Auschwitz © Museo della Shoah

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Journée de la Mémoire : L’Osservatore Romano y consacre 4 pages

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Histoire du Dr Korczak et de « ses orphelins »

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« Sur la couverture, en tête du cortège d’enfants, un homme. C’est le juif polonais Janusz Korczack : médecin, pédagogue, écrivain et inspirateur de la Convention de l’Onu sur les droits de l’enfance et de l’adolescence » : la recension, par Enrica Riera, d’un album illustré est l’un des articles consacrés à la Shoah par L’Osservatore Romano en italien du 26 janvier 2021, à la veille de la Journée de la Mémoire.

Intitulé « Janusz Korczack et ses orphelins dans l’enfer de Treblinka. Des petites traces de pas indélébiles », l’ouvrage, traduit du français, est destiné aux enfants.

À l’audience générale de ce mercredi 27 janvier 2021, le pape François a souligné l’importance de faire mémoire de la Shoah : « Nous commémorons les victimes de la Shoah et toutes les personnes persécutées et déportées par le régime nazi », a-t-il dit. « Se souvenir est une expression d’humanité (…) Se souvenir est la condition pour un avenir meilleur de paix et de fraternité. »

Voici notre traduction de l’article de L’Osservatore Romano.

HG

Janusz Korczack et ses orphelins dans l’enfer de Treblinka. Des petites traces de pas indélébiles

Sur la couverture, en tête du cortège d’enfants, un homme. C’est le juif polonais Janusz Korczack : médecin, pédagogue, écrivain et inspirateur de la Convention de l’Onu sur les droits de l’enfance et de l’adolescence, de 1989. C’est à lui qu’est consacré le splendide album illustré réédité par Orecchio Acerbo dans la collection économique. L’ouvrage, intitulé L’ultimo viaggio. I bambini del dottor Korczak (Le dernier voyage. Le docteur Korczack et ses enfants, Éditions des Éléphants, 2015, 64 pages, ndr), est conseillé aux lecteurs à partir de 8 ans et même à ceux qui « veulent que la mémoire ne soit pas seulement un rite » et qui « aiment le “prolétariat des petits pieds“ ». Écrit par Irène Cohen-Janca et illustré par les dessins de Maurizio A.C. Quarello, ce n’est pas un hasard s’il raconte, à travers les yeux de l’adolescent Szymek, les derniers moments de Korczak et des hôtes de la Maison des orphelins de Varsovie, structure créée et dirigée par le docteur, depuis 1911, à l’enseigne de l’amour, de la vérité, de la justice et du respect de l’enfance.

Avec l’arrivée du nazisme, ces tout jeunes juifs sont forcés d’abandonner la Maison et de dire adieu à leur quotidien qui, malgré tout, se passait sereinement grâce aux fables, au théâtre, aux livres et aux récits du Docteur. Le 20 novembre 1940, sur l’ordre des occupants allemands, les orphelins se dirigent – voici le cortège – vers le ghetto de la ville, prison à ciel ouvert, où Korczak ne les abandonnera jamais. Ni quand « sur ses jambes fatiguées, il foule les rues pour demander de l’argent ou de la nourriture pour nous, ses orphelins », ni lorsqu’il exhorte les jeunes à « rester comme une île au milieu de l’océan déchaîné » et « à veiller sur leur château intérieur » ou à « écrire leur journal personnel ». Et il n’y pense pas non plus à la fin, quand la mort est proche et qu’il devient clair que la destination définitive du voyage est le camp de Treblinka. Délicat et émouvant, ce livre raconte donc une tranche d’histoire, faite de résistance et de solidarité.

Ce sont des faits qu’il ne faut pas oublier, ainsi qu’une expérience éducative – la République des enfants – que les maîtres de notre temps devraient garder à l’esprit en raison du courage qui y est inscrit et au moins « pour ne pas laisser le monde tel qu’il est » (« Il dit que les enfants sont des poètes et des philosophes » et que « même les plus pauvres sont des personnes importantes et […] méritent toute cette beauté »). Ce qui ressort surtout des pages d’Irène Cohen-Janca et de Maurizio A.C. Quarello, c’est la profonde aventure de celui qui est père, père adoptif, d’accord, et qui le devient en prenant soin des enfants, désormais ses enfants.

Les métaphores et les similitudes – présentes dans le texte et dans les illustrations – sont en outre les éléments qui embellissent le récit. Parmi celles-ci, il y a la belle comparaison entre le docteur Korczak et « un vieil arbre sur lequel les enfants se posent comme des oiseaux » qui évoque naturellement le rôle parental d’une mère, d’un père ou, si l’on veut, d’un enseignant : tous les enfants devraient avoir une maison, « ce lieu, écrivait Robert Frost, où vous êtes toujours accueilli quand vous y allez » et où vous pouvez aussi demander de l’aide sans peur, compter sur un adulte. On trouve également l’image d’une cage ouverte, dans laquelle il n’y a plus rien ni personne : ces oiseaux, auparavant posés sur le vieil arbre, sont montés dans le train et ils ont pour de vrai recommencé à voler.

Ce qui caractérise, enfin, Le dernier voyage, ce sont les traces de pas laissées par les enfants et par leur protecteur. Des traces évoquées par les mots – avec la description du cortège déjà mentionné qui traverse le récit, conduisant les protagonistes « de l’autre côté » – et par les dessins qui, justement, les représentent en noir et blanc. Des traces qui ne peuvent être effacées de l’histoire de la Shoah ni même de celle de la pédagogie. Les enfants et le docteur Korczak les ont gravées, indélébiles, dans le livre et dans le monde.

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Hélène Ginabat

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