Mgr Ivan Jurkovic @YouTube/OPTIC

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ONU : Mgr Jurkovic rappelle « les droits des enfants non accompagnés » (traduction complète)

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« L’impact à long terme de la pandémie sur les migrants »

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« Ce serait une approche à courte vue que de mesurer l’impact de la crise de la Covid-19 uniquement en termes de santé physique ou en termes purement économiques », affirme Mgr Ivan Jurkovic. « Il existe des impacts à long terme qui impliquent également la dimension de la santé mentale ainsi que des défis sociaux considérables ».

Mgr Ivan Jurkovic, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies et d’autres organisations internationales à Genève, est intervenu au cours du Dialogue international sur les migrations de l’Organisation internationale pour les migrations, dans le « Panel 2 – Protection des migrants vulnérables pendant et après la crise de la Covid-19 », à Genève, le 15 octobre 2020.

Le représentant du Saint-Siège a mis l’accent sur l’impact de la pandémie sur les migrants, en particulier aggravé par « l’inégalité d’accès à des soins médicaux adéquats » et il s’est dit préoccupé par la situation de vulnérabilité des enfants migrants non accompagnés, qui risquent d’être « victimes de fléaux pervers ». « Tous les enfants ont des besoins et des droits individuels, même lorsqu’ils traversent les frontières », a-t-il insisté.

Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Ivan Jurkovic.

HG

Intervention de Mgr Ivan Jurkovic

Monsieur le Président,

En ces temps d’incertitude et d’angoisse, nous avons souvent entendu dire que nous sommes tous dans le même bateau. Cependant, s’il est vrai que nous traversons la même tempête, la réalité est que les moyens et les ressources à notre disposition diffèrent grandement. La Covid-19, en effet, a rendu plus visibles les inégalités et les divisions au sein des États et entre eux, ainsi que la tendance à se refermer sur soi ou à promouvoir comme solutions des idéologies nationalistes et intéressées.

Le pape François a déclaré à plusieurs reprises que « nous ne pouvons sortir de cette situation qu’ensemble, en tant qu’humanité tout entière » (1). En effet, la crise actuelle démontre que personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas. Par conséquent, il est de la plus haute importance de garantir une réponse plus humaine à la migration, de sorte que les migrants et les autres personnes en déplacement soient pleinement intégrés, non seulement dans les réponses d’urgence à la Covid-19, mais aussi dans les efforts de redressement.

Il est regrettable que, dans le contexte de la pandémie, de nombreux migrants soient devenus encore plus vulnérables qu’auparavant – une situation qui a été compliquée par l’inégalité d’accès à des soins médicaux adéquats. Ceux qui se sont retrouvés en situation irrégulière sont confrontés à des difficultés encore plus grandes. Par crainte d’être détenus ou expulsés, ils peuvent hésiter à se faire soigner et être contraints d’accepter des conditions de travail dangereuses, avec le risque amplifié d’exploitation et d’abus.

Monsieur le Président,

Ce serait une approche à courte vue que de mesurer l’impact de la crise COVID-19 uniquement en termes de santé physique ou en termes purement économiques. Il existe des impacts à long terme qui impliquent également la dimension de la santé mentale ainsi que des défis sociaux considérables, notamment le manque de possibilités d’emploi et le manque d’accès à l’éducation. Il s’agit également de vulnérabilités auxquelles sont confrontées de nombreuses personnes, y compris les migrants et les personnes employées sur le marché informel.

Le Saint-Siège est particulièrement préoccupé par la situation de vulnérabilité des enfants migrants, en particulier ceux qui ne sont pas accompagnés de leurs parents ou tuteurs, car souvent « ils sont invisibles et sans voix […] » (2). Ils risquent d’être victimes de fléaux pervers tels que le trafic, l’exploitation et les abus d’enfants. Peu importe où ils se trouvent ou d’où ils viennent, tous les enfants ont des besoins et des droits individuels, même lorsqu’ils traversent les frontières. Les politiques de lutte contre la traite des enfants doivent donner la priorité à leur intérêt supérieur à tous les stades.

Gardant cela à l’esprit, la délégation du Saint-Siège souhaite demander aux participants s’ils pourraient donner des exemples de meilleures pratiques utilisées pour faire face à la situation spécifique de vulnérabilité des enfants pendant la pandémie, y compris au niveau local.

Je vous remercie, Monsieur le Président.

NOTES

1 – Cf. Pape François, Interview avec La Stampa, 20 mars 2020.

2 – Pape François, Message pour la 103è Journée mondiale des migrants et des réfugiés.

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Hélène Ginabat

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