Père Cantalamessa, vêpres pour la Journée de prière pour la création, capture CTV

Père Cantalamessa, vêpres pour la Journée de prière pour la création, capture CTV

Collège cardinalice : le cardinal Cantalamessa souhaite rester simple prêtre

Print Friendly, PDF & Email

« Mourir dans mon habit franciscain »

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

En recevant la barrette de cardinal le 28 novembre 2020, le père Raniero Cantalamessa restera prêtre : il a en effet demandé au pape une dispense pour ne pas être consacré évêque, comme cela se fait traditionnellement. Il se confie dans un entretien à l’hebdomadaire diocésain Chiesa di Rieti.

Le capucin de 86 ans qui est prédicateur de la Maison pontificale – il prêche notamment au pape et à la Curie romaine lors de l’Avent, du Carême, ainsi que le Vendredi Saint – poursuivra son ministère : « Le Saint Père m’a fait savoir qu’il souhaite que le continue ma mission… et je me suis déjà mis à l’ouvrage pour les prédications de l’Avent qui se tiendront cette année dans la Salle Paul VI, pour permettre la distanciation exigée par l’épidémie. »

Le cardinal désigné vit aujourd’hui à Cittaducale, où il accompagne une communauté de clarisses capucines ermites : « Je les connaissais alors qu’elles étaient encore dans leur monastère d’origine, raconte-t-il, et j’ai suivi tout leur itinéraire spirituel et juridique. Quand je suis arrivé à Cittaducale, j’avais dans le cœur le désir de pouvoir vivre moi aussi la vie d’ermite tant aimée de mon Père saint François et, avec l’accord de mon ministre général, je me suis transféré là pour y passer les moments où je n’étais pas en voyage de prédication, en partageant avec elles la solitude et la prière. »

Il confie sa surprise à l’annonce du pape : « J’ai reçu la nouvelle comme les autres, en écoutant en direct l’angélus du pape dimanche 25 octobre. Si je n’avais pas eu un nom si particulier à ce moment-là j’aurais pensé qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre ! »

Et le moine de préciser : « J’ai demandé au pape la dispense de l’ordination épiscopale. La charge de l’évêque… est d’être pasteur et pêcheur. A mon âge, je pourrais faire très peu comme “pasteur”; d’autre part, ce que je pourrais faire comme “pêcheur”, je peux continuer à le faire en annonçant la parole de Dieu. J’ai aussi le désir de mourir dans mon habit franciscain. »

Il rappelle qu’il n’est pas le premier prédicateur de la Maison pontificale à être créé cardinal : avant lui, le père Anselmo Marzati di Monopoli le fut sous Clément VIII en 1604; le père Francesco Maria Casini fut créé cardinal par Clément XI en 1712; et le père Ludovico Micara da Frascati, devint cardinal des mains de Léon XII en 1826.

« La nomination de cardinaux de plus de 80 ans, ajoute le cardinal désigné, n’implique pas d’engagements pastoraux particuliers. Donc, grâce à Dieu et au pape, je pourrai continuer à mener ma vie de toujours : prêcher dans les limites imposées par mon âge – et, en ce moment, par la pandémie – et résider (…) à l’ermitage de l’Amour Miséricordieux de Cittaducale, tout en faisant encore partie (…) de la Curie générale des capucins à Rome. »

Comment le capucin envisage-t-il son rôle de “Conseiller du pape”, comme le sont les cardinaux ? « Seulement indirectement, dans le sens où le pape, sans que je le sache, peut tirer quelque lumière de la parole de Dieu que j’annonce. Lors des deux conclaves précédents, pour l’élection de Benoît XVI et du pape François, j’ai été appelé à le faire aussi de façon directe, en tenant, à la demande du Sacré Collège, une des deux exhortations que les cardinaux doivent écouter avant d’entrer en conclave. »

Evoquant par ailleurs le développement massif de la communication sociale, il en reconnaît la portée « excellente », mais aussi les limites : « La religion et l’Evangile s’exposent à devenir un prétexte pour des intérêts qui n’ont rien à voir avec l’Evangile et ne favorisent vraiment pas la concorde et l’unité entre les croyants et entre les hommes en général. »

La désignation d’un prêtre comme cardinal reste chose rare, même si elle est prévue par le code de droit canonique : « Pour la promotion au cardinalat, le Pontife Romain choisit librement des hommes qui sont constitués au moins dans l’ordre du presbytérat, remarquables par leur doctrine, leurs mœurs, leur piété et leur prudence dans la conduite des affaires ; ceux qui ne sont pas encore Évêques doivent recevoir la consécration épiscopale ». (canon 351). Le pape en a désigné déjà plusieurs : le 19 novembre 2016, il a créé cardinal le père Ernest Simoni, albanais torturé et emprisonné sous la persécution communiste, qui l’avait ému aux larmes lors de son voyage à Tirana en 2014. Ce dernier est également resté prêtre.

En revanche, le père Aquilino Bocos Merinon, religieux clarétain espagnol, créé cardinal le 29 juin 2018, a reçu la consécration épiscopale, tout comme le frère Mauro Gambetti, gardien du Sacré Couvent d’Assise, et le père Enrico Feroci, recteur du Sanctuaire du Divin Amour, qui seront consacrés avant le consistoire du 28 novembre prochain.

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel