Angélus, 10 janv. 2021, capture @ Vatican Media

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Baptême du Christ: l’identité chrétienne, c’est d’être « miséricordiés »

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La gratuité et la proximité de Dieu

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Jésus « ne sauve pas d’en-haut, avec une décision souveraine ou un acte de force, un décret, non: il nous sauve en venant à notre rencontre et en prenant nos péchés sur lui », explique le pape François, en méditant sur le baptême de Jésus, ce dimanche 10 janvier 2021, avant l’angélus.

Depuis la bibliothèque privée du Vatican, le pape a commenté l’Evangile de la fête du Baptême du Christ en soulignant que le geste de Jésus constitue son « manifeste programmatique ».

Le pape précise, en le répétant deux fois, que « la proximité c’est le style de Dieu envers nous ».

Une autre phrase que le pape répète deux fois concerne le visage de miséricorde de Dieu: « Dieu se manifeste lorsque la miséricorde apparaît. N’oubliez pas ceci: Dieu se manifeste quand la miséricorde apparaît, parce que c’est son visage. »

Plus encore, le pape explique que « notre vie est marquée par la miséricorde qui s’est posée sur nous », « gratuitement »: « Nous avons été sauvés gratuitement. Le salut, c’est gratuit. C’est le geste gratuit de miséricorde de Dieu envers nous. Sacramentellement, cela se réalise le jour de notre baptême; mais même ceux qui ne sont pas baptisés reçoivent la miséricorde de Dieu, toujours, parce que Dieu est là, il attend, il attend que les portes des cœurs s’ouvrent. Il s’approche, si j’ose dire, il nous caresse par sa miséricorde. »

Le pape conclut par une expression qui rappelle sa devise papale « miserando atque eligendo »: « Que la Vierge Marie, que nous prions maintenant, nous aide à sauvegarder notre identité, c’est-à-dire l’identité d’être « miséricordiés », qui est à la base de la foi et de la vie. »

Le pape avait commencé en commentant les trente ans de vie cachée de Jésus pour souligner « la grandeur du quotidien ».

Voici notre traduction, rapide, de travail, des paroles du pape François.

AB

Paroles du pape François avant l’angélus

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous fêtons aujourd’hui le Baptême du Seigneur. Il y a quelques jours, nous avons laissé l’Enfant Jésus visité par les mages; aujourd’hui, nous le trouvons adulte sur les rives du Jourdain. La liturgie nous fait faire un saut d’une trentaine d’années, trente ans dont nous savons une chose: ce furent des années de vie cachée, que Jésus a passées dans sa famille – certaines, auparavant, en Egypte, en tant migrant pour fuir la persécution d’Hérode, les autres à Nazareth, à apprendre le métier de Joseph – en famille, en obéissant à ses parents, en apprenant et en travaillant.

C’est frappant que la majeure partie de son temps sur Terre, le Seigneur l’a passée ainsi, à vivre la vie quotidienne, sans apparaître. Pensons au fait que, selon les évangiles, il y a eu trois années de prédications, de miracles et de tant d’autres choses. Trois. Et les autres, toutes les autres, d’une vie cachée en famille. C’est un beau message pour nous: cela nous révèle la grandeur du quotidien, l’importance aux yeux de Dieu de chaque geste et moment de la vie, même le plus simple, même le plus caché.

Après ces trente années de vie cachée, la vie publique de Jésus commence. Et elle commence justement par son baptême au Jourdain. Mais Jésus est Dieu: pourquoi Jésus se fait-il baptiser? Le baptême de Jean consistait en un rite pénitentiel, c’était le signe de la volonté de se convertir, d’être meilleurs, en demandant pardon de ses péchés. Jésus n’en avait pas besoin, c’est certain. De fait,  Jean-Baptiste essaie de s’y opposer, mais Jésus insiste.

Pourquoi? Parce qu’il veut être avec les pécheurs: c’est pourquoi il fait la file avec eux et il fait le même geste qu’eux. Il le fait avec l’attitude du peuple, avec leur attitude, [du peuple] qui, comme le dit un hymne liturgique, s’est approché « l’âme nue et les pieds nus ». L’âme nue, c’est-à-dire sans rien couvrir, comme cela, pécheur. Voilà le geste que fait Jésus, et il descend dans le fleuve pour se plonger dans notre condition. Le baptême, en effet, signifie justement « immersion ».

Au premier jour de son ministère, Jésus nous offre ainsi son « manifeste programmatique ». Il nous dit qu’il ne nous sauve pas d’en-haut, avec une décision souveraine ou un acte de force, un décret, non: il nous sauve en venant à notre rencontre et en prenant nos péchés sur lui. C’est ainsi que Dieu est vainqueur du mal du monde: en s’abaissant, en s’en chargeant.

C’est aussi la manière dont nous pouvons relever les autres: en en jugeant pas, en ne n’imposant pas ce qu’il faut faire, mais en nous faisant proches, en com-patissant, en partageant l’amour de Dieu. La proximité c’est le style de Dieu envers nous; Il l’a dit lui-même à Moïse: « Réfléchissez: quels peuples ont leurs dieux proches comme vous m’avez, moi? ». La proximité c’est le style de Dieu envers nous.

Après ce geste de compassion de Jésus, une chose extraordinaire se produit: les cieux s’ouvrent et la Trinité est enfin révélée. L’Esprit Saint descend sous la forme d’une colombe (cf. Mc 1, 10) et le Père dit à Jésus: « Tu es mon Fils, le bien-aimé » (v. 11). Dieu se manifeste lorsque la miséricorde apparaît. N’oubliez pas ceci: Dieu se manifeste quand la miséricorde apparaît, parce que c’est son visage.

Jésus se fait serviteur des pécheurs et il est proclamé Fils; il s’abaisse vers nous et l’Esprit descend sur lui. L’amour appelle l’amour. Cela vaut aussi pour nous: dans chaque geste de service, dans chaque œuvre de miséricorde que nous accomplissons, Dieu se manifeste, Dieu pose son regard sur le monde. Cela vaut pour nous.

Mais, avant même de faire quoi que ce soit, notre vie est marquée par la miséricorde qui s’est posée sur nous. Nous avons été sauvés gratuitement. Le salut, c’est gratuit. C’est le geste gratuit de miséricorde de Dieu envers nous. Sacramentellement, cela se réalise le jour de notre baptême; mais même ceux qui ne sont pas baptisés reçoivent la miséricorde de Dieu, toujours, parce que Dieu est là, il attend, il attend que les portes des cœurs s’ouvrent. Il s’approche, si j’ose dire, il nous caresse par sa miséricorde.

Que la Vierge Marie, que nous prions maintenant, nous aide à sauvegarder notre identité, c’est-à-dire l’identité d’être « miséricordiés », qui est à la base de la foi et de la vie.

Copyright – Traduction de Zenit, Anita Bourdin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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