Le 8 décembre 1870, le bienheureux pape Pie IX proclame saint Joseph patron de l’Église universelle, par le décret « Quemadmodum Deus » alors que le monde catholique traversait une période critique après la fin des États pontificaux.
On célèbre donc, ce 8 décembre 2020 le 150e anniversaire de cette proclamation, au moment où l’Eglise et le monde traversent une autre période critique notamment en raison de la pandémie.
En 2019, on a fêté les 30 ans de la publication de l’exhortation apostolique de saint Jean-Paul II sur saint Joseph, Redemptoris Custos : le Gardien du Rédempteur.
Le p. Jan Pelczarski, supérieur général des Oblats de saint Joseph, fondés à Asti en 1878 par saint Joseph Marello, rappelle ces deux anniversaires dans un entretien publié par le quotidien catholique italien Avvenire (Enrico Lenzi), le 5 décembre 2020 (avec une traduction de Zenit , Hélène Ginabat).
« Nous traversons un temps marqué par la crise de la foi en Dieu, par la fragilité à laquelle sont exposées les familles et par diverses formes de pauvreté. L’espérance est que notre engagement et l’intercession du patron de l’Église universelle puisse aider à renouveler l’esprit de foi et à créer un monde plus juste et fraternel », déclare le p. Pelczarski.
Une simplicité fascinante
Il cite les encouragements du pape François à sa Congrégation: « Nous trouvons également un stimulant dans les paroles du pape François qui nous a dit, après notre Chapitre général, à l’audience du 30 août 2018 : « J’aime saint Joseph, il est si “puissant” ! Depuis plus de quarante ans, je récite une prière que j’ai trouvée dans un vieux missel français, qui dit de saint Joseph : “ … dont la puissance sait rendre possibles les choses impossibles“. Le pouvoir de saint Joseph. Jamais, jamais il n’a dit non. Nous devons y puiser notre courage ». »
Un congrès a été organisé le week end passé par les Instituts religieux qui s’inspirent de saint Joseph, de façon à « approfondir une lecture christocentrique de sa figure et inviter à invoquer son patronage de celui qui, à son époque, savait accompagner Jésus avec un amour paternel et prendre soin de lui ».
Le p. Tarcisio Stramare, mort cette année de covid-19, disait que « saint Joseph est très aimé mais peu connu »: c’est un bibliste insigne et parmi les plus grands experts de saint Joseph, qui « constatait la réticence d’une certaine théologie vis à vis du Gardien du Rédempteur »: « Dans sa vaste production théologique, il faisait émerger une figure de saint Joseph d’une simplicité fascinante et capable d’interpeller également le croyant d’aujourd’hui. Il ne se lassait pas de souligner le fait que sa vocation se cache dans la lumière du mystère du Verbe incarné et entre les quelques lignes de l’Évangile qui, au passage, tracent les traits essentiels de sa personnalité spirituelle. »
Le pape a initié son pontificat le 19 mars 2013, manifestant toujours une grande dévotion envers saint Joseph. « Dans l’homélie ce jour-là, se souvient le p. Pelczarski, le pape François a voulu s’arrêter sur le verbe « garder », l’interprétant comme l’authentique mission de saint Joseph. En effet, à l’école du saint charpentier de Nazareth, maître de vie intérieure, on apprend non seulement à mettre Jésus-Christ au premier plan dans notre vie mais également à le reconnaître dans les pauvres et les personnes démunies, en adoptant son incomparable style de service humble et actif. A côté des moments de joie, avec la Sainte Famille, saint Joseph a dû se réfugier en Égypte et faire face à la dramatique condition de réfugié. En évoquant ce mystère de l’enfance de Jésus, dans notre prière quotidienne, nous demandons au Gardien du Rédempteur : « Fais qu’entre nous, tes fils, grandisse toujours plus cette charité qui nous pousse à aimer tous les hommes comme nos frères ». »
On prie désormais saint Joseph à chaque messe
On sait l’importance de saint Joseph dans le pontificat du pape François qui a voulu que son blason porte la la fleur de nard de saint Joseph. Il a inséré le nom de saint Joseph dans le canon de la messe, le 1er mai 2013, et il a consacré la Cité du Vatican au saint patron de son prédécesseur, auquel il téléphone pour sa fête.
