Au dernier jour de l’année 2020, le pape François, bloqué par une « douloureuse sciatique », n’a pas pu présider les rites traditionnels de fin et de début d’année. Le directeur de L’Osservatore Romano, Andrea Monda, voit dans cette crise une « coïncidence » symbolique pour les temps actuels.
Si les douleurs du pape au nerf sciatique ne sont pas une nouveauté, il relie ce dernier épisode au combat de Jacob avec Dieu (Genèse 32, 23-33) : un « événement mystérieux », après lequel Jacob, touché au creux de la hanche, boita.
Avant sa lutte, Jacob était resté « seul », écrit Andrea Monda, qui cite 2020 comme « la longue nuit où l’humanité s’est trouvée seule, à combattre une lutte acharnée » contre le coronavirus. Il se souvient des images du 27 mars dernier, quand le pape François avait présidé une prière pour la fin de la pandémie, « seul, sous la pluie, au crépuscule d’un soir sombre, dans la désolation de la place Saint-Pierre ».
Aujourd’hui, après l’épreuve sanitaire du monde, « ce n’est plus le François d’alors, d’il y a un an » : tout comme Jacob, il boite, et il a dû « changer de rythme ». Car la crise « oblige à cela : c’est le moment propice pour le changement, pour la conversion ».
L’indicateur de cette conversion ? C’est « notre relation avec nos frères », répond Andrea Monda : Jacob était angoissé de rencontrer son frère Esaü, et il put le faire après son combat avec Dieu.
« Au moment de la crise, conclut le directeur, l’issue est de demander à Dieu la force pour s’ouvrir aux autres, pour prendre soin des frères en brisant les chaînes de la victimisation et du narcissisme. Nous guérirons si nous soignons les autres. »
