Camp de Moria (Lesbos, Grèce), 9 sept. 2020, capture @Sant'Egidio

Camp de Moria (Lesbos, Grèce), 9 sept. 2020, capture @Sant'Egidio

Lesbos : l’Europe doit agir pour ne pas avoir honte devant l’histoire

Appel de Sant’Egidio, du Jesuit Refugee Service et des scalabriniennes

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« Lesbos : rien n’est comme avant, l’Europe doit agir pour ne pas avoir honte devant l’histoire » : c’est l’appel de Sant’Egidio, du Jesuit Refugee Service et des sœurs missionnaires de Saint Charles Borromée (sœurs scalabriniennes) pour un accueil respectueux des droits humains et un relogement urgent des réfugiés dans les pays de l’Union européenne*

Le pape François l’a répété, avec force, à l’Angélus (du 13 septembre) : il faut assurer « un accueil humain et digne à ceux qui cherchent asile ». Soutenant le message du pape, la Communauté de Sant’Egidio, le Jesuit Refugee Service et les sœurs missionnaires de Saint Charles Borromée lancent un appel : après l’incendie qui a détruit le camp de Moria à Lesbos et créé d’énormes difficultés pour ceux qui vivaient déjà un enfer, rien n’est comme avant. Il faut que l’Union européenne, en collaboration avec le gouvernement grec, intervienne immédiatement sous le signe de l’accueil et de l’intégration d’un nombre de personnes qui est certainement à sa portée. Des décisions importantes doivent être prises d’urgence dans les prochaines heures pour sauver les personnes les plus vulnérables, à commencer par les malades, les femmes et les enfants.

Ce n’est qu’en privilégiant la voie du dialogue et des relations pacifiques qu’il sera possible de parvenir à une solution dans l’intérêt de tous. Mais retarder ou, pire encore, faire comme si de rien n’était en attendant que se crée une nouvelle précarité permanente au détriment de familles qui résident depuis des mois sur l’île, certaines depuis des années, sera gravement coupable pour un continent qui est symbole de respect des droits de l’homme, et une honte devant l’histoire.

Les trois organismes qui promeuvent cet appel – proches depuis longtemps, avec diverses interventions auprès des réfugiés résidant à Lesbos et dans toute la Grèce – demandent notamment :

– d’héberger, dès que possible, les personnes déplacées à la suite de l’incendie de Moria dans des structures de petite taille et de services ;
– de garantir le libre accès aux associations humanitaires pour secourir les migrants dans leurs besoins les plus immédiats, notamment à l’égard des malades, des femmes et des enfants, des personnes âgées ;
– de décider en même temps, au niveau de l’Union ou des différents pays européens qui le proposent, de la nécessaire relocalisation non seulement des mineurs non accompagnés mais aussi des familles et des personnes vulnérables présentes sur l’île ;
– de changer le modèle d’accueil sur l’île de Lesbos pour les nouveaux arrivants de Turquie en prévoyant des structures d’accueil sur une base transitoire, gérable et respectueuse de la dignité humaine, en sauvegardant le droit de chaque réfugié, de quelque provenance que ce soit, à demander l’asile.

Les trois organismes promoteurs de cet appel rappellent en outre que, depuis février 2016, est née l’expérience des couloirs humanitaires, initiée à Lesbos même par le pape François lorsque, le 16 avril 2016, il emmena avec lui dans son avion les trois premières familles pour un total de 67 réfugiés, avec l’intervention de l’Aumônerie apostolique et de la Communauté de Sant’Egidio. Il s’agit d’une voie qu’il faut continuer à parcourir pour sauver d’autres réfugiés en faisant réseau avec de nombreuses associations, des paroisses, des citoyens ordinaires qui ont proposé d’accueillir avec une grande générosité.

« Les expériences déjà entamées dans certains pays – ont rappelé les cardinaux Krajewski, Hollerich et Czerny dans leur lettre aux épiscopats européens du 28 janvier dernier – démontrent que les possibilités d’accueil sont supérieures à ce que l’on espérait ». C’est pourquoi nous souhaitons aussi que les conférences épiscopales européennes exhortent leurs gouvernements respectifs à élaborer de nouveaux projets d’accueil et d’intégration, deux pratiques qui font du bien non seulement aux migrants, mais aussi énormément, en termes de valeurs et d’avenir, à tous les citoyens européens.

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Rédaction

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