Dieu s’est fait chair « pour te dire qu’il t’aime justement là… dans tes fragilités ; justement là… où tu as le plus honte », a affirmé le pape François à l’angélus de ce dimanche midi, 3 janvier 2021.
« C’est audacieux », a fait remarquer le pape en introduisant la prière mariale filmée depuis la bibliothèque privée du palais apostolique : « Il entre dans notre honte pour se faire notre frère, pour partager notre chemin de vie. »
« Rien ne lui est étranger dans nos vies. Il n’y a rien qu’il dédaigne, nous pouvons tout partager avec Lui, tout », a-t-il ajouté en encourageant : « Il veut que nous partagions avec Lui nos joies et nous douleurs, nos désirs et nos peurs, nos espérances et nos tristesses, nos personnes et nos situations. Faisons-le, ouvrons notre coeur, racontons-lui tout. »
Voici notre traduction de ses paroles.
Méditation du pape François
Chers frères et soeurs, bonjour !
En ce deuxième dimanche après Noël, la Parole de Dieu ne nous offre pas un épisode de la vie de Jésus, mais nous parle de Lui avant qu’il ne naisse. Elle nous ramène en arrière, pour nous révéler quelque chose sur Jésus avant qu’il ne vienne parmi nous. Elle le fait surtout dans le Prologue de l’Evangile de Jean, qui commence ainsi : « Au commencement était le Verbe » (Jn 1,1). Au commencement : ce sont les premières paroles de la Bible, les mêmes qui introduisent le récit de la création. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1). Aujourd’hui l’Evangile dit que Celui que nous avons contemplé à Noël comme enfant, Jésus, existait avant : avant le commencement des choses, avant l’univers, avant tout. Il est avant l’espace et le temps. «En Lui était la vie» (Jn 1,4) avant que la vie n’apparaisse.
Saint Jean l’appelle le Verbe, c’est-à-dire la Parole. Que veut-il nous dire par là ? La parole sert à communiquer : on ne se parle pas à soi-même, on parle à quelqu’un. On parle toujours à quelqu’un : quand nous voyons quelqu’un qui parle seul dans la rue, nous pensons qu’il lui est arrivé quelque chose. Nous parlons toujours à quelqu’un. Désormais, le fait que Jésus soit la Parole depuis le commencement signifie que depuis le commencement Dieu veut communiquer avec nous, nous parler. Le Fils unique du Père (cf. v. 14) veut nous dire la beauté d’être enfants de Dieu ; il est « la vraie lumière » (v. 9) et il veut nous éloigner des ténèbres du mal ; il est «la vie» (v. 4), qui connaît nos vies et il veut nous dire qu’il les aime depuis toujours. Il nous aime tous.
C’est le magnifique message d’aujourd’hui : Jésus est la Parole éternelle de Dieu, qui pense à nous depuis toujours et désire communiquer avec nous. Pour le faire, il est allé au-delà des paroles. En effet, au coeur de l’Evangile du jour, il nous est dit que la Parole, le Verbe, « s’est fait chair, il a habité parmi nous » (v. 14). Il s’est fait chair : pourquoi saint Jean utilise-t-il cette expression, “chair”? Ne pouvait-il pas dire, de façon plus élégante, qu’il s’est fait homme ? Non, il utilise le mot chair parce qu’il indique notre condition humaine dans toute sa faiblesse, dans toute sa fragilité. Il nous dit que Dieu s’est fait fragilité pour toucher de près nos fragilités. Donc, à partir du moment où le Seigneur s’est fait chair, rien ne lui est étranger dans nos vies. Il n’y a rien qu’il dédaigne, nous pouvons tout partager avec Lui, tout. Cher frère, chère soeur, Dieu s’est fait chair pour nous dire, pour te dire qu’il t’aime justement là, qu’il nous aime justement là, dans nos fragilités, dans tes fragilités ; justement là, où nous avons le plus honte, où tu as le plus honte. C’est audacieux. La décision de Dieu est audacieuse, Il se fait chair justement là où nous avons honte. Il entre dans notre honte pour se faire notre frère, pour partager notre chemin de vie.
Il s’est fait chair et il n’a pas rebroussé chemin. Il n’a pas pris notre humanité comme un vêtement, que l’on met et que l’on enlève. Non, il ne s’est plus détaché de notre chair, et ne s’en est pas lassé. Et il ne s’en séparera jamais : maintenant et pour toujours, Il est au ciel avec son corps de chair humaine. Il s’est uni pour toujours à notre humanité, nous pourrions dire qu’il l’a “épousée”. J’aime penser que quand le Seigneur prie le Père pour nous, il ne se contente pas de parler, il lui montre les blessures de sa chair, il lui montre les plaies qu’il a souffert pour nous. C’est Jésus, dans sa chair il est l’intercesseur, et il a voulu porter les signes de la souffrance. Jésus est devant le Père dans sa chair. L’Evangile dit en effet qu’il est venu habiter parmi nous. Il n’est pas venu nous rendre visite avant de repartir, il est venu habiter parmi nous, demeurer avec nous.
Qu’est-ce qu’il attend alors de nous ? Une grande intimité. Il veut que nous partagions avec Lui nos joies et nous douleurs, nos désirs et nos peurs, nos espérances et nos tristesses, nos personnes et nos situations. Faisons-le, ouvrons notre coeur, racontons-lui tout. Arrêtons-nous en silence devant la crèche pour goûter la tendresse de Dieu qui s’est fait proche, qui s’est fait chair. Et sans crainte, invitons-le parmi nous, chez nous, dans notre famille, et aussi dans nos fragilités, que nous connaissons bien. Invitons-le à voir nos plaies. Il viendra et notre vie changera.
Que la Sainte Mère de Dieu, dans laquelle le Verbe s’est fait chair, nous aide à accueillir Jésus, qui frappe à la porte pour habiter avec nous.
Traduction de Zenit, Anne Montabone-Kurian