Mgr Vincenzo Paglia © L'Osservatore Romano

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Académie pour la vie : prendre soin de chaque habitant de la planète, par Mgr Paglia

«Intelligence artificielle, Nourriture pour tous»

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« Nourrir les corps implique de prendre soin non pas de l’humanité ou des populations (ce sont des noms collectifs), mais de chaque habitant de la planète, de sa dignité singulière absolue et irrépressible, qui est un don de Dieu. »

C’est ce qu’a déclaré le président de l’Académie pontificale pour la vie Mgr Vincenzo Paglia en participant, en tant que modérateur principal, à la rencontre virtuelle Artificial Intelligence, Food for All. Dialogue and Experiences (Intelligence artificielle, Nourriture pour tous. Dialogues et expériences), le 24 septembre 2020.

L’événement a été organisé par l’Académie pontificale pour la vie, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), IBM et Microsoft suite au succès de l’appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle le 28 février 2020.

« L’Appel de Rome signé il y a sept mois reste une feuille de route à la fois possible et audacieuse », a affirmé Mgr Paglia.

Il a souligné qu’une « application au secteur alimentaire » de nouvelles technologies – qui ont « l’immense potentiel » – « nécessite une attention particulière et une plus grande responsabilité ».  « Ici, les questions fondamentales de la vie de chaque être humain sont en jeu, sans exception », a-t-il dit.

Plus que tout autre aspect de « l’expérience humaine, la nutrition concerne directement et explicitement le corps des personnes », a expliqué le président : « Faire référence aux corps, c’est reconnaître la primauté du concret de l’existence historique, un caractère physique incontournable et irrépressible qui résiste heureusement à tout processus de « virtualisation » de la réalité. »

Mgr Paglia a mis en garde contre « la numérisation et la standardisation généralisées » dans ce secteur ainsi que contre « une homologation risquée, parfois inacceptable, surtout lorsqu’elle élimine et marginalise les sujets les plus faibles ». « On nourrit les corps pour ne pas rater les histoires », a déclaré le président.

Cette « attention aux détails, a-t-il poursuivi, doit être réalisée et sauvegardée non seulement au niveau des individus, mais aussi à celui des cultures locales ».

La mise en œuvre de technologies « occidentales dans les processus de production et de transformation des aliments, a expliqué Mgr Paglia, affecte profondément les cultures alimentaires des populations de la terre ». « Nous devons nourrir tout le monde, mais tout le monde ne doit pas nécessairement manger les mêmes choses, a affirmé le président. La protection de la diversité biologique (humaine, végétale, animale) doit être au centre de notre attention. »

Mgr Paglia a voulu rappeler qu’on ne devait pas « oublier que la vie est plus que les informations contenues dans un brin d’ADN » et que « même la meilleure intelligence … ou le système d’apprentissage automatique le plus puissant, ne peut pas la sauver ». « La vie humaine n’est pas réductible à un algorithme même si elle est très raffinée: elle est à la fois insaisissable et excessive, a affirmé le président. Elle ne se permet jamais d’être complètement codifiée et s’ouvre toujours à quelque chose d’au-delà. »

En même temps, le président de l’Académie pour la vie a souligné que « l’intégration des systèmes d’Intelligence Artificielle dans le monde agroalimentaire a significativement marqué et amélioré ce secteur ». Il a cité les exemples de « l’optimisation des ressources disponibles », du « partage vertueux des connaissances scientifiques et technologiques », de « la disponibilité d’outils de gestion pour l’organisation des entrepôts et la réduction des déchets », de l’accès plus facile aux marchés.

« L’intelligence artificielle doit être au service de la vie de l’homme, de chaque homme, de toute la famille humaine », a souligné le président. Il a indiqué que « pour la première fois en trente ans, l’indice de pauvreté de la planète a augmenté: 8% de la population mondiale risque d’entrer dans la pauvreté avec 100 millions dans l’extrême pauvreté ». Il s’agit de la situation, a-t-il expliqué, « où même les éléments essentiels de la vie, la nourriture et l’eau, ne sont pas assurés ».

Au cours de la rencontre du 24 septembre, « des expériences concrètes d’utilisation de l’intelligence artificielle pour répondre de manière éthique aux défis environnementaux mondiaux » ont été présentées.

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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