A quelles conditions peut-on parler de fraternité ? C’est la réflexion du cardinal Fernando Filoni Grand Maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, à propos de l’encyclique Fratelli tutti parue en octobre dernier.
Dans sa méditation publiée sur le site de l’Ordre et dans L’Osservatore Romano de ce 4 janvier 2021, le cardinal s’interroge : « Devant les guerres quotidiennes, devant les haines de tous genres, passées et présentes, devant le terrorisme, les méchancetés personnelles et collectives, on se demande si on peut parler de fraternité et comment ».
Le préfet émérite de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples voit l’origine de la fraternité dans le Christ : cette fraternité « profondément humaine et existentielle » vient du « Père céleste » et elle dépasse « toute discrimination relative à la couleur de la peau, à la culture et aux traditions ».
Mais sans cette « transcendance », estime le cardinal Filoni, « la fraternité se briserait… l’égalité ne résisterait pas aux pressions variées, aux questions économiques et sociales, et la liberté se refermerait égoïstement sur elle-même ».
Le « Père céleste » dont parle Jésus n’est pas « un Dieu abstrait ou philosophique », fait-il aussi observer, mais il est le Dieu « de la révélation d’Abraham », sans lequel on revient « au panthéisme », ou bien à un Dieu « à la saveur platonicienne ou ésotérique ».
Ce Dieu Père est le « principe de référence » et la « clef de voûte » de la fraternité : « Sans Dieu-Père, la fraternité est en crise et a continuellement besoin d’étais : la tolérance, le pacte, la norme, le jugement, la force ». En effet, pour le cardinal Filoni, « la raison à elle seule ne parvient pas à donner son fondement à la fraternité ».
