En hommage à Michael Lonsdale,
la souplesse de l’artiste
Au soir du 8 septembre, en la fête de la Nativité de Notre-Dame,
nous étions trois chez Michael pour ce qui fut sa dernière messe
dans son appartement à la clarté d’une lumière d’automne commençant.
Au soir de sa vie, il gardait quelque chose de jeune, de jovial, de joueur,
bien accordé à cette célébration de Notre-Dame « la Petite ».
Depuis longtemps, il avait du mal à marcher et à se déplacer,
mais il conservait une certaine souplesse des membres et de l’esprit :
combien de fois a-t-il voulu esquisser des mouvements de danse !
Les artistes sont parfois imprévisibles et nous entraînent
là où nous ne voudrions peut-être pas aller.
N’est-ce pas en raison de leur inspiration, de leur souplesse
à l’esprit, à la grâce, à l’Esprit qui souffle en eux et sur eux ?
Être au service de la beauté n’est pas de tout repos,
car elle est exigeante, décapante, pour trouver et garder
l’harmonie, la justesse, la plénitude.
Joueur, toujours prêt à entrer dans un dialogue marqué par l’humour,
Michael avait, comme les vrais artistes, les grands auteurs et les compositeurs,
quelque chose d’une enfance retrouvée,
au sens où Bernanos en parle dans Le Dialogue des Carmélites,
dans la bouche de la vieille Prieure : « Suis-je redevenue enfant ? »
Michael l’avait compris, qui écrivait :
« Oui, notre être a besoin de jouer, de garder
cette distance permanente avec le réel :
le jeu nous permet d’exister.
Je crois que Dieu est un enfant qui joue. »
En ce jour de ses obsèques, nous prions dans l’espérance vive
pour qu’il découvre sa pleine enfance
dans la filiation de l’Unique.
Monseigneur Robert Le Gall Archevêque de Toulouse