« Prions pour que les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle soient toujours au service de l’être humain »: c’est l’intention de prière du pape François pour le mois de novembre 2020.
Une intention présentée par le p. Daniel Régent sj, directeur national français du Réseau Mondial de Prière du Pape.
AB
« L’intelligence artificielle… pas sans l’homme »
L’intelligence artificielle a déjà largement pénétré nos vies, et ce n’est qu’un début. La reconnaissance vocale, faciale, les portables, l’aide au diagnostic médical sont des exemples. Ces avancées technologiques démultiplient l’efficacité humaine et facilitent la vie quotidienne. Un prix est à payer. Les sites numériques, réclament une autorisation et les informations prélevées permettent à la publicité de nous cibler. Nous voilà contraints.
On annonce la voiture autonome, les lunettes connectées. Il sera possible de conserver le dossier médical de chacun et de l’exploiter pour un traitement adapté. Quelle sera notre liberté ? Les robots ménagers et de compagnie font leur entrée dans les maisons. Ceux-ci sont capables de détecter la joie ou la tristesse sur le visage et de réagir. Le robot, d’une patience à toute épreuve, pourrait apparaître plus humain ! Le vertige nous prend. Ils singent une humanité parfaite, mais limitée et sans âme.
Ces nouveaux outils sont-ils de même nature qu’un marteau, un mixeur ou un stylo ? Le stylo est plus personnel, et nous le choisissons ; de même pour nos vêtements qui expriment quelque chose de nous. Les nouveaux outils agissent plus à l’intime. Ils modifient notre manière de penser, d’être en relation avec les autres, de décider. Des lois pourraient privilégier la décision de la machine au prétexte de la performance de son analyse. Les frontières de la liberté et de la morale sont en jeu.
Fascinés par la puissance de nos réalisations, l’ivresse menace. Nous serions comme des dieux ! Qui est ce nous ? Une puissance collective et anonyme pour qui l’individu est un objet à conquérir. Celui-ci n’a d’autre riposte que de débrancher ces machines merveilleuses et intrusives. L’histoire de la tour de Babel donne à réfléchir « Allons ! bâtissons-nous une ville, avec une tour dont le sommet soit dans les cieux. Faisons-nous un nom, pour ne pas être disséminés sur toute la surface de la terre. » (Gn 11, 4). Il y a ‟nous” mais pas ‟je”.
Dieu a créé l’homme, homme et femme, à son image. Comme lui, nous avons donc la puissance de créer. Mais si nous oublions que nous sommes créés, si nous négligeons ce lien fondamental, nous sommes morts. Ce ne sont pas nos œuvres qui nous font vivre. La beauté et la puissance de nos créations est une tentation fascinante. Nous le savons d’expérience, une invention peut être utilisée pour le meilleur ou pour le pire. Ceci justifie pleinement l’intention que le pape donne ce mois-ci : « Prions pour que les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle soient toujours au service de l’être humain. »
P. Daniel Régent sj, directeur national