Alors que s’achève le Temps de la Création le 4 octobre 2020, en la fête de saint François d’Assise, Radio Vatican (Delphine Allaire) propose cet entretien avec Christophe Levalois pour revenir « sur les liens entre les animaux et la foi chrétienne »: « A l’heure où une espèce sur trois est menacée de disparition selon l’ONG WWF, quelle place accorder à la protection animalière? »
Christophe Levalois, essayiste, cofondateur d’Orthodoxie.com, et auteur de Le loup et son mystère. Histoire d’une fascination (198 pp., Édition Le Courrier du Livre) en dit plus à son micro.
Le christianisme place l’homme au centre de la Création. Quelle place accorde-t-il aux animaux?
Les animaux sont très présent tout au long de la Bible et dans la tradition chrétienne. Ils sont créés par Dieu pour certains d’entre eux le même jour que l’être humain, le sixième jour; certains même dès le cinquième. Adam nomme les animaux, il établit une relation très étroite avec eux. Dans les Écritures, certains animaux sont considérés comme hostiles, le loup, d’autres, comme l’agneau pour sa grande valeur, tant dans l’Ancien que le Nouveau Testament.
Le prophète Isaïe nous dit d’ailleurs que lorsque le Paradis sera reconstitué dans les temps à venir, le loup et l’agneau habiteront ensemble. On a là une réunion des antagonismes nés après la Chute. Le Christ dit à ses disciples dans les Évangiles: «Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups».
Les animaux sont une partie de la Création. Toute la Création nous parle de Dieu et du message qu’il adresse aux êtres humains pour leur salut. Par conséquent, très rapidement on a vu aussi dans les animaux certaines qualités et défauts. Un dialogue s’opère entre la Création et l’homme.
Quel est le rôle des chrétiens dans la protection animale?
C’est une relation que l’on voit émerger à partir du XIXème siècle. Tout un courant considérant malheureusement l’animal et l’homme comme un objet, mais de l’autre, aussi, une attention qui a toujours été présente dans l’Histoire; on le voit dans les vies de saints, par exemple. Cette conscience s’est fortement élargie aujourd’hui. Il s’agit de retrouver des choses, des relations qui existaient il y a plusieurs siècles avec les sociétés anciennes, où l’on reconnaissait l’animal comme un être avec une destinée à part entière, le droit d’exister en dehors de l’être humain, et qui nous apportait à tous un message. Les chrétiens ont vraiment un rôle à jouer en puisant dans leurs traditions. Reconnaitre l’animal comme un être vivant. Saint François d’Assise dans les Fioretti lui-même parle de son frère loup. Nous sommes alors au Moyen-Age, et nous voyons une considération très forte établie entre l’être humain et l’animal, autres membres de la Création. Il y a largement de quoi nous inspirer dans la tradition chrétienne pour répondre à tous les défis contemporains, comme l’élevage industriel ou la maltraitance.