Le futur du monde de l’après-covid dépend de « notre décision », affirme le pape François. Il souligne que pour « mieux sortir » de la crise pandémique « nous devrons emprunter un chemin », mais « si nous voulons reprendre les mêmes choses qu’avant… ce sera négatif ». « Et comment deviens-tu meilleur? Tout doit être revu. »
Le pape explique comment reprendre confiance après une année difficile, dans une interview au journal TG5 diffusée le 10 janvier 2021 sur la chaîne de la télévision privée italienne Canale 5. Au cours d’une conversation avec le journaliste Fabio Marchese Ragona, qui a eu lieu à la Maison Sainte-Marthe au Vatican, le pape aborde divers sujets, dont la pandémie, le vaccin, les émeutes aux États-Unis, l’avortement, la politique ainsi que sa vie quotidienne.
Il invite à « faire une analyse très approfondie des horribles situations que connaît le monde aujourd’hui ». Il rappelle que « les grandes valeurs sont toujours présentes dans la vie », mais elles « doivent être traduites en moments, car les moments historiques ne sont pas les mêmes ». « Les valeurs ne changent pas dans l’histoire, mais l’expression de ces valeurs dépend toujours de la culture de l’époque », précise le pape.
Dans l’interview, il aborde, entre autres, deux « problèmes graves »: celui de la situation des enfants et celui des « guerres ». « Pensez aux enfants sans école et qui souffrent de la faim, invite le pontife. Il y a les statistiques des Nations Unies qui sont effrayantes. Pensez aux enfants qui sont nés avec la guerre, qui vivent la guerre depuis dix ans et qui ne savent pas ce qu’est l’odeur de la paix. Pensons simplement aux enfants en général: les statistiques sont terribles. »
Nourrir toute l’humanité pendant un an
Le pape affirme que « nous devrions tous nous poser » la question suivante: « que pouvons-nous faire pour amener tous les enfants à l’école et permettre à tous les enfants de manger? ». Il invite aussi à se demander « quelle est la voie de la paix ».
Ce sont des problèmes « à prendre très au sérieux », souligne le pape François, « et si nous voulons sortir de cette situation sans voir ces choses, la sortie sera pire ».
Les enfants et les guerres « ne sont que deux problèmes », dit le pape, « il y en a beaucoup d’autres ». Il invite à « en sortir en considérant des choses concrètes, non pas la fantaisie: que pouvons-nous faire pour changer cette situation? » « Les statistiques disent qu’en supprimant un mois de dépenses de guerre, nous pourrions nourrir toute l’humanité pendant un an, affirme le pape. Il faut prendre conscience de ce drame du monde … Pour sortir de cette crise la tête haute et d’une meilleure manière, il faut être réaliste. Il faut du réalisme. »
Le pape lance également un appel à aider très concrètement ceux qui ont tout perdu avec la pandémie, ces nouveaux « pauvres du Covid » : « Demandez-leur quels sont leurs besoins et résolvez-les. La proximité amène à la résolution de problèmes. » La fraternité « est le mot clé », rappelle le pape. « Nous devons être inventifs, nous devons être audacieux en inventant des voies de proximité. » Et cette proximité est nécessaire « pour accompagner, résoudre, ouvrir des chemins d’espérance. »