Le pape François a encouragé les membres du Cercle Saint-Pierre, une association caritative de bénévoles du diocèse de Rome, à avoir « l’imagination de la miséricorde », face à la crise sanitaire et économique actuelle, lors d’une audience au Vatican ce 25 septembre 2020.
Il faut « un cœur qui voit et des mains qui font », a insisté le pape en méditant sur le deuxième mot de la devise du Cercle (Prière, Action, Sacrifice) : « Il faut savoir regarder les blessures humaines avec le cœur, pour “prendre à cœur” la vie de l’autre. Ainsi cela n’est pas seulement un étranger qui a besoin d’aide mais, avant tout, un frère, un mendiant d’amour. »
Le pape a particulièrement salué l’engagement du Cercle pour répondre « aux urgences de nombreuses familles », en ce temps de pandémie aux répercussions économiques « terribles ».
Le Cercle Saint-Pierre, « Circolo San Pietro », est né le 28 avril 1869, à l’initiative de jeunes laïcs romains et du journaliste Paolo Mencacci, accompagnés par le père Domenico Jacobini, pour manifester leur attachement à l’Église et au pape. Encouragé par le pape Pie IX, le Cercle a consacré son activité aux personnes fragiles et aux œuvres caritatives.
Discours du pape François
Chers membres du Cercle Saint-Pierre, bienvenus !
Je remercie le nouveau président de l’association, Marchese Niccolò Sacchetti, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées, et je lui souhaite tout bien pour cette nouvelle charge.
Votre devise est : “Prière – Action – Sacrifice”. Ces mots représentent les trois principes-charnières sur lesquels se fonde la vie de l’association. Dans notre rencontre de l’année dernière, j’ai centré ma réflexion sur le premier : la prière (cf. Discours aux membres du Cercle Saint-Pierre, 19 février 2019). Cette année, en revanche, je voudrais m’arrêter sur l’action.
La pandémie, avec l’exigence de la distanciation interpersonnelle, vous a demandé de repenser les modalités concrètes des œuvres caritatives que vous réalisez au quotidien en faveur des pauvres de Rome. Aux besoins des personnes que vous servez habituellement, s’est ajoutée la nécessité de répondre aux urgences de nombreuses familles, qui se sont trouvées du jour au lendemain en restrictions économiques. Et ne vous effrayez pas : il y en aura encore et encore, car les effets de la pandémie sont terribles.
A une situation exceptionnelle, nous ne pouvons pas donner une réponse classique, mais il faut une réaction nouvelle, différente. Pour faire ceci, il faut avoir un cœur qui sache “voir” les blessures de la société et des mains créatives dans la charité à l’œuvre. Un cœur qui voit et des mains qui font. Ces deux éléments sont importants afin qu’une action caritative soit toujours féconde.
En premier, il est urgent d’identifier les nouvelles formes de pauvreté dans la ville en rapide transformation. La pauvreté, d’ordinaire, est pudique : il faut aller découvrir où est elle… Les nouvelles formes de pauvreté, vous le savez bien, il y en a tant : pauvretés matérielles, pauvretés humaines, pauvretés sociales. Il nous revient de les apercevoir avec les yeux du cœur. Il faut savoir regarder les blessures humaines avec le cœur, pour “prendre à cœur” la vie de l’autre. Ainsi cela n’est pas seulement un étranger qui a besoin d’aide mais, avant tout, un frère, un mendiant d’amour. Et c’est seulement quand nous prenons quelqu’un à cœur, que nous pouvons répondre à cette attente. C’est l’expérience de la miséricorde : miseri-cor-dare, donner son cœur aux miséreux.
Notre monde, comme l’observait saint Jean-Paul II il y a quarante ans, « ne laisse pas de place, semble-t-il, à la miséricorde » (Enc. Dives in misericordia, 2). Chacun de nous est appelé à changer de cap. Et c’est possible si nous nous laissons toucher personnellement par la puissance de la miséricorde de Dieu. Le lieu privilégié pour faire cette expérience est le sacrement de la Réconciliation. En présentant au Seigneur nos misères, nous sommes enveloppés par la miséricorde du Père. Et c’est la miséricorde que nous sommes appelés à vivre et à donner. Elle vient toujours de Dieu, pour nous et pour les autres.
Après avoir vu les plaies de la ville où nous vivons, la miséricorde nous invite à avoir “de l’imagination” dans les mains. C’est ce que vous avez fait en ce temps de pandémie, et tellement ! En acceptant le défi de répondre à une situation concrète, vous avez su adapter votre service aux nouveaux besoins imposés par le virus. J’aime rappeler aussi un petit-grand geste que le groupe de jeunes du Cercle a accompli envers les membres plus âgés : une tournée d’appels téléphoniques pour voir si tout allait bien et pour leur donner un peu de compagnie. C’est l’imagination de la miséricorde.
Je vous encourage à continuer vos œuvres de charité avec engagement et avec joie, toujours attentifs et prêts à répondre avec audace aux besoins des pauvres. Ne vous lassez pas de demander cette grâce à l’Esprit Saint dans la prière personnelle et communautaire.
Je vous remercie parce que vous êtes l’expression concrète de la charité du pape qui prend soin des pauvretés de Rome. Des pauvres et des pauvretés. Et je vous suis reconnaissant pour le Denier de Saint-Pierre que vous récoltez chaque année dans les églises de la ville et que vous m’offrez aujourd’hui.
Je vous confie, ainsi que vos proches et toutes les personnes que vous assistez quotidiennement, à Marie, Salus Populi Romani, et à l’intercession des saints patrons de Rome, Pierre et Paul. Et je vous demande de continuer à prier pour moi. Merci.
Traduction de Zenit, Anne Kurian-Montabone