Notre-Dame de Paris « n’est pas seulement la cathédrale de la France, c’est aussi un livre d’histoire », « c’est aussi notre mémoire collective », affirme l’animateur et écrivain Stéphane Bern.
Il signe la préface d’une bande dessinée « Notre-Dame de Paris, la nuit du feu » qui relate le drame de l’incendie du 15 avril 2019 et qui vient de paraître dans les librairies le 4 novembre, indique Vatican News du 5 novembre 2020.
« La mémoire de la France dont les fondations sont chrétiennes, cette mémoire doit toujours vivre, souligne Bern. Elle vit peut-être toujours au fond de nous, des cœurs de chacun, même si nous faisons mine de nous en détacher; mais je crois qu’il faut restaurer cette âme-là. »
Publiée aux éditions Glénat, la bande dessinée sur l’incendie à la cathédrale est créée par Yvon Berterello, Arnaud Delalande et Cédric Fernandez. Pour chaque album acheté, un euro est reversé à la fondation Notre-Dame, pour en financer la restauration.
Stéphane Bern explique qu’il y a « participé avec cette préface, pour dire à quel point c’était important de contribuer, même un tout petit peu, à Notre-Dame ». « C’est un projet collectif, engagé », ajoute-t-il.
Depuis l’incendie – quand il avait « l’impression que c’était un pan de nous-mêmes qui partait en fumée » – l’écrivain se posait la question « comment participer à la reconstruction de Notre-Dame » : « Nous avons été profondément blessés, meurtris, par cet incendie », explique-t-il. « Comment faire un geste, moins héroïque que celui des pompiers, moins héroïque que ceux qui tous les jours sauvent des vies, mais qui modestement peut contribuer à la restauration de Notre-Dame, et j’ai tout de suite répondu à la demande des éditions Glénat et de mes camarades. »
« L’âme de Notre-Dame est au cœur de chacun d’entre nous », poursuit Bern. La cathédrale « est toujours là, elle a survécu », « elle a échappé au pire, elle aurait pu être totalement détruite et emportée par les flammes, mais non ».
Pour l’écrivain, il s’agit d’un « avertissement qu’on nous envoie » : « J’ai pris cet incendie comme un avertissement, sur l’arrogance de notre modernité, sur le fait que l’on se croit au-dessus des lois, au-dessus de tout, que l’homme est devenu un loup pour l’homme, un monstre en quelque sorte, et que peut-être nous devons regarder les choses avec plus d’humilité, plus de simplicité. »
Stéphane Bern affirme « qu’il est urgent, dans ces périodes d’incertitudes » de « se souvenir de qui nous sommes, d’où nous venons; et toujours avec … humilité ». « Il faut de temps en temps regarder dans le rétroviseur », note-t-il, rappelant que « les pierres de Notre-Dame nous racontent notre histoire ».
« Je nous invite, et moi le premier, à nous sentir tout petits devant la grandeur de notre histoire et de ne pas penser que la modernité doit nous offrir cette arrogance trop souvent entendue, vue et lue partout. »
Bern rappelle aussi que la restauration de la cathédrale demande beaucoup de travail et beaucoup d’efforts : « Après les larmes, vient le moment où l’on se retrousse les manches, où l’on se met au travail, et chacun à sa manière, doit contribuer à restaurer Notre-Dame », dit-il.
L’écrivain est « touché » par le fait que « pour la première fois dans l’histoire de France, 300 000 personnes ont donné presque dix euros » pour la restauration. « Certains, raconte-t-il, envoyaient l’argent ‘à Stéphane Bern, car on sait qu’il ne va pas voler cet argent’ ». C’est très touchant… Rassurez-vous, j’ai renvoyé les chèques moi-même pour compenser ce qui était envoyé, mais cela m’a beaucoup touché, de voir que les gens très modestes ont donné tout autant que les gens très riches. »
En ce qui concerne les travaux mêmes, Bern rapporte « que dans quelques semaines, l’échafaudage qui avait fondu aura totalement disparu » et qu’il y a « maintenant un parapluie qui protège Notre-Dame » : « On va pouvoir sécuriser l’édifice et s’activer pour les travaux de restauration. »
Il salue « la décision la plus sage » du « chef de l’État » « de restaurer Notre-Dame à l’identique ». « Ce n’est pas un choix uniquement esthétique », explique-t-il. Ce choix respecte également « les accords de Venise de 1963, qui indiquent que l’on doit restaurer dans le dernier état de classement connu ». « Et Notre-Dame de Paris, désolé pour les progressistes les plus effrayés, a été classée avec sa flèche Viollet-le-Duc », note l’écrivain.
Pour qu’en 2024 Notre-Dame de Paris « soit accessible, ajoute Bern, il faut refaire la charpente en bois, c’est en même temps un matériau qui bouge, qui vit, autant que la pierre, et donc qui s’harmonise ».