« Les pertes de l’investissement » dans l’immeuble de luxe de la Sloane Avenue à Londres « étaient supportées par le fonds de réserve de la secrétairerie d’État », et non par le « Denier de Saint-Pierre » ni « par celui dont disposait le Saint-Père », affirme Mgr Nunzio Galantino, directeur de l’Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA), dans un entretien au quotidien catholique italien Avvenire (Mimmo Muolo) du 31 octobre 2020.
« Ce dernier n’a subi aucun ‘pillage’, poursuit le directeur: il est soumis à une gestion prudente séparée qui au fil des années lui a permis de maintenir sa valeur, générant même un revenu destiné aux œuvres du Saint-Père. »
Le directeur de l’APSA admet aussi qu’il ne peut pas dire quel pourcentage de l’argent du « Denier de Saint-Pierre » a été investi dans l’achat de la Sloane Avenue et « quels pourcentages d’autres fonds ont été utilisés »: « Cependant, je peux dire que s’il y a eu des erreurs, des fautes ou des comportements illégaux, l’intérêt du Saint-Siège et de toute l’Église est que la clarté soit faite. Même si c’est un chemin douloureux. »
Les pertes liées à l’acquisition de l’immeuble de Londres se situent entre 66 et 150 millions de livres sterling (soit entre 73 et 166 millions d’euros), selon Mgr Galantino : « Bien sûr, il faut reconnaître que des erreurs ont également contribué aux pertes subies dans cet investissement, sinon nous n’en parlerions pas ici. Il appartiendra à la Cour de décider s’il s’agissait d’erreurs, d’imprudence, d’actes frauduleux ou d’autre chose. »
L’enquête, explique aussi Mgr Galantino, « est menée à l’initiative exclusive de la justice vaticane ». Elle « vise à établir si, dans le fonctionnement de l’immeuble de luxe de Londres, il y a eu des crimes, à quels niveaux et avec quelles responsabilités ».
« Ce qui n’est pas assez souligné », précise aussi le directeur de l’APSA, c’est que « nous avons les anticorps pour combattre et redresser ce qui n’a peut-être pas bien marché ».
En s’arrêtant sur la question des investissements du Saint-Siège, Mgr Galantino explique que « tout bon administrateur prend soin de réserver quelque chose pour les moments difficiles. Et pour investir ses économies ».
« C’est ce que le Vatican a fait et continue de faire », affirme le directeur de l’APSA: « Dans notre cas, poursuit-il, ‘penser à l’avenir’ signifie créer les conditions pour que l’Église, d’un point de vue matériel, puisse continuer à mener à bien sa mission avec efficacité et dans la liberté nécessaire à l’annonce de l’Évangile. Une façon de ‘penser à l’avenir’ est d’investir les sommes restantes lorsqu’elles existent. Avec prudence et compétence. En tenant compte, comme chacun sait, du fait que les investissements peuvent être perdus et que vous pouvez faire des bénéfices. »
Mgr Galantino admet que « confier en toute confiance des mandats discrétionnaires d’investissements à des administrateurs, sans contrôle de la Secrétairerie d’État » constitue « clairement une erreur ». « Et les effets, en plus des pertes éventuelles, ont entraîné un coût de réputation très élevé », ajoute-t-il.
« La deuxième erreur, explique le directeur, est que jusqu’à présent la secrétairerie d’État était soumise à de rares obligations de déclaration et n’était pas tenue de demander une autorisation pour des actes d’administration extraordinaire, comme d’autres dicastères sont tenus de le faire. »
Désormais, explique Mgr Galantino, la secrétairerie d’État propose « des rapports détaillés aux organes de contrôle » et demande « une autorisation pour les actes d’administration extraordinaire ».
« En bref, résume-t-il, il y a maintenant plus d’yeux qui regardent les opérations et les procédures de contrôle. Un important travail d’équipe a été engagé, consacré à l’efficacité et à la transparence de la gestion. »
Mgr Galantino affirme que « ce qui est fait maintenant va dans la bonne direction et montre que les procédures que nous mettons en place pour améliorer le système fonctionnent ».
Il fait référence aux procédures des actes administratifs extraordinaires, à la centralisation des investissements et « à la définition de procédures claires, qui permettent la traçabilité, la transparence et les contrôles ».