Une éventuelle béatification du cardinal tchèque Josef Beran (1888-1969) est discutée dans la presse catholique du pays. Le 5 janvier 2021, le site Katolicky tydénik le nomme, parmi quelque vingt autres « candidats » à la béatification et canonisation. Son procès de béatification a été ouvert en 1998.
Prisonnier de Dachau et ensuite grande figure de l’opposition au régime communiste, le cardinal Beran était avant tout et « surtout un authentique chrétien », selon les paroles d’une historienne tchèque Stanislava Vodičková, auteure de sa biographie : « Il a marqué les esprits davantage par la force de sa personnalité, son charisme, sa modestie, son humilité, son amour inconditionnel des autres. On dit de lui qu’il était un opposant au communisme, mais Josef Beran était surtout un authentique chrétien. »
Après trois ans dans les camps de concentration nazis, le cardinal a été tenu dans un isolement total par le régime communiste pendant quatorze ans. Il a enfin été forcé de quitter le pays et il a passé les quatre dernières années de sa vie en exil à Rome.
Le cardinal Josef Beran est né le 29 décembre 1888 à Pilsen dans la famille d’un instituteur.
Diplômé du lycée de Pilsen, il devient un élève du Collège tchèque de Rome (Bohemicum, aujourd’hui Nepomucenum, 1907–1912). Après son ordination sacerdotale (1911), il poursuit ses études de théologie et termine son doctorat en 1912.
Dans les années 1912-1917, il travaille comme aumônier (à Chyše, à Prosek près de Prague, à Prague), puis comme enseignant et plus tard comme directeur à l’Institut de formation des enseignantes Sainte-Anne (1917–1928). À partir de 1928, il enseigne la théologie pastorale à la Faculté de théologie de l’Université Charles. À cette époque, il est également le recteur du séminaire de Prague (depuis 1932).
En 1942, il est arrêté après avoir célébré une messe pour les ecclésiastiques emprisonnés par les nazis et il est déporté d’abord à Terezín puis à Dachau. Rescapé de la guerre, il est nommé archevêque de Prague en 1946.
Après la prise du pouvoir par le parti communiste en 1948, le cardinal Beran interdit à son clergé de prêter le serment de fidélité au nouveau régime. Condamnant la confiscation des biens qui appartiennent à l’Église, il est arrêté et puis incarcéré pendant quatorze ans dans divers endroits de la Tchécoslovaquie, d’abord au palais de l’archevêque de Prague (1949-1951) et plus tard ailleurs (Roželov, Růžodol, Paběnice, Mukařov, Radvanov). Pendant son isolement, il est constamment surveillé par les services secrets qui essayent à plusieurs reprises de produire des matériaux compromettants à son égard.
Après sa libération en 1963, Mgr Beran est empêché d’exercer son ministère.
En 1965, il est nommé cardinal par le pape Paul VI. Les autorités communistes lui proposent alors l’exil à Rome sans possibilité de retour.
Forcé de quitter le pays, il vit les quatre dernières années de sa vie à Rome en servant l’Église et en rencontrant de nombreux exilés tchécoslovaques.
Il est mort le 17 mai 1969 des suites d’un cancer.
Son secrétaire Karel Skalický a assisté à la dernière messe célébrée par le cardinal le jour de sa mort, au collège tchèque Népomucène. « Je n’ai jamais compris comment le cardinal avait pu tenir le coup physiquement, a écrit Skalický. Cette messe a été célébrée deux ou trois heures seulement avant sa mort. Même s’il était assis la plupart du temps, il a prononcé les paroles de consécration du pain et du vin debout et de manière très claire. C’est un moment que je n’oublierai jamais. »
Le cardinal Beran a été inhumé dans la nécropole papale de la basilique Saint-Pierre. À la fin des années 1990, son testament a été découvert dans lequel il exprimait sa volonté d’être inhumé auprès de ses parents dans sa ville natale de Pilsen ou alors dans la cathédrale pragoise.
En avril 2018, la dépouille du cardinal Beran a été rapatriée – avec l’approbation du pape François – en Tchéquie et a été inhumée à la cathédrale Saint-Guy à Prague.