Le 19 mars 2018, le pape a invité les baptisés à « être comme saint Joseph : homme de rêves, mais non pas rêveur ; homme du silence, parce qu’il respecte le plan de Dieu. »
« Saint Joseph, époux de la Vierge Marie, veille toujours sur toute l’Église et protège-la en tout temps » : c’est le tweet publié par le pape François le 19 mars 2019.
Un an plus tard, dans son homélie du 19 mars 2020, le pape a fait remarquer que Saint Joseph était capable « de dialoguer avec le mystère de Dieu », « d’entrer dans le mystère qu’il ne pouvait pas contrôler ».
Le pape argentin est très attaché à saint Joseph. En recevant les Oblats de Saint Joseph le 31 août 2018, il s’était exclamé : « J’aime saint Joseph, il a une telle ‘puissance’ ! Depuis plus de quarante ans, je récite une prière que j’ai trouvée dans un ancien missel français qui dit de saint Joseph : ‘… dont la puissance sait rendre possibles les choses impossibles’. Le pouvoir de saint Joseph. Jamais, jamais il n’a dit non. Nous devons en tirer du courage. »
Il avait souligné aussi « les vertus simples et essentielles » de saint Joseph : « humilité », « intimité avec le Seigneur », « silence et vie cachée » mais aussi « zèle » et « activité au profit de la volonté du Seigneur ».
Devant des supérieurs généraux en novembre 2016, il avait confié le secret de sa « sérénité » : « Je ne prends pas de pastilles tranquillisantes ! … S’il y a un problème, je l’écris sur un papier à saint Joseph et je le mets sous une statuette que j’ai dans ma chambre. C’est la statue de saint Joseph qui dort. Et désormais il dort sur un matelas de papiers ! Et moi je dors bien : c’est une grâce de Dieu. »
Il s’agit d’une statuette représentant saint Joseph qui dort: c’est quand il dort que Dieu lui parle!
En répondant à la question d’un journaliste italien lors de son retour de Strasbourg, le 25 novembre dernier, il a confié qu’il avait une dévotion spéciale pour saint Joseph, qu’il avait une statue de saint Joseph dans sa chambre, et il a ajouté cette confidence : »A chaque fois que j’ai demandé une chose à saint Joseph, il me l’a donnée. »
Enfin, le pape prançois a composé cette prière à saint Joseph, pour obtenir la paix et la sainteté, à l’occasion la consécration de la Cité du Vatican à saint Joseph, en présence du pape émérite Benoît XVI, Joseph Ratzinger, le 5 juillet 2013 :
« Saint Joseph,
Gardien du Rédempteur
et très chaste Epoux de la bienheureuse Vierge Marie,
accueille avec bienveillance l’acte de dévotion
et de consécration
que nous t’adressons aujourd’hui.
Protège cette terre et donne-lui la paix:
elle a été baignée par le sang de saint Pierre
et des premiers martyrs romains;
protège nous et ravive la grâce du baptême
de ceux qui y vivent et y travaillent;
protège et augmente la foi des pèlerins
qui viennent ici de toutes les régions du monde.
Nous te consacrons les fatigues et les joies de chaque jour;
nous te consacrons les attentes et les espérances de l’Eglise;
nous te consacrons les pensées, les désirs et les oeuvres:
que tout s’accomplisse dans le Nom du Seigneur Jésus.
Ta protection douce, ferme et silencieuse
a soutenu, guidé et consolé la vie cachée
de la sainte Famille de Nazareth:
protège nos familles,
renouvelle aussi pour nous ta paternité
et garde nous fidèles jusqu’à la fin.
Nous plaçons aujourd’hui, avec une confiance renouvelée,
sous ton regard bienveillant et sage,
les évêques et les prêtres,
les personnes consacrées et les fidèles laïcs,
qui travaillent et vivent au Vatican:
protège leur vocation,
et enrichis-la de toutes les vertus nécessaires
pour grandir dans la sainteté.
Amen. »