L’initiative de « Libérer Marie des mafias et du pouvoir criminel » de l’Académie pontificale internationale mariale en collaboration avec les structures anti-mafia de l’État italien, a pris son envol, indique L’Osservatore Romano en italien du 14 décembre 2020.
La conférence « La religiosité de la mafia. L’initiation aux rites dans les organisations mafieuses criminelles » est en effet l’une des premières étapes de ce projet ambitieux. La rencontre a eu lieu en ligne le 10 décembre dernier avec la participation du p. Stefano Cecchin, président de l’Académie pontificale internationale mariale, du p. Gian Matteo Roggio, directeur du nouveau Département d’analyse, d’étude et de surveillance des phénomènes criminels et mafieux (créé dans la même Académie), et du p. Agustín Hernández Vidales, recteur de l’Université pontificale Antonianum, ainsi que des représentants italiens de la direction nationale anti-mafia et contre-terrorisme, de la direction centrale de la police criminelle.
« La grande nouveauté du processus que nous avons engagé, explique le père Cecchin, réside précisément dans le dialogue entre l’État italien et l’Église sur une question aussi importante que celle de la lutte contre la mafia. Un département du Saint-Siège, à l’intérieur de l’Académie, l’étudie. Ce n’est jamais arrivé. »
En ce temps de pandémie, selon les paroles du pape François, « la solitude, les peurs et l’insécurité de tant de personnes qui se sentent abandonnées par le système, créent un terrain fertile pour les groupes mafieux » (Fratelli tutti, 28). « Ils s’affirment, en effet, en se présentant comme les ‘‘protecteurs’’ des oubliés, souvent grâce à diverses aides, alors qu’ils poursuivent leurs intérêts criminels, écrit le pape. Il existe une pédagogie typiquement mafieuse qui, avec une fausse mystique communautaire, crée des liens de dépendance et de subordination dont il est très difficile de se libérer. »
A l’image de ces paroles du pape François, l’Académie pontificale Internationale mariale « veut focaliser son attention avant tout sur le plan pédagogique », note le quotidien du Vatican. « Nous avons l’idée d’une grande bibliothèque, accessible à tous via Internet, qui peut regrouper la documentation sur le suivi que nous effectuons », explique le président de l’Académie.
La conférence a souligné que là où il y a un malaise social, les mafias essaient de s’imposer comme une alternative à l’État. La sphère politique, économique et sociale sur laquelle ils exercent leur pouvoir est vaste. Le sociologue Franco Ferrarotti, dans une importante enquête de 1967 sur la mafia en Sicile, présentée à la commission parlementaire anti-mafia, a déjà souligné comment l’organisation mafieuse se caractérise par une sphère d’influence très étendue: le pouvoir mafieux affecte la société à tous les niveaux et utilise des images sacrées pour pouvoir exercer son influence sur les individus.