Angélus du 25 octobre 2020 © Vatican Media

Angélus du 25 octobre 2020 © Vatican Media

Angélus : pas d’obéissance « forcée » dans la vie chrétienne

Print Friendly, PDF & Email

Mais l’amour (Traduction intégrale)

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

« La vie morale et religieuse ne peut pas se réduire à une obéissance anxieuse et forcée mais doit avoir l’amour comme principe », a averti le pape François lors de l’angélus de ce dimanche 25 octobre 2020.

Depuis la fenêtre de son bureau du palais apostolique donnant place Saint-Pierre, le pape a aussi prévenu : « Tant qu’il restera un frère ou une sœur à qui nous fermons notre cœur, nous serons loin des disciples que Jésus veut que nous soyons. »

« Si souvent nous omettons d’écouter l’autre parce qu’il est ennuyeux ou parce qu’il me prend du temps, ou nous négligeons de le soutenir, de l’accompagner dans ses souffrances, dans ses épreuves… Mais nous trouvons toujours le temps de commérer », a-t-il dit à la foule clairsemée venue en dépit des nouvelles restrictions de lutte contre la propagation de la covid-19.

Le pape a invité à ne pas oublier « l’adoration » envers Dieu, dans sa méditation introduisant la prière mariale, dont voici notre traduction.

Méditation du pape François

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le passage évangélique du jour (cf. Mt 22,34-40), un docteur de la Loi demande à Jésus quel est « le grand commandement » (v. 36), c’est-à-dire le commandement principal de toute la Loi divine. Jésus répond : «“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.”» (v. 37). Et il ajoute immédiatement : « Et le second lui est semblable : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” » (v. 39).

La réponse de Jésus reprend et unit deux préceptes fondamentaux, que Dieu a donnés à son peuple par l’intermédiaire de Moïse (cf. Dt 6,5; Lv 19,18). Et ainsi il évite le piège qui lui a été tendu « pour le mettre à l’épreuve » (v. 35). Son interlocuteur, en effet, cherche à l’entraîner dans la dispute sur la hiérarchie des prescriptions, entre les experts de la Loi. Mais Jésus établit deux pivots essentiels pour les croyants de tous les temps. Deux pivots essentiels de notre vie. Le premier est que la vie morale et religieuse ne peut pas se réduire à une obéissance anxieuse et forcée. Il y a des gens qui cherchent à suivre les commandements de façon anxieuse et forcée, et Jésus nous fait comprendre que la vie morale et religieuse ne peut pas se réduire à une obéissance anxieuse et forcée mais doit avoir l’amour comme principe. Le second est que l’amour doit tendre vers Dieu et vers le prochain, tous les deux, et inséparablement. C’est l’une des principales nouveautés de l’enseignement de Jésus et cela nous fait comprendre que l’amour qui ne s’exprime pas dans l’amour du prochain n’est pas vraiment un amour de Dieu ; et, en même temps, celui qui ne puise pas dans la relation à Dieu n’est pas vraiment un amour du prochain.

Jésus conclut sa réponse par ces paroles : « De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes » (v. 40). Cela signifie que tous les préceptes que le Seigneur a donnés à son peuple doivent être mis en relation avec l’amour de Dieu et du prochain. En effet, tous les commandements servent à réaliser et à exprimer ce double amour invisible. L’amour pour Dieu s’exprime surtout dans la prière, en particulier dans l’adoration. Nous négligeons tant l’adoration envers Dieu. Nous faisons la prière d’action de grâce, la supplication pour demander quelque chose… mais nous négligeons l’adoration. Adorer Dieu est le noyau de la prière. Et l’amour pour le prochain, qui s’appelle aussi charité fraternelle, est fait de proximité, d’écoute, de partage, de soin de l’autre. Et si souvent nous omettons d’écouter l’autre parce qu’il est ennuyeux ou parce qu’il me prend du temps, ou nous négligeons de le soutenir, de l’accompagner dans ses souffrances, dans ses épreuves… Mais nous trouvons toujours le temps de commérer, toujours ! Nous n’avons pas de temps pour consoler les affligés, mais tant de temps pour médire. Attention ! L’apôtre Jean écrit : « Celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4,20).

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, encore une fois, Jésus nous aide à aller à la source vive et jaillissante de l’amour. Cette source est Dieu lui-même, à aimer totalement dans une communion que rien ni personne ne peut briser. Communion qui est don à invoquer tous les jours, mais aussi engagement personnel pour que notre vie ne devienne pas esclave des idoles du monde. Et notre chemin de conversion et de sainteté se vérifie toujours dans l’amour du prochain. Tant qu’il restera un frère ou une sœur à qui nous fermons notre cœur, nous serons loin des disciples que Jésus veut que nous soyons. Mais sa divine miséricorde ne nous permet pas de nous décourager, au contraire elle nous appelle à recommencer chaque jour, pour vivre l’Evangile de façon cohérente.

Que l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie nous ouvre le cœur pour accueillir le “grand commandement”, le double commandement de l’amour, qui résume toute la loi de Dieu, et duquel dépend notre salut.

Traduction de Zenit, Anne Kurian

Share this Entry

Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel