Léon Bloy @ osservatoreromano.va

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Léon Bloy dans L’Osservatore Romano: « Les êtres humains ne sont pas parallèles, mais convergents »

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« Dieu est leur foyer commun », par Antonio Tarallo

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« Les êtres humains ne sont pas parallèles, mais convergents, et Dieu est leur foyer commun »: Antonio Tarallo cite cetet phrase de Léon Bloy dans un article de L’Osservatore Romano en italien du 6 novembre 2020, intitulé « Triple conversion » sur l’auteur français plusieurs fois cité par le pape François et son influence sur les Maritain.

L’auteur souligne la proximité spirituelle entre Léon Bloy et saint François d’Assise: « Une lumière, un lambeau de firmament dans la littérature française et européenne : c’est l’écrivain français Léon Bloy (1846-1917), toujours désireux dans ses écrits de l’étreinte miséricordieuse de Dieu. Bloy, oxymore de multiples âmes qui cohabitaient en lui dans une harmonie révolutionnaire, prophète qui pestait contre la modernité : un fou de Dieu, amant de la folie de la Croix. Sa vie, à l’intérieur et en dehors des pages écrites, a témoigné d’une pauvreté chrétienne très semblable à celle du Poverello d’Assise : dépourvue de biens, comblée du bien. Son art littéraire au service de Dieu a été le manifeste de toute son existence : « Vous me jugez humainement sans prendre garde que je suis précisément hors de tous les points de vue humains et que c’est là toute ma force. La vérité bien nette et qui éclate dans tous mes livres, c’est que je n’écris que pour Dieu » (Le pèlerin de l’absolu. Journal 1892-1917). »

« Premier écrivain moderne mentionné par le pape François »

« Bloy a été le premier écrivain moderne mentionné par le pape François, rappelle l’auteur. C’était le lendemain de son élection, dans l’homélie de la messe pontificale : « Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, il me revient à l’esprit la phrase de Léon Bloy : “Qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable“. Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon ». L’existence de Bloy a été la preuve concrète que les mots peuvent marquer radicalement l’existence des hommes. Eux, les mots, ont le pouvoir de creuser dans l’intime, faisant table rase du passé et du présent, marquant définitivement l’avenir. »

« C’est ce qu’a été la littérature de Bloy pour Jacques et Raïssa Oumançoff Maritain, poursuit l’auteur. Les deux jeunes étudiants de la Sorbonne avaient vingt ans ; c’était des disciples de la philosophie de Bergson, mais ils étaient profondément insatisfaits de leur recherche stérile dans une vie uniquement circonscrite dans le champ du savoir : ils aspiraient à quelque chose d’une tout autre nature, beaucoup plus large, plus au-delà de l’horizon terrestre. Empêchés de goûter pleinement la vie, ils étaient désormais décidés à la refuser « s’il n’était pas possible de vivre selon la vérité » (Journal de Raïssa). Et, précisément dans leur recherche et leur insatisfaction de la vie, les deux jeunes étaient tombés sur les livres de Bloy. Ainsi, ils avaient décidé de le connaître pour fixer le visage se cachant derrière ces mots qui commençaient à s’infiltrer irrésistiblement dans leur âme. »

L’aventure spirituelle de Montmartre

Montmartre, le Sacré-Coeur devient un lieu hautement symbolique de leur aventure spirituelle: « Ils n’imaginaient certes pas qu’à travers le visage de l’auteur des pages du Désespéré (1887) et de La femme pauvre (1897), ils rencontreraient un autre Visage, plus grand encore : celui du Seigneur. C’était le 25 juin 1905, lorsqu’ils décidèrent de monter les marches du Sacré-Cœur de Paris (Bloy habitait une très modeste maison à Montmartre) : un escalier qui les conduira tout droit au cœur de Jésus, déjà présent dans le leur, sans toutefois qu’ils en aient conscience. « Quelle aventure surnaturelle, quelle bénédiction pour nous, ces deux amis envoyés le 20 juin, et que nous voyons en train de se perdre si amoureusement dans notre caverne ! Le jeune homme est un de ces idéalistes ignorant Dieu, qui se laissent tirer par les cheveux ou par les pieds, dans l’escalier de la Lumière. La jeune femme est une juive russe toute petite. En cet être charmant et si frêle, habite une âme capable d’agenouiller des chênes ». »

La « conversion », l’adhésion au Christ, Antonio Tarallo la décrit comme un « coup de foudre »: « Sous la plume de Bloy – dans L’invendable (Mercure de France, Paris, 1909) – la description de la rencontre laisse transparaître l’aile paternelle et aimante que Bloy étendra sur les deux jeunes fiancés. « D’avoir franchi le seuil de sa maison, toutes les valeurs étaient déplacées. On savait, ou on devinait, qu’il n’y a qu’une tristesse : de n’être pas des saints. Tout le reste avait disparu dans le vide, comme quelque chose d’irréel » (Jacques Maritain, Souvenirs et notes). Le coup de foudre laisse les jeunes gens sans voix : le miracle de la conversion se produit. »

Plus encore, il décrit cette adhésion au Christ comme le résultat de la « convergence » des êtres humains: « La conversation entre les trois personnages revêt tout le mystère du Cénacle : l’Esprit Saint a parlé à travers les paroles d’un écrivain et désormais, l’union de ces vies se consolidera toujours plus, jusqu’à ce que Bloy lui-même devienne le parrain de baptême des deux jeunes gens (avec la sœur de Raïssa, Vera, juive elle aussi) Ainsi la prophétie littéraire de l’auteur français s’est accomplie : « Les êtres humains ne sont pas parallèles, mais convergents, et Dieu est leur foyer commun ». Le feu des livres, des mots, avait allumé un autre feu : celui de l’Esprit. »

AB

Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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