il sortit de lui en poussant un grand cri. Ils furent tous tellement saisis qu’ils se demandaient les uns aux autres : « Qu’est-ce que cela ? Voilà un enseignement nouveau, plein d’autorité ! Il commande même aux esprits impurs et ils lui obéissent ! ». Et sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de Galilée.
[2] A cette époque-là, en Palestine on trouvait des synagogues dans les grandes villes, mais aussi dans les bourgs et les villages. Les Juifs s’y rendaient pour la prière et la lecture et l’enseignement de l’Écriture. Outre les scribes et les anciens, quiconque parmi les Juifs pouvait demander la parole et intervenir. C’est ainsi que Jésus, à Capharnaüm, entra dans la synagogue et prit la parole pour enseigner.
[3]La Présentation de Jésus au Temple -2 février – est la fête de la lumière (cf Lc 2,30-32) naquit en Orient sous le nom d’Ipapante, c’est-à-dire ‘la Rencontre ». Au VIe siècle elle s’étendit à l’Occident avec des développements spécifiques : à Rome avec un caractère plus pénitentiel et en France avec la bénédiction solennelle et la procession aux bougies, connue sous le nom populaire de « chandeleur ». La présentation du Seigneur clôt les célébrations du temps de Noël, et avec la présentation de la Vierge Mère et la prophétie de Siméon, elle ouvre le chemin vers Pâques (Missel romain).
La fête d’aujourd’hui dont le premier témoignage remonte au IVe siècle à Jérusalem, était appelée jusqu’à la réforme récente du calendrier, Fête de la Purification de la Très Sainte Vierge Marie, en souvenir de l’épisode vécu par la Sainte famille et raconté au chapitre 2 de l’Évangile de Luc au cours duquel Marie, aux termes de la loi, se rendit au Temple de Jérusalem quarante jours après la naissance de Jésus pour consacrer son premier-né et accomplir le rite légal de sa purification. La réforme liturgique de 1960 a restitué à cette célébration son titre original de « présentation du Seigneur ». La consécration de Jésus au Père, accomplie dans le Temple, constitue le signe avant-coureur de son oblation sacrificielle sur la croix.
Cet acte d’obéissance à un rite légal, auquel ni Jésus ni Marie n’étaient tenus, constitue aussi une leçon d’humilité, venant couronner la méditation annuelle sur le grand mystère de Noël, au cours duquel le Fils de Dieu et sa divine Mère se présentent à nous dans le cadre émouvant mais humiliant de la crèche, ce qui signifie dans l’extrême pauvreté des mal-logés, dans l’existence précaire des migrants et des persécutés, en un mot des exilés.
La rencontre avec Siméon et Anne dans le Temple accentue l’aspect sacrificiel de la célébration et la communion personnelle de Marie au sacrifice du Christ, puisque quarante jours après sa divine maternité la prophétie de Siméon lui laisse entrevoir la perspective de sa souffrance : « Une épée te traversera le cœur » : Marie, grâce à son union intime avec la personne du Christ, est associée au sacrifice de son Fils.
Le rite de la bénédiction des cierges, dont le témoignage remonte au Xe siècle déjà, s’inspire des paroles de Siméon : » Mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens ». De ce rite expressif vient le nom populaire de « chandeleur ».