Mgr Janusz S. Urbanczyk © Il Sismografo.it

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OSCE : Mgr Urbanczyk dénonce une approche « réductionniste » de la liberté de religion

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Et rappelle « l’autonomie des communautés religieuses »

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Mgr Janusz S. Urbanczyk déplore les « conséquences profondes » qu’ont eu certaines « mesures imposées par les États pour lutter contre la pandémie de Covid-19 » sur la « liberté de manifester sa religion ou sa croyance » et sur « les activités religieuses, éducationnelles et charitables des communautés religieuses ». Il invite à « rejeter l’approche dite réductionniste » de cette liberté.

Le représentant permanent du Saint-Siège, est intervenu ce mardi 10 novembre 2020 à la troisième Réunion supplémentaire sur la dimension humaine (SHDM) sur la « Liberté de religion ou de conviction : Le rôle des technologies numériques et des acteurs de la société civile dans la promotion de ce droit humain pour tous », à la session I intitulée : L’état de la liberté de religion ou de croyance dans la région de l’OSCE : Défis et opportunités.

Mgr Urbanczyk a également rappelé que « le droit des communautés religieuses à exister en tant qu’organisations autonomes » étant « reconnu dans les engagements de l’OSCE », les États doivent être vigilants face aux « risques de violation de l’autonomie » de ces communautés, comme c’est en particulier le cas avec certaines lois anti-discrimination.

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Janusz S. Urbanczyk.

HG

Intervention de Mgr Janusz S. Urbańczyk

Monsieur le Modérateur,

Comme c’est la première fois que ma délégation prend la parole au cours de cette troisième réunion supplémentaire sur la dimension humaine de 2020, permettez-moi de remercier la présidence albanaise de l’OSCE et le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) d’avoir organisé cet événement sur la liberté de religion ou de conviction. L’un des principaux défis auxquels sont confrontés ceux qui défendent aujourd’hui la liberté de religion ou de conviction est de convaincre les gens qu’à une époque laïque, la liberté de religion est un droit important qui mérite d’être protégé. L’exercice de la liberté religieuse constitue à la fois un élément d’épanouissement personnel et une contribution au bien de la société. Seul un respect rigoureux de cette liberté peut garantir le libre et plein développement de nos sociétés démocratiques et de notre sécurité.

Le Saint-Siège « est convaincu que la “croyance“ contribue, tant pour les individus que pour les communautés, au respect de la liberté de pensée, à la recherche de la vérité, à la justice personnelle et sociale et à la primauté du droit, qui sont tous nécessaires pour qu’il y ait une relation juste entre les citoyens, les institutions et les États » (1).

Néanmoins, dans certaines sociétés, les religions continuent d’être perçues comme une source d’intolérance plutôt que d’harmonie sociale. Elles sont ressenties comme une menace pour la tolérance, la paix et la sécurité, plutôt que comme un enrichissement et une contribution au développement culturel et social. Cette situation peut contribuer au développement dangereux d’une attitude négative envers les religions et les croyants. Cela nuit au bien-être de ces personnes et de ces communautés, et même de la société dans son ensemble. La violence, la persécution et les meurtres au nom de Dieu ne sont pas de la religion mais du radicalisme. Les États ont la responsabilité de promouvoir le bien commun, la paix sociale et la coexistence en respectant le pluralisme et en protégeant la liberté de religion ou de conviction.

Le Saint-Siège affirme que les États participants de l’OSCE – sur la base des engagements convenus par consensus – sont tenus de rejeter l’approche dite réductionniste de la liberté de religion ou de conviction ou la compréhension de celle-ci. Ce réductionnisme vise à privatiser les religions « afin de les réduire à l’obscurité tranquille de la conscience de l’individu ou de les reléguer dans les enceintes fermées des églises, des synagogues ou des mosquées ».  Cela révèle une incapacité à apprécier non seulement le véritable sens de la liberté de religion ou de conviction, mais aussi le rôle légitime de la religion dans l’espace public.

Les engagements de l’OSCE consacrent à la fois l’inviolabilité de la conscience individuelle et la dimension religieuse dans sa spécificité en tant que phénomène socialement organisé. Par conséquent, le droit des communautés religieuses à exister en tant qu’organisations autonomes est reconnu dans les engagements de l’OSCE. À cet égard, il convient de noter que, si la mise en place de mécanismes d’enregistrement des communautés religieuses, qui leur permettent de fonctionner dans un cadre administratif et législatif et conformément à l’État de droit, est clairement conforme aux engagements de l’OSCE, les États doivent veiller à ce que ces mécanismes ne deviennent pas une violation de la liberté de religion ou de conviction elle-même.

En outre, il convient de toujours garder à l’esprit que, dans le régime qui régit l’accès à la personnalité juridique, les États participants doivent également respecter l’autonomie des communautés religieuses ou de croyances, en leur garantissant la liberté de choisir, de nommer et de remplacer leurs dirigeants ou de décider de leurs règles internes, du contenu de leurs croyances, de leur structure ou de leur nom. Des violations de l’autonomie des communautés religieuses pourraient également être produites par certaines lois anti-discrimination, qui peuvent limiter le droit à engager ou à licencier des personnes en fonction des opinions et des intérêts des communautésIl est bien connu que les différentes mesures imposées par les États pour lutter contre la pandémie de Covid-19 ont eu des conséquences profondes sur la liberté de manifester sa religion ou sa croyance et ont limité les activités religieuses, éducationnelles et charitables des communautés religieuses. Les législateurs devraient toujours être conscients des graves conséquences qu’entraînent ces règlementations pour les communautés religieuses ou de conviction qui jouent un rôle important dans la lutte contre la crise non seulement par leur soutien actif dans le domaine des soins de santé, mais également par leur soutien moral et leurs messages de solidarité et d’espoir.

Merci, Monsieur le Modérateur.

NOTE
(1) Déclaration de Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les Relations avec les États au 22e Conseil ministériel de l’OSCE.

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Hélène Ginabat

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