Les 75 ans de la FAO © capture Zenit / FAO

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Un fonds mondial pour éradiquer la faim: le pape persiste et signe

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« La faim n’est pas une tragédie, c’est une honte »

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« La faim n’est pas une tragédie, c’est une honte »: le pape François demande à nouveau, dans un message à la FAO, la création d’un fonds mondial pour « éradiquer la faim » dont souffrent 821 millions de personnes dans le monde: chaque jour 25 000 personnes meurent de faim, dont plus de 10 000 enfants, selon l’ONU. Le pape a plusieurs fois dénoncé le scandale de la faim comme une autre « pandémie » à combattre mais dont on ne parle pas.

Le pape souhaite, comme il le disait déjà dans l’encyclique Fratelli Tutti la création d’un fonds pris sur l’argent destiné à l’armement.

Trois fois

L’encyclique dit:  « Avec les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires, créons un Fonds mondial, en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim et pour le développement des pays les plus pauvres, de sorte que leurs habitants ne recourent pas à des solutions violentes ou trompeuses ni n’aient besoin de quitter leurs pays en quête d’une vie plus digne » (n.262).

Dans un tweet, le pape François déclare pour la troisième fois : « Une décision courageuse? Destiner l’argent utilisé pour les armes à un « Fonds mondial » pour lutter contre la faim. Cela éviterait de nombreuses guerres, et l’émigration de tant de nos frères et sœurs des pays les plus pauvres. »

Il a aussi repris cet autre passage de son message à la FAO: « Pour l’humanité, la faim n’est pas seulement une tragédie, c’est une honte. Face à cette réalité, nous ne pouvons rester insensibles ou paralysés. Nous sommes tous responsables. #JournéeMondialeAlimentation »

Dans son message vidéo, en espagnol, diffusé en ligne vers 14h30 ce vendredi 16 octobre 2020, Journée mondiale pour l’alimentation, et pour les 75 ans de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le pape François salue les efforts déployés pour sauver des vies par la FAO en 75 ans d’existence: une mission « belle et importante ».

La faim, la paix et les migrations

Pourtant, c’est insuffisant. La crise actuelle montre, constate le pape, que « des politiques et des actions concrètes » sont nécessaires pour éradiquer la faim dans le monde: de fait, « malgré les efforts consentis au cours des dernières décennies, le nombre de personnes aux prises avec la faim et l’insécurité alimentaire augmente et la pandémie actuelle aggravera encore ces chiffres ».

Le pape demande maintenant une « décision courageuse », celle de « constituer, grâce à l’argent qui est utilisé pour des armes et d’autres dépenses militaires, un fonds mondial pour pouvoir vaincre définitivement la faim et aider au développement des pays les plus pauvres ».

Il souligne une autre conséquence importante – sur la paix et sur l’émigration – d’une telle décision: « De nombreuses guerres et l’émigration de tant de nos frères et de leurs familles contraints d’abandonner leurs foyers et leurs pays à la recherche d’une vie plus digne seraient évités. »

Le thème de cette Journée internationale est: «Cultiver, nourrir, préserver. Ensemble», relève le pape, pour souligner la nécessité « d’agir conjointement et avec la ferme volonté de promouvoir l’espérance de nombreuses personnes et de nombreux peuples ».

Pour le pape, la pandémie aggrave la situation: « Dans cette période de grandes difficultés provoquées par la pandémie de Covid-19, il est encore plus important de soutenir les initiatives mises en œuvre par des organisations telles que la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de développement agricole (FIDA) », de façon à promouvoir « une agriculture durable et diversifiée » qui contribue au « développement rural dans les pays les plus pauvres. »

C’est le défi d’une crise humanitaire à relever: « Nous sommes conscients que ce défi doit être relevé à une époque pleine de contradictions: d’une part, nous assistons à des progrès sans précédent dans les différents domaines de la science; d’autre part, le monde est confronté à de multiples crises humanitaires. »

Le pape épingle aussi les causes:  la « tragédie » de la faim est causée pour l’essentiel « par une distribution inégale des fruits de la terre, à laquelle s’ajoute le manque d’investissement dans le secteur agricole, les conséquences du changement climatique et l’augmentation des conflits dans différentes régions de la planète ».

En même temps, il déplore le fait que « des tonnes de nourriture sont jetées » et il rappelle la responsabilité et de chacun: « Face à cette réalité, nous ne pouvons pas rester insensibles ou rester paralysés. Nous sommes tous responsables. »

En conséquence, tranche le pape, des « actions concrètes » sont nécessaires pour éradiquer la faim et « les discussions dialectiques ou idéologiques nous mènent loin d’atteindre cet objectif, et nous laissons nos frères et sœurs continuer à mourir faute de nourriture ».

En conclusion, le Pontife donne sa bénédiction, avec l’espoir que le travail de la FAO « soit plus incisif et fructueux » et contribue à « que nous puissions tous vivre dans la dignité, le respect et l’amour ».

L’appel de Fratelli tutti à éradiquer la faim

Fratelli Tutti, le 4 octobre dernier, disait déjà cela: pour le pape en effet, « à l’égard de ces crises qui laissent mourir de faim des millions d’enfants, déjà réduits à des squelettes humains – en raison de la pauvreté et de la faim –, règne un silence international inacceptable » (n. 29).

Dans la même encyclique, le pape suggère: « Toutefois, on devrait au moins inclure la création d’organisations mondiales plus efficaces, dotées d’autorité pour assurer le bien commun mondial, l’éradication de la faim et de la misère ainsi qu’une réelle défense des droits humains fondamentaux » (n. 172).

Au n. 189, le pape insiste: « Nous sommes encore loin d’une mondialisation des droits humains les plus fondamentaux. C’est pourquoi la politique mondiale ne peut se passer de classer l’éradication efficace de la faim parmi ses objectifs primordiaux et impérieux. En effet, « lorsque la spéculation financière conditionne le prix des aliments, en les traitant comme une marchandise quelconque, des millions de personnes souffrent et meurent de faim. De l’autre côté, on jette des tonnes de nourriture. Cela est un véritable scandale. La faim est un crime. L’alimentation est un droit inaliénable ». Souvent plongés dans des discussions sémantiques ou idéologiques, nous permettons qu’il y ait encore aujourd’hui des frères et des sœurs qui meurent de faim ou de soif, sans un toit ou sans accès aux soins de santé. »

Les autres intervenants

La Journée internationale de l’alimentation a été instituée en 1979 par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour sensibiliser les peuples du monde au problème alimentaire mondial et renforcer la solidarité dans la lutte contre la faim, malnutrition et pauvreté. Le jour coïncide avec la date de fondation de la FAO en 1945.

Cette année, la célébration du 75e anniversaire de la fondation de l’organisation internationale se déroule en ligne à cause de la pandémie. Les ambassadeurs spéciaux de la FAO, les chefs des agences des Nations Unies basés à Rome et d’autres orateurs principaux se joignent au Directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

La rencontre en ligne a aussi permis des messages et des appels à l’action du pape François, du président de la République italienne, Sergio Mattarella, et du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, pour que tout le monde, partout, surmonte la pandémie et ait accès à une nourriture saine.

L’événement, qui a débuté à 14h, heure de Rome, peut être visionné ici.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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