Père Roberto Malgesini © Diocèse de Crémone

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Le secret de Roberto Malgesini, le prêtre qui « essuyait les larmes avec douceur »

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« Il voyait Jésus dans le pauvre et le sens de la vie dans le service »

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Le père Roberto Malgesini « essuyait les larmes avec douceur, au nom de Dieu qui console », a souligné le pape François en le donnant en modèle, dans son homélie pour la Journée mondiale des pauvres, ce dimanche 15 novembre 2020, en la basilique Saint-Pierre. Il a indiqué le secret de chaque journée du p. Roberto en qui il voit un « martyr ».

Le pape a déjà salué la mémoire de ce prêtre italien de 51 ans, poignardé par un sans-abri, le 15 septembre, dans le Nord de l’Italie, à Côme, il lui a rendu hommage déjà lors de l’audience générale du lendemain. Il a envoyé son aumônier pontifical présider les funérailles du prêtre. Il a aussi reçu la famille du prêtre au Vatican.

« Je voudrais remercier les nombreux fidèles serviteurs de Dieu, qui ne font pas parler d’eux, mais qui vivent ainsi, en servant. Je pense, par exemple, à l’abbé Roberto Malgesini », a dit le pape dans son homélie.

Le pape a salué le sens du service du p. Malgesini: « Ce prêtre ne faisait pas de théories ; simplement, il voyait Jésus dans le pauvre et le sens de la vie dans le service. Il essuyait les larmes avec douceur, au nom de Dieu qui console. »

Le pape a indiqué le secret de cette charité inlassable: « Le début de sa journée était la prière, pour accueillir le don de Dieu ; le centre en était la charité, pour faire fructifier l’amour reçu ; la fin un limpide témoignage de l’Evangile. Cet homme avait compris qu’il devait tendre la main aux nombreux pauvres qu’il rencontrait quotidiennement, parce qu’il voyait Jésus en chacun d’eux. »

« Frères et sœurs, demandons la grâce de ne pas être des chrétiens seulement en paroles, mais aussi dans les faits. Afin de porter du fruit, comme le désire Jésus », a conclu le pape.

Le « martyre » du p. Malgesini

Le « martyre » d’un « témoin de la charité » : c’est ainsi que le pape François avait qualifié le meurtre du p. Malgesini par « une personne malade dans sa tête », a-t-il dit dès le lendemain, lors de ‘audience générale du 16 septembre dernier.

« Je m’unis à la douleur et à la prière de ses proches et de la communauté de Côme et, comme l’a dit son évêque, je rends grâce à Dieu pour le témoignage, c’est-à-dire le martyre, de ce témoin de la charité envers les plus pauvres. »

Le pape a également invité la foule à se recueillir un instant : « Prions en silence pour le père Roberto Malgesini et pour tous les prêtres, religieuses, laïcs, qui travaillent avec les personnes nécessiteuses et mises à l’écart de la société. »

D’après les premières enquêtes, le prêtre de 51 ans commençait sa tournée quotidienne de distribution de petit-déjeuners lorsqu’il a été surpris par son meurtrier : un SDF qu’il connaissait, avec lequel il semblait entretenir de bons rapports.

Signe de sollicitude du pape François : c’est l’aumônier apostolique, le cardinal Konrad Krajewski, qui a célébré la messe de funérailles du p. Malgesini le 19 septembre.

Le cardinal Krajewski a exprimé la « proximité paternelle » du pape : « Il est avec nous. Il s’unit à nous dans la prière… Il s’unit aux fidèles de la paroisse, aux frères dans le besoin que [le p. Roberto] a servi de tout son cœur jusqu’à son dernier matin, et à toute la communauté de Côme. Le p. Roberto est mort, pourtant il vit. L’amour ne meurt jamais. »

Au terme de la célébration, l’aumônier du pape a remis des chapelets pour les bénévoles et les personnes nécessiteuses, ainsi que pour les prisonniers, et un chapelet pour les parents du prêtre: un chapelet spécial que le cardinal devait leur remettre en « leur baisant les mains » de la part du pape.

La rencontre avec les parents du p. Malgesini

En marge de l’audience générale du 14 octobre, le pape François a rencontré la famille du p. Malgesini.

Un mois après le drame, le pape a échangé avec eux avant d’entrer dans la Salle Paul VI du Vatican pour la rencontre hebdomadaire.

Dans sa catéchèse sur la prière, il a évoqué cette entrevue, soulignant le caractère personnel de la souffrance : « Les larmes ne sont pas universelles, ce sont ‘mes’ larmes. Chacun a les siennes. ‘Mes’ larmes et ‘ma’ douleur me poussent à aller de l’avant avec la prière. Ce sont ‘mes’ larmes, que personne n’a jamais versées avant moi. Oui, beaucoup de personnes ont pleuré, beaucoup. Mais ‘mes’ larmes sont les miennes, ‘ma’ douleur est la mienne, ‘ma’ souffrance est la mienne. »

Et le pape de confier : « Avant d’entrer dans la salle, j’ai rencontré les parents de ce prêtre du diocèse de Côme qui a été tué; il a précisément été tué dans son service d’aide. Les larmes de ces parents sont ‘leurs’ larmes et chacun d’eux sait combien il a souffert en voyant ce fils qui a donné sa vie dans le service aux pauvres. »

« Quand nous voulons consoler quelqu’un, a-t-il ajouté, nous ne trouvons pas les mots. Pourquoi? Parce que nous ne pouvons pas arriver à sa douleur, parce que ‘sa’ douleur est la sienne, ‘ses’ larmes sont les siennes. C’est la même chose pour nous: les larmes, ‘ma’ douleur est la mienne, les larmes sont ‘les miennes’ et avec ces larmes, avec cette douleur, je m’adresse au Seigneur. »

Mais pour Dieu, « toutes les douleurs des hommes sont sacrées… même si toutes les portes humaines étaient fermées, la porte de Dieu est ouverte », a affirmé le pape.

Mgr Oscar Cantoni, son évêque, a pour sa part confié à Radio Vatican qu’il ne se préoccupait « ni de lui-même ni de sa santé, notamment pendant le pic de la pandémie »… Malgré le risque il demeurait « au service des personnes fragiles ». Il apportait des petits-déjeuners aux sans-abri, servait la soupe populaire et dans les dortoirs.

 

 

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